Refroidis

De Hans Peter Molland (Norvège, 1h56) avec Stellan Skarsgard, Bruno Ganz…

Un paisible conducteur de chasse-neige apprend l’assassinat de son fils et découvre qu’il jouait les passeurs à l’aéroport pour des trafiquants de drogue. Il décide de se venger en remontant la filière… Cet argument classique de vigilante movie, Hans Peter Molland le détourne de brillante manière en le tirant vers une comédie caustique et très noire.

Il y a d’abord ce gimmick, plutôt amusant, de la recension des cadavres et de leur appartenance religieuse avec des cartons sur fond noir ; il y a surtout la nature même des truands du film, complètement cinglés, à commencer par le big boss maniaco-dépressif adepte de la vie saine et hygiéniste qui demande à ses hommes de mains de surveiller si son gamin mange bien ses cinq fruits et légumes par jour. Les origines ethniques des diverses bandes — Norvègiens, Suédois, Serbes… — sont longuement commentées dans des dialogues ponctués de réflexions politiques, notamment celle, hilarante, sur la nécessité d’un état providence dans les pays froids !

La nonchalance du récit et sa manière digressive de surprendre l’action pour brosser sa galerie de portraits rappellent bien entendu le Tarantino première manière. Évidemment, Molland n’a pas la puissance de feu cinématographique du grand Quentin, mais Refroidis est un polar vraiment recommandable, notamment grâce au plaisir des comédiens à jouer ce jeu de la série B rigolarde — Bruno Ganz en parrain serbe tout en théâtralité assumée montre en tout cas qu’il fait peu de cas de son image de grand acteur allemand !

Christophe Chabert

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