Mondkopf : «La musique me protège»

Mondkopf + Pangaea + Ron Morelli + French Fries + Low Jack + IUEKE + Antwn B2B Izwalito + Ed Ward + Pied Gauche + Positive Education Band

Le FIL

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Fluokid gobeur de sons de synthèse devenu bête noire mangeuse de drones, Paul Régimbeau s'est définitivement imposé avec "Hadès", son quatrième album sous le nom de Mondkopf, comme l'un des producteurs les plus atypiques et les plus probes du paysage électronique contemporain. Rencontre avec un fervent iconoclaste, avant qu'il ne déchaîne les enfers au FIL. Propos recueillis par Benjamin Mialot

En quatre album, tu es passé d'une musique relativement mélodique et dansante a quelque chose de beaucoup plus ténébreux et presque arythmique. Dans l'intervalle, tu as découvert le metal extrême...
Mondkopf :
Oui. C'était à un moment de ma carrière où je ne savais pas dans quelle direction aller. J'ai découvert un langage qui me permettait de m'exprimer comme je le souhaitais vraiment. J'y ai trouvé de la personnalité, du lâcher prise, de l'émotion, là où la musique électronique devenait générique, fonctionnelle, banale. C'est une forme d'expression plus directe, plus cathartique, parfois effrayante (rires). Moi-même pendant mes lives je n'hésite plus à crier dans un micro, pour essayer de me vider. Je ne peux pas envisager la musique sans qu'elle me soit bénéfique.

à lire aussi : Mondkopf - Hadès

Ta manière de travailler doit être très instinctive...
Ça commence de manière instinctive. Je pars d'une recherche, d'un tâtonnement dans le noir. Et derrière je bosse beaucoup la production, les textures, la composition... C'est important pour moi de créer de la dynamique, que les morceaux se déroulent comme des scénarios. Pour moi, la musique a toujours été une question de son, de structure et de contraste. Mon père écoutait Tangerine Dream, Philip Glass, Gérard Manset... De mon côté, après avoir écouté beaucoup de hip-hop, je suis rentré dans la musique électronique par l'electronica. Avec Aphex Twin, qui proposait lui aussi un mélange de violence et de sensibilité. Ou Autechre, dont la froideur clinique cache des mélodies magnifiques.

Cette idée de scénario, c'est un héritage de tes premières aspirations de cinéaste ?
Peut-être. Je peux écouter des choses très monolithiques, comme du grindcore, où il n'y a pas de variation d'émotion. Mais là où je m'amuse le plus, c'est quand je crée des sortes de récits musicaux, sans pour autant avoir la prétention de produire des albums conceptuels. D'autant que je ne suis pas très à l'aise avec les mots. J'ai tendance à m'excuser à la fin des interviews, je ne trouve jamais mes réponses assez approfondies. Je suis quelqu'un qui doute beaucoup.

Cette manière égoïste d'envisager la musique aurait pu se doubler d'une volonté d'anonymat. Tu l'as envisagé ?
Je crois que la préservation de l'anonymat demande beaucoup plus d'efforts qu'on ne le croit. Je ne voulais pas que la musique devienne un effort. Et même si je comprends la démarche, je trouve qu'elle plus narcissique qu'autre chose. Peut-être que je n'ai tout simplement pas le courage de me cacher. Je trouve ça difficile de se reclure.

Tu travailles dans la solitude. Comment vis-tu la scène du coup ? Comme un mal nécessaire ?
J'ai toujours fait de la musique en solitaire oui, même si je commence depuis peu à m'ouvrir aux autres. Le live n'est par contre pas du tout un mal. La musique me protège. Je fais attention à ce que le son de mes retours soit assez fort pour à la fois créer une sorte de barrière entre moi et le public et me permettre de partager quelque chose avec lui. C'est un peu contradictoire. Je ne pourrai jamais faire un concert à la guitare par exemple, je me sentirai trop vulnérable. Alors que la musique électronique m'offre une protection assez forte pour justement pouvoir me lâcher.

C'est ce sentiment de vulnérabilité qui t'a poussé à fonder le label In Paradisum ?
In Paradisum s'est monté parce que j'avais besoin de publier ma musique et que je ne voulais pas faire de compromis. Je voulais avoir le plus de contrôle possible. Ce n'est pas une déclaration de marginalité, mais ça me permet de faire ce que je veux. Avec Guillaume [Heuguet, co-manager du label et co-rédacteur en chef de la revue Audimat, NdlR], nous sortons la musique qu'on aime. Il n'y a pas de ligne éditoriale précise, juste celle qui se dessine d'elle-même. Elle est un peu enfouie, mais elle est là.

Un peu comme la dimension élévatrice de ta musique...
Il arrive toujours un moment où je ne peux pas m'empêcher de plaquer des accords qui vont m'émouvoir. J'écoute d'ailleurs des choses très larmoyantes. On peut penser que ma musique est trop sensible, mais si je ne ressentais rien en écrivant mes morceaux, je ne verrais pas l'intérêt de le faire.

Chez tes contemporains bruitistes, cette élévation est le plus souvent cosmique. Chez toi, elle est plutôt religieuse. C'est une question d'éducation ?
Non, j'ai grandi dans un milieu plutôt athée. Je ne suis pas baptisé, personne n'allait à la messe chez moi. Mais dans mon enfance, j'ai beaucoup lu de contes et de légendes, qu'ils soient égyptiens, japonais, grecs... Ce qui m'attire dans les religions, plus que la croyance, ce sont les histoires qu'elles peuvent raconter, l'aventure qu'elles renferment.

Pour autant, il paraît que tu aimerais te produire dans des églises...
(rires) Oui. Déjà parce que l'acoustique est très belle. L'architecture, aussi. C'est le côté esthétique qui m'intéresse, et le fait que ce sont des lieux de recueillement, où on ne se sent pas obligé de danser... Le concert en auditorium participe d'ailleurs d'une même démarche. Il y a ce même côté contemplatif. On s'assoit, on ferme les yeux et on écoute. A condition que le programmateur soit d'accord avec l'idée d'entendre de la noise dans un lieu saint, bien sûr.

Et qu'il supporte la vue d'un tee-shirt Eyehategod...
Oui, voilà (rires). En tout cas, en tant que musicien, jouer dans de tels endroits est libérateur.

Mondkopf, samedi 28 mars, Le FIL

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