De Tom McCarthy (É.-U., 2h08) avec Michael Keaton, Mark Ruffalo, Rachel McAdams...
On devrait toujours se méfier des rumeurs, surtout lorsqu'elles concernent un film portant sur une enquête journalistique. Celles qui précédaient celui-ci étaient flatteuses ; force est de constater qu'il s'agissait d'une magnifique opération d'enfumage, tant la réalisation (“mise en images” serait plus approprié) et l'interprétation semblent rivaliser de classicisme plat.
Spotlight s'abrite derrière ce qu'il révèle (la mise au jour par une équipe d'investigation du Boston Globe de l'implication de l'Église de la ville dans plusieurs dizaines d'affaires de prêtres pédophiles) pour justifier son absence hurlante de projet cinématographique original. C'est tenir le 7e art en bien piètre estime que de le considérer comme une vulgaire lentille grossissante, ne méritant pas d'attention particulière ! Et réfléchir à très court terme.
Car les œuvres narrant des combats asymétriques au service d'innocents ou dénonçant des abominations humaines sont légions. Seules celles osant se démarquer artistiquement, esthétiquement impriment réellement leur époque, voire l'Histoire, offrant à la cause qu'elles défendent un écho supplémentaire. 12 hommes en colère (1957) de Sidney Lumet, Z (1969) de Costa-Gavras, La Liste de Schindler (1993) de Spielberg ou Les Hommes du président (1976) de Pakula, si l'on veut un cadre journalistique similaire, demeurent des références par leur rythme, leurs partis pris, leur audace formelle.
À moins de considérer la mollesse comme une constituante de la société bostonienne, où tout s'arrange entre huiles au bar du club des anciens ou sur un terrain de golf, on ne voit pas pourquoi Spotlight érige son manque de tonus comme une figure de style. VR