Digne héritière et fille unique de l'éternelle et irremplaçable Nina Simone, la chanteuse Lisa Simone viendra défendre ce mois-ci, du côté d'Andrézieux, son premier album personnel, entre jazz et soul. Niko Rodamel
Reprendre l'affaire de papa ou embrasser le métier de maman peut, pour certains, faciliter le départ d'un destin tout tracé. Mais il n'en est pas tout à fait de même pour le fils d'un notaire et pour la fille d'une diva du jazz. Dans le monde de la musique, comme dans celui du cinéma d'ailleurs, se tailler un prénom dans l'ombre écrasante d'un géniteur connu de la Terre entière peut être davantage un frein qu'un tremplin : certains s'y sont cassés les dents et sont retournés à l'aquarelle ou à la cocaïne ! Lisa Simone n'est plus une gamine car c'est à plus de cinquante printemps qu'elle ose enfin se présenter seule sous les projecteurs. Lisa a fait ses armes de show-woman en participant notamment à onze spectacles sur Broadway. « Maman ne voulait pas que je devienne chanteuse, il m'a donc fallu beaucoup de temps pour oser chanter mes propres chansons. » Nous avions fait la connaissance de Lisa Simone à Vienne en 2009, aux côtés de Dianne Reeves, Angélique Kidjo et Lizz Wright. La chanteuse interprète désormais sur scène son premier album solo, All is well, savant cocktail d'hommages à sa mère et de titres originaux qui ne laissent aucun doute sur son propre talent comme sur sa propre sensibilité artistique.
Vieille canaille
Lisa Simone possède même un caractère bien trempé et affiche un réel plaisir à faire le spectacle. Elle parcourt la scène sur toute sa largeur sans avoir peur de sortir de la lumière, danse sans retenue et n'hésite pas à descendre dans la salle. Elle prend le temps de présenter chaque morceau avec humour et malice, s'exprimant entre les chansons dans un français délicieusement approximatif. Et si les traits du visage ne trahissent pas la filiation maternelle, la chanteuse possède un timbre vocal tout à fait personnel, la voix est claire et puissante, les graves franchement étonnants. La rythmique est solidement assurée par Reggie Washington (basse-contrebasse) et Sonny Troupé (batterie). Mais c'est sans doute Hervé Samb (guitare électro-acoustique) qui donne à lui seul la couleur du spectacle. D'une subtilité absolue, son accompagnement est un vrai plaisir pour les oreilles et un écrin taillé sur mesure pour la voix de Lisa. Le Sénégalais signe notamment les arrangements d'une étonnante version de Suzanne, enregistrée en 1967 par Leonard Cohen, que Nina Simone avait elle-même déjà reprise deux ans plus tard.
Lisa Simone, jeudi 19 novembre à 20h, Théâtre du Parc à Andrézieux-Bouthéon