Conte parmi les plus marquants pour les petites filles mais pas seulement, Cendrillon continue de faire rêver. A la Bâtie d'Urfé du 24 au 27 juillet, Thierry Malandain et son Malandain Ballet Biarritz viendra proposer une version ultra-moderne mais fidèle de ce conte qui traverse les âges sans prendre une ride. Monique Bonnefond
Comme le montrent les analyses éclairantes de Bruno Bettelheim dans Psychanalyse des contes de fées, Cendrillon parle des souffrances de la rivalité fraternelle, de désirs qui deviennent réalité, de l'humble qui est élevé, du vrai mérite qui est reconnu même s'il est caché sous des haillons, de l'enfant maltraité et repoussé par ses aînés... C'est pourquoi sous une simplicité apparente, Cendrillon éveille un profond intérêt qui explique son succès auprès de millions de personnes à travers les siècles et les multiples représentations qui en sont données. Thierry Malandain, avec le Malandain Ballet Biarritz et Prokofiev pour compagnon de route, nous conduit dans un lieu magique, le château de la Bâtie d'Urfé, pour y rencontrer « sa » Cendrillon qui, rejoignant l'Astrée, nous emmène sur le chemin de l'accomplissement. Pour suivre ce parcours d'une étoile qui danse, pas d'artifices. Un seul décor très sobre, chargé de symbolisme avec une envolée d'escarpins noirs, métamorphose de la pantoufle de vair. Avec Malandain, priorité est donnée au corps dansant. Vingt danseurs chez qui on perçoit une belle formation classique, parmi lesquels le prince, danseur aérien, maîtrise parfaitement ses sauts, nous offrent une version ultra-moderne de Cendrillon qui reste cependant fidèle au conte.
La dualité des êtres
Malandain transpose dans le monde d'aujourd'hui les émotions de l'héroïne, avilie, écrasée comme le montrent les nombreux mouvements au sol de la danseuse. Mais la puissance vitale dont elle est dotée lui permet de traverser vigoureusement tout l'espace scénique pour rejoindre son prince dans un magnifique duo final symbole du triomphe sur les épisodes malheureux, effrayants même comme ces mannequins noirs sans tête, doublures des invités au bal royal. Mais ces scènes sombres alternent avec d'autres, cocasses, burlesques avec des roulades, des bâtons de majorettes, où l'on voit aussi la marâtre affublée de béquilles. Finalement cette Cendrillon, fidèle au conte, nous montre aussi la dualité qui sommeille en chaque être, la quête d'un idéal, la vérité révélée sous la forme d'un prince charmant qui sait voir sous les haillons et malgré les cendres la beauté d'une Cendrillon qui devient la plus belle fille du monde.
Estival de la Bâtie
Saint-Etienne-le-Molard - Loire
Du 2 au 31 juillet 2014