Samian : « Le rapport avec le public français est très spécial »


La Forge

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Rappeur d'origine algonquine et québécoise, Samian porte un message avec son œuvre de rassemblement. Rencontre avec un mec ouvert d'esprit, donnant envie de mieux appréhender la culture autochtone et l'histoire des Premières Nations d'Amérique du Nord. Propos recueillis par Nicolas Bros.

Pouvez-vous nous résumer en quelques mots votre parcours musical ?
Samian : J'ai commencé l'écriture il y a une vingtaine d'années et je suis réellement entré dans la musique il y a 11 ans avec un projet qui s'appelle Wapikoni Mobile. Ce projet correspond à une roulotte qui est allée dans les communautés autochtones au Québec pour donner accès à un studio d'enregistrements, un moyen de faire des vidéos, de créer directement. J'ai fait mes premiers enregistrements là-bas en 2004 et suite à tout ceci, j'ai tourné dans plusieurs festivals au Québec et en France puis j'ai signé un premier contrat pour un disque sorti en 2007. Depuis, nous avons sorti trois albums et fait le tour du monde. Ce fut très rapide !

Vous êtes un rappeur d'origine autochtone. Êtes-vous nombreux au Québec ?
Il y en a de plus en plus. Cela fait trois automnes que j'anime une émission qui s'appelle Le Rythme basée sur la présence de jeunes francophones issus des communautés autochtones. Je viens de passer huit semaines avec les jeunes dans une maison à Montréal pour les assister dans leurs cours de chant, de théâtre, de composition, ... C'est assez intensif pour eux. À travers cette émission, nous découvrons de nouveaux artistes issus des communautés autochtones pleins de talent. Alors nous sommes peut-être peu nombreux sur la scène médiatique mais je suis persuadé qu'il y a une vague d'artistes autochtones qui vont vraiment s'afficher dans les prochaines années.

Est-ce qu'il a été difficile de vous faire accepter dans le monde du rap en tant qu'artiste issu de la communauté autochtone ?
Peut-être que sur la scène rap il y a eu un peu de jalousie. Mais dans la scène musicale en général, le fait d'arriver avec une nouvelle couleur, une nouvelle langue et une histoire, celle des Premières Nations, peu connues au Québec a facilité mon arrivée. Toutes ces caractéristiques me démarquaient des autres. J'ai fait ma place dans le domaine musical au Québec. Ce ne fut pas facile mais ça s'est déroulé assez simplement.

Les thématiques que vous abordez dans votre musique sont en lien avec vos origines : le respect de la Terre, la situation des Premières Nations, … Est-ce que vous voyez les choses s'empirer ou s'améliorer avec le temps ?
La situation a tendance à s'améliorer. Ce n'est plus comme il y a vingt ans en arrière. C'est un mouvement, à travers les concerts, les manifestations, les différents événements, ... les gens deviennent conscients. Il y a même eu un rapport à Ottawa qui est sorti sur la « vérité-réconciliation » sur l'histoire des Autochtones où l'on a enfin écrit le mot « génocide ». Il y a des documents qui remontent à la surface depuis des années et qui avaient enterrés par les gouvernements successifs qui avaient honte. Aujourd'hui, socialement les gens veulent en savoir plus sur l'histoire des Premières Nations. C'est une belle avancée.

Dans les premières années, le public français était plus intéressé par le fait d'entendre parler de ma culture que les Québécois...

Vous êtes métis autochtone/québécois ?
Oui, ma mère est amérindienne et mon père québécois. J'ai grandi la moitié de ma vie dans une réserve et l'autre moitié dans une grande ville. J'ai ces deux mondes-là à l'intérieur de moi et à travers la musique, inconsciemment ou pas, j'essaie de faire ce rapprochement.

En général, lors des concerts en France, est-ce que le public français vous semble réceptif et intéressé par la culture autochtone ?
Dans les premières années, le public français était plus intéressé par le fait d'entendre parler de ma culture que les Québécois... Le rapport que j'entretiens avec le public français est très spécial. Il y a énormément de Français qui, venant au Québec, veulent rencontrer des Indiens et les communautés autochtones. Ils sont très intéressés. Pour moi, montrer la modernité des communautés autochtones et pouvoir faire des concerts en France reste un grand privilège.

Sur scène, vous vous présentez comment ?
Au Québec, nous sommes six sur scène mais pour des raisons budgétaires, nous serons trois pour le concert avec la musique assurée par un Dj. Mais ça donne un côté « old school » qui est sympa. En plus, nous faisons la première partie d'un groupe hip-hop, ce qui correspond bien. Mais, très honnêtement, nous voulons donner au public français autant que ce que nous donnons au Québec. On n'adapte rien spécialement pour la France. Nous restons authentiques.

Vous avez sorti un recueil de poésie cette année : La Plume d'Aigle. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce projet ?
On m'invite souvent dans les rendez-vous littéraire ou dans les écoles au Québec. Seulement, je ne pouvais pas me présenter là-bas avec des albums. Du coup, une maison d'édition m'a proposé de compiler une sélection de textes issus de mes trois albums. J'ai pu ranger ces textes en trois sections différentes : une plus engagée, une poétique et une personnelle. Cela correspond aux trois sphères de mon écriture.

Samian [+ BigFlo & Oli], samedi 14 novembre à 20h30 à La Forge au Chambon-Feugerolles

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