La Loi du silence

Sea Fog - Les Clandestins
De Sung Bo Shim (Corée-sud, 1h45) avec Yun-seok Kim, Park Yu-chun...

Bien sûr, les films de Cannes vont polariser — à juste titre — l’attention pendant le mois de mai ; mais ce n’est pas une raison pour oublier deux recommandables sorties venues d’Inde et de Corée du Sud… Christophe Chabert

Synchrones avec leur présentation cannoise, La Tête haute d’Emmanuelle Bercot et La Loi du silence de Stéphane Brizé seront dans les salles respectivement le mercredi 13 mai et le mardi 19 mai ; leurs distributeurs nous ont en revanche fait promettre de ne rien en dire d’ici là. Dont acte, mais il serait dommage de ne pas vous recommander de courir voir ces deux films très forts, qui redonnent au cinéma social français ses lettres de noblesse. Voilà, on n’a rien dit — et on vous en dira plus sur notre site et via le blog que nous tiendrons tout au long du festival.

à lire aussi : Sea Fog

Ceci évacué, il y a d’autres films à l’affiche en ce mois de mai et notamment un rescapé de l’édition 2014 du festival, présenté dans la section Un certain regard : Titli, une chronique indienne de Kanu Behl (20 mai). Pour ceux qui pensent que le cinéma indien, c’est Bollywood, Masala et compagnie, ce polar social sous influence Jacques Audiard — une filiation revendiquée par le réalisateur — devrait faire tomber vos clichés, sinon vos réticences. Cadet d’une famille de trois frères, Titli ("Papillon") a pour projet d’acheter le parking d’un centre commercial à Delhi. Mais il se fait dépouiller par la police corrompue du coin après un dernier carjacking avec ses frangins. Dès lors, ce héros ambivalent va tout faire pour réunir la somme demandée (300 000 roupies), y compris faire un mariage arrangé avec une jeune fille superbe, Neelu, pour faire main basse sur sa dot. Tendu et filmé au plus près de son environnement pris entre pauvreté et criminalité, Titli décrit une Inde tiraillée entre de nouvelles aspirations morales et économiques et la persistance de traditions archaïques et injustes. Une belle découverte.

Nuit et brouillard (de mer)

Crise socio-économique et cruauté des rapports de force sont aussi au programme de Sea Fog, Les Clandestins (6 mai), premier film de Shim Sung-bo, co-écrit et produit par l’immense Bong Joon-ho (The Host, Snowpiercer). S’inspirant d’un fait réel, le film trouve une résonance troublante avec l’actualité : en 1989, alors que la Corée du Sud est sous surveillance du FMI, un patron de chalutier dans la dèche accepte de transporter clandestinement une centaine d’immigrants chinois. La traversée vire à la tragédie, puis au récit de survie durant une deuxième heure au crescendo impressionnant ; dans la première, Shim Sung-bo récite un peu scolairement le programme du cinéma sud-coréen : mélange des genres, allusions politiques et galerie de personnages saisis dans leur quotidien le plus prosaïque. Le passage de l’un à l’autre se fait via un pivot dramatique saisissant, qui ouvre la voie à un déchaînement de violence ahurissant. Espérons donc que les spotlights cannois n’aveugleront pas ce film inégal mais passionnant.

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