Vendredi 7 avril 2023 Suite à une expérience visant à réguler la température de la planète, la Terre subit des chaleurs extrêmes qui détruisent la quasi-totalité du monde comme nous le (...)
Oum : « Je me contente de refléter ce que je suis »
Par Houda El Boudrari
Publié Mardi 31 mai 2016 - 4929 lectures
Photo : © Lamia Lahbabi
Oum
Musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint-Étienne Métropole
ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
Avec son dernier album Zarabi - "Tapis" en arabe - enregistré en partie dans le désert, la chanteuse marocaine Oum tresse des fils soyeux et chatoyants entre rythmes jazzy, langueurs orientales et percussions africaines. Rencontre avec une artiste dont les poésies envoûtantes chantent le désir féminin et exaltent un hédonisme empreint de sagesse.
Vous incarnez l’image d’une femme arabo-musulmane libre, à la fois fière de sa culture et ouverte sur le monde. Avez-vous conscience du symbole que vous représentez dans le contexte actuel d’exacerbation des replis identitaires ?
Oum : Oui, c’est une image que j’assume parfaitement, sans pour autant l’avoir préméditée. Je me contente de refléter ce que je suis, dans la diversité de mes composantes identitaires : mes racines sahraouis, mon ancrage africain, ma culture arabo-musulmane, ma francophilie et mes influences occidentales. Je suis consciente qu’en tissant une synthèse apaisée de ces identités, j’offre un autre visage de la femme marocaine et arabe, loin des représentations stéréotypées du voile et de la soumission. Je me donne pour mission de porter cette réalité-là aussi auprès des Marocains, afin de les réconcilier avec leurs identités plurielles, et peut-être modestement contribuer à forger d’autres modèles d’identification féminine.
Votre musique puise dans la soul, le jazz, les percussions africaines, la musique orientale et même le rythme afro-cubain, et pourtant le résultat de cet assemblage hétéroclite est d’une harmonieuse cohérence. Comment décririez-vous votre style?
J’ai longtemps buté sur cette question, ne sachant trop comment relier ma musique à une catégorie bien définie et m’excusant presque de cette "particularité". Aujourd’hui, j’ai trouvé une définition économe sans être réductrice : musique marocaine contemporaine.
Mon style a aussi évolué au fil de rencontres avec des musiciens virtuoses qui m’ont accompagnée lors de mon album précédent (Soul of Morocco) et ont fortement inspiré la gestation de Zarabi. Grâce au oud de Yacir Rami, j’ai redécouvert le répertoire arabo-andalous, la contrebasse de Damian Nueva m’a initiée à la musique cubaine, la trompette de Yelfris Valdes a désinhibé mon approche du jazz et les percussions de Rhani Krija ont sublimé mes compositions inspirées des rythmes gnawas de mon enfance à Marrakech.
« En tissant une synthèse apaisée de mes identités multiples, j’offre un autre visage de la femme marocaine et arabe »
Vous avez choisi de chanter en dialecte marocain, tout en optant pour un registre soutenu et un phrasé ciselé dans la poésie ancestrale des tribus bédouines, loin des refrains faciles de la musique pop maghrébine. Où avez-vous puisé vos influences ?
Écrire en arabe a été d’abord un défi avant de devenir une évidence. Cette langue si belle et lyrique mais truffée de tabous et de détours pour dire l’amour, le désir, l’érotisme… J’ai naturellement puisé dans la tradition "d’art oral" du peuple sahraoui et le célèbre théâtre de rue de la place Jemaa el-Fna, tout en distillant dans cette langue du quotidien des expressions joliment désuètes et des envolées poétiques.
J’ai surtout voulu composer un album qui me ressemble, où l’on retrouve aussi bien les sonorités des séries marocaines kitch des années 90 que les influences des groupes mythiques de la chanson protestataire des années 70, Nass El Ghiwan et Jil-Jilala, sans oublier l’inspiration de la grande chanteuse mauritanienne Dimi Mint Abba, surnommée "la diva du désert", et les grandes voix féminines du jazz comme la sud-africaine Miriam Makeba. D’ailleurs, mon prochain projet sera de revisiter le répertoire du jazz féminin des années 20 aux années 60 sur trois territoires différents : l’Afrique, l’Amérique du Nord et l’Amérique Latine pour le réinterpréter avec ma touche arabo-afro méditerranéenne.
Vos costumes de scène chamarrés fusionnent des folklores d’Afrique et des fantasmes d’Orient, emprunts d’une sensualité et d’une féérie hors du temps. Est-ce une version afro-saharienne de la Shéhérazade des mille et une nuits ?
J’attache beaucoup d’importance à la scénographie de mes concerts. C’est presque une forme de sacralisation de ce moment unique où je veux offrir au public un voyage sensoriel complet. Cette recherche esthétique rejoint aussi mon goût personnel pour les tissus et les costumes traditionnels marocains dans leur sophistication et leur raffinement. Mais je me suis surtout entichée de la "melhfa", ce tissu d’un seul tenant qui habille avec grâce et simplicité les femmes du Sahara. J’aime la liberté de mouvement qu’il permet et la silhouette qu’il dessine, à la fois sensuelle et asexuée. Une manière aussi de revendiquer ma part de masculinité…
Oum, mercredi 6 juillet 20h30 au Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Étienne, dans le cadre du festival des 7 Collines
pour aller plus loin
vous serez sans doute intéressé par...
