de Jodie Foster (E-U, 1h35) avec George Clooney, Julia Roberts, Jack O'Connell...
Auteure jusqu'alors de trois longs-métrages tournant autour d'une sphère domestique plutôt hétérodoxe — on frise la litote si l'on se remémore Week-end en famille (1996) ou Le Complexe du Castor (2011) —, la réalisatrice Jodie Foster marque avec Money Monster une vraie rupture en s'essayant à un registre qu'elle a souvent eu l'occasion de pratiquer en tant que comédienne : le thriller. Sans être bouleversant d'originalité, son film répond aux exigences du genre en combinant efficacité rythmique et interprétation zéro défaut. Cela dit, la roué Jodie a joué sur du velours en composant un couple ayant, depuis Soderbergh, une complicité avérée : Julia Roberts et George Clooney, au-delà de leur image glamour respective, semblent faits pour se donner la réplique sur un mode taquin. Leur cohésion ressemble à cette oreillette dont l'un ici est équipé, et à travers laquelle l'autre lui parle ; un lien invisible contribuant à consolider l'empathie éprouvée par le public pour leurs personnages.
Permet-il par ricochet de mieux apprécier sa critique conjointe des relations incestueuses entre la finance et les médias, deux empires de l'immatériel triomphant dans une immonde convergence télévisuelle ? Une nouvelle “société du spectacle”, qui s'autoalimente avec du vent (tout est dématérialisé), plus féroce encore qu'à l'époque du Network (1976) de Lumet et du Mad City (1997) de Costa-Gavras, et où seuls les menteurs s'en sortent — avec les honneurs.
Ce que révèle l'écran est sinistre, mais guère étonnant quant aux mœurs des marchés. D'ailleurs, si au cinéma on dit “action“, aussitôt à la bourse, on les revend.