Hip-hop : du Bronx à Saint-Étienne

Qui aurait pensé que le hip-hop, danse de rue contestataire, se développerait dans le monde entier et atteindrait un niveau exemplaire qui lui ouvrirait les portes de salles prestigieuses ? Quelle est l’essence de ce phénomène qui nous vient tout droit des États-Unis et qui a conquis un public toujours plus large ? Saint-Étienne en accueillant plusieurs festivals (dont Trax et Des Arts//Des Cinés) avec des compagnies reconnues (telles Dyptik et Stylistik) fait la preuve joyeuse qu’elle est représentative de cette exception culturelle française qu’est devenu le hip-hop. Monique Bonnefond

Il faut avoir un jour, femme blanche, traversé en voiture, toutes portières verrouillées, le South Bronx, avec ses ghettos noirs et latinos, pour comprendre comment ce district de New-York où la désolation vous prend à la gorge, a pu donner naissance au début des années 70, au hip-hop, mouvement artistique qui deviendra une culture urbaine incontournable. Le mot hip-hop est un terme générique. En effet, si actuellement, ce terme fait penser immédiatement à la danse ou au rap, ce mouvement recouvre de nombreux modes d’expression : deejaying, breakdance, graffiti, beatboxing... Regroupées sous l'étiquette «hip-hop», ces disciplines vont donner naissance à un état d’esprit avec ses codes : des valeurs, des attitudes et un style vestimentaire propre (pantalon large, casquette).

En France où le hip-hop apparait dans les années 80 (dès 1983 avec les premiers breakers appelés B Boys et B Girls, le B signifiant «break»), on connait le break ainsi nommé parce que le danseur va au sol. Parallèlement denombreuses techniques se développent : le smurf, le popping inventé par Boogaloo Sam en 1978, où les danseurs font «popper» leurs muscles par des contractions à répétition, le «krump» ou danse très saccadée; le voguing rendu célèbre par Madonna, le turf mélange de travail de pointes et de hip-hop où le mouvement du bas du corps est très important, etc. On le voit, le hip-hop est bien plus complexe que ne le laisse penser l’image stéréotypée initiale.

D'art de rue au firmament de la danse

La culture et la danse hip-hop ont envahi le monde : battles, émissions de télévision ( à l'instar de l’émission H.I.P. H.O.P. de Sydney), vidéos virales sur Internet... Tout ceci est arrivé naturellement jusqu'à Saint-Étienne. La jeunesse stéphanoise a été attirée par un moyen d’expression offrant un dépassement de soi et ne coutant rien. Plusieurs formations apparaissent très vite dont le groupe Tribal Force de Souhail Marchiche, actuel directeur artistique de la Compagnie Dyptik, qui a commencé avec quelques cartons dans le quartier de Montreynaud. Mais ces premières ébauches vont vite prendre de l’ampleur et la ville va catalyser les nouveaux projets. A l'image de la compagnie Käfig, créée en 1996 par Mourad Merzouki à Lyon, qui viendra en 99 à Saint-Étienne pour monter avec l’Opéra-Théâtre le projet Génération Hip-Hop avec le groupe stéphanois Melting Potes. Aujourd’hui, Mourad Merzouki est une sommité de la danse...

Des structures telles que la MJC des Tilleuls ont également largement favorisé le développement de la danse hip-hop sur le territoire ligérien. Mais n'ayant pas pour rôle initial d’accompagner les professionnels, les groupes s'en sont quelque peu éloignés en créant des associations comme Melting Force (fusion des deux groupes stéphanois : Tribal Force et Melting Potes). C’est ainsi que ce qui n’était qu’un embryon de danse de rue s’est hissé au plus haut niveau, porté par des compagnies telles que Dyptik ou Métamorphoz… Cette dernière étant dirigée par un certain Mohamed Rouabah, immense artiste, sollicité entre autres par le Cirque du Soleil ou l’Ambassade de France en Chine pour le festival Croisement aux côtés de chorégraphes telle Blanca Li et ouvrant le hip-hop à d'autres univers comme sur la musique classique avec une création sur la musique de Mozart. Oui, tous ces exemples montrent que Saint-Étienne est définitivement une ville de danse et de hip-hop !

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