Mercredi 27 mars 2019 De James Marsh (G.-B.1h46) avec Michael Caine, Tom Courtenay, Jim Broadbent…
Une merveilleuse histoire du temps
Par Christophe Chabert
Publié Lundi 19 janvier 2015
Photo : © Universal pictures international
La vie de Stephen Hawking transformée en mélodrame très anglais par James Marsh, dans un film qui vise de façon ostentatoire les récompenses, de la performance de son acteur Eddie Redmayne à l’académisme de sa mise en scène. Christophe Chabert
«C’est sans doute la phrase la plus anglaise que j’ai jamais entendue» dit Jane Hawkins (la très belle et très douée Felicity Jones) à sa mère (la revenante Emily Watson) qui lui propose d’aller chanter dans la chorale de sa paroisse. Une merveilleuse histoire du temps est, de même, le film le plus anglais qui soit, du moins selon une image internationale faite de patrimoine littéraire et de patrimoine tout court. Pourtant, cette bio filmée du cosmologiste Stephen Hawking, atteint de la maladie de Lou Gehrig (popularisée récemment par les pitreries humanitaires des stars lors du Ice Bucket challenge), paraissait bien éloignée de ce programme.
Or, le film ne s’attarde guère sur les racines de son génie, sa passion des trous noirs, du big bang et de l’origine du temps, et son infirmité est surtout un formidable véhicule pour que le comédien qui l’incarne, Eddie Redmayne, offre une performance remarquable au sens où, des spectateurs aux votants de l’académie des oscars, tout le monde se plaira à la remarquer. Non, ce qui intéresse Anthony McCarten, le scénariste, et James Marsh, réalisateur du très fort Shadow dancer, c’est la relation entre Hawking et sa femme Jane, dans un mélodrame qui puise aux racines romanesques anglaises.
Raison et sentiments
Ils se rencontrent à Cambridge en 1963, s’embrassent sur un pont en dessous duquel passent des gondoles, vont passer le week-end chez les parents so british de Stephen (dont un père joué par l’insaisissable Simon McBurney)… On est ici à la limite de la carte postale et la mise en scène, parfaitement académique, ne fait rien pour dissiper cette sensation. Lorsque le bonheur conjugal des époux Hawking se fissure et que Jane rencontre un chef de chœur qui va devenir son amant, avec le consentement d’un Stephen de plus en plus amoindri, le film s’engage dans son vrai projet.
Marsh s’inscrit dans une logique très Jane Austen, mais reste extrêmement prudent, sinon prude, dans la représentation de ce ménage à trois. On a même droit à un parallèle malheureux entre l’infidélité de l’épouse et l’attaque qui coûtera à Hawking l’usage de la parole — et au caméo très WTF de Franck Lebeuf en médecin suisse ! Tout ce qui pourrait éventuellement troubler le storytelling très propre du film est systématiquement minimisé au nom d’une pudeur parfois hypocrite, comme s’il ne fallait pas entacher la légende Hawking, il est vrai toujours vivant aujourd’hui.
Une merveilleuse histoire du temps
De James Marsh (Ang, 2h02) avec Eddie Redmayne, Felicity Jones…
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