Le Dos rouge

Bertrand Bonello déambule dans les musées en quête de «monstruosité» entouré par une pléiade de guests. Un film arty et crypté d’Antoine Barraud, souvent irritant, parfois fascinant.

Dans Le Dos rouge, Bertrand Bonello est Bertrand, cinéaste en quête d’inspiration pour un nouveau projet autour de l’idée de «monstruosité». Mais dans cette autofiction, les choses ne sont pas si simples : lorsque Bonello va présenter un de ses films à la Cinémathèque, c’est en fait un de ses scénarios non tournés — un remake de Vertigo du point de vue de Madeleine — qui est projeté ; et si certains acteurs jouent leur propre rôle (Pascal Greggory, Isild Le Besco), d’autres incarnent des personnages (notamment celui de Célia, tenu alternativement par une Jeanne Balibar en pleine autoparodie et par Géraldine Pailhas). Autant dire qu’aborder le film d’Antoine Barraud sans un certain nombre de clés rend sa vision pour le moins difficile, surtout qu’on ne sait jamais vraiment si le cinéaste prend au sérieux certains dialogues ridiculement pédants ou des séquences à la limite du grotesque — la chanson au téléphone, digne d’un Christophe Honoré, ou les conversations avec un Nicolas Maury pathétique d’absence à l’écran.

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Pourtant, comme dans son précédent Les Gouffres, Barraud a un sens réel de l’étrangeté, une envie de tordre ses images pour en faire une matière à sensations dérangeantes, pas très loin d’ailleurs d’un Bonello dans ses meilleurs jours. Ça ne suffit pas toujours à sortir ce film arty et bourré de longueurs de son côté happy few ; mais lorsqu’il aura quelques moyens supplémentaires et la conscience que des spectateurs regardent ses films, il n’est pas impossible qu’Antoine Barraud devienne un cinéaste français à suivre de près.

Christophe Chabert

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