Mardi 29 mars 2022 Jeune formation ligérienne pleine de promesses, La Belle Affaire est pour autant un groupe inclassable. Non pas par sa composition (deux (...)
Mardi 1 février 2022 Difficile à prononcer ? Certainement. Une pépite à voir au Solar en février ? Sans hésiter ! Porté par le batteur australien Ziggy Zeitgeist, le (...)
Mardi 30 novembre 2021 Un film en quatre temps et en crescendo pour montrer la banalité de la peine capitale en Iran, où la mort donnée sur ordres détruit par contrecoup bien des vies. Un conte d’une tragique beauté visuelle, douloureusement bien interprété, comme...
Mardi 30 novembre 2021 Un peu de jazz, une pincée de house, un bon synthé et du groove. On shake le tout bien fort, et il ne reste plus qu’à (...)
Vendredi 29 octobre 2021 Oswéla, c’est un peu comme les cinq doigts d’une main, toujours en mouvement et pourtant unis. Jérémy Polin au saxo et à la batterie, Clémentine Nirennold à la (...)
Mercredi 20 octobre 2021 ★★★★☆ De Tomm Moore & Ross Stewart (Irl.-É.-U.-Lux., 1h43) avec les voix de Lévanah Solomon, Lana Ropion, Serge Biavan…
Mardi 5 octobre 2021 Barouf : nom masculin, familier, issu de l'italien baruffa, désigne le bruit, le vacarme, le tapage. Synonymes : boucan, raffut, tintamarre. "Cette année, le Rhino Jazz(s) va faire un barouf du tonnerre à Saint-Étienne." Vous...
Mardi 7 septembre 2021 Frank Sinatra et Bing Crosby, Ella Fitzgerald, Billie Holiday, Nat King Cole, Duke Ellington et jusqu’à Jamie Cullum, de tout temps le jazz a célébré Noël. (...)
Mardi 7 septembre 2021 Trompettiste et improvisateur de génie, également chanteur et producteur, Theo Croker est aujourd’hui l’une des plus belles promesses du jazz (...)
Mardi 7 septembre 2021 Contre vents et marrées, le festival Jazz au Sommet remet le couvert pour la quinzième année. Un rendez-vous qui se caractérise par la variété des lieux de (...)
Mardi 7 septembre 2021 Le Solar ouvre sa saison avec les concerts évènements de deux prestigieux musiciens qui ont accepté de parrainer le jazz club stéphanois. Après la première (...)
Lundi 16 août 2021 De petits arrangements avec la sécurité dans une influente usine vont empoisonner l’environnement, les salariés et les relations familiale d’une infirmière trop jeune et trop honnête. Après la belle histoire Good Luck Algeria, Farid Bentoumi...
Mercredi 9 juin 2021 Quel bonheur de voir l’un de nos plus grands festivals célébrer « le retour à la vie » ! Et qu’importent les contraintes post-pandémiques. (...)
Lundi 10 mai 2021 Bien décidé à se tenir à peu près normalement, à partir de fin juin Jazz à Vienne avait annoncé la majeure partie de sa programmation début avril. La voici désormais (...)
Mardi 6 avril 2021 Et si le monde d'après commençait le 25 juin en l'antique théâtre de Vienne avec pour bande-son un peu (beaucoup) de jazz ? Alors que sonne la débandade au royaume des festivals estivaux, Jazz à Vienne veut y croire en dévoilant une programmation à...
Mercredi 10 mars 2021 Le président de la Cité du design, vice-président de Saint-Etienne Métropole en charge du design et adjoint à la culture de la Ville de Saint-Etienne, Marc Chassaubéné, revient pour nous sur la décision de reporter la Biennale internationale design...
Mardi 8 décembre 2020 Armés de notre plus solide perche d'espoir (et bientôt peut-être d'un vaccin) sautons par dessus la crise sanitaire comme Armand Duplantis efface 6m à (...)
Mardi 6 octobre 2020 Début novembre, Jacques Weber propose de redécouvrir Victor Hugo, à Saint-Just Saint-Rambert. Rencontre avec l’un des plus grands hommes de théâtre de son temps… Et peut-être même plus.
Mardi 6 octobre 2020 Avis aux amateurs de musique et de bonne table ! Le Lycée hôtelier saint-chamonais Les Petites Bruyères s’associe au collectionneur (...)
Mardi 6 octobre 2020 Au fil des albums, tous aussi subtils les uns que les autres, Piers Faccini n’en finit pas de nous caresser les tympans. Tel un artisan aux mains (...)
Jeudi 1 octobre 2020 Il existe des moments d’exception et de plénitude que seuls la culture et l’art peuvent apporter. Le premier album du duo Terrenoire est de ceux-là. Raphaël et Théo Herrerias sont une fierté pour notre territoire stéphanois. De véritables artisans...
Mardi 6 octobre 2020 Dans les pas de l’album Identité (2017), le saxophoniste Gaël Horellou poursuit son travail de rapprochement entre jazz actuel et maloya, (...)