Cinéma : Un p'tit Juin, histoire de faire la Fête ?

La saison tire à sa fin, et déjà se profilent les toiles de l’été. Pas encore celles de camping, plutôt celles de Camping 3 ou Ninja Turtles 2 — entre autres suites de suites. Heureusement, il y aura aussi des films sur les écrans, pour éviter la défaite du cinéma… Vincent Raymond

Il est fréquent de retrouver au cinéma, déclinés à toutes les sauces, les sujets de société hantant l’actualité. On constate alors, avec amusement ou dépit, que des idées contiguës peuvent inspirer des traitements divergents et déboucher sur des réussites opposées. Prenons l’exemple de la réintégration subite (et subie) du nid parental par des adultes à qui la vie a botté le derrière. Éric Lavaine en a tiré Retour chez ma mère (1er juin), une comédie plutôt bien troussée, où Josiane Balasko tyrannise affectueusement Alexandra Lamy, laquelle se débat avec des frère-sœur (Mathilde Seigner, retrouvant un jeu subtil) assez abjects dans leur registre. La (presque trop) grande efficacité du dialogue donne parfois au film des allures théâtrales, mais au moins, il y a du rythme. Et l’on rit volontiers. Ce qui n’est pas forcément le cas devant Vicky de Denis Imbert (8 juin), où Victoria Bedos se raconte. Pauvre petite fille riche d’un grrrrrand comédien misanthrope, écrasée par un frère à l’égoïsme souverain, elle va se réinventer en devenant chanteuse en douce. À en croire l’interprète, coscénariste de La Famille Bélier, toute ressemblance avec sa vraie vie ne serait que coïncidence et le film ne règlerait aucun compte. Soit. En ce cas, Œdipe vécut heureux et eut plein de petits complexes.

Follie, sorcellerie, vengeances…

L’inépuisable sujet des familles traverse bien d’autres films. Dans Folles de joie de Paolo Virzi (8 juin), ce sont surtout deux malades psychiques incarnées par Valeria Bruni Tedeschi (épatante de naturelle en aristo bipolaire) et Micaella Ramazzotti qui s’échappent d’un centre de repos pour entamer un road movie mouvementé à la recherche du fils de la seconde. Une vision sensible, évitant les poncifs de la “folie” telle qu’on la représente trop communément. Celle qui apparaît dans The Witch Robert Eggers (15 juin) est assez inquiétante : on suit les malheurs de pèlerins américains au XVIIe siècle exclus de leur colonie pour fanatisme religieux, qui vont se persuader que leur fille est possédée par le Malin. Sans star, austère et troublant, ce thriller pour Amish est porté par des gamins inconnus au jeu puissant, qui font croire en l’existence d’enfants comédiens non formatés. On a moins de surprises devant Diamant noir de Arthur Harari (8 juin), polar dans le milieu des diamantaires anversois, à l’éclat un peu terne. Bien sûr, on peut y admirer l’ascension d’un jeune prodige de la taille désireux de venger la mémoire de son père, mais rien de comparable avec la fulgurante progression de l’héroïne de Tout de suite maintenant de Pascal Bonitzer (22 juin). En apparence dépourvue d’affect, cette jeune louve de la finance va régler de vieux comptes avec les anciens amis de son père. Détail amusant, c’est Agathe Bonitzer, la fille du cinéaste qui incarne l’audacieuse, et Bacri qui joue au père dépressif (d’accord, ce n’est pas nouveau). Si avec tout cela, vous ne trouvez pas de quoi faire la Fête du Cinéma en famille entre les 26 et 29 juin…

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