Épisode #1 : Brain Damage à la conquête de la Jamaïque

Durant huit épisodes, Brain Damage nous convie à le suivre lors de sa virée en Jamaïque : Walk the walk, réalisée par Wasaru, conte pas à pas l'enregistrement de l'album éponyme, au mythique Harry J Studio, en compagnie de Sam Clayton Jr. Premier épisode ici.

Plusieurs voix mythiques sont venues à la rencontre de Brain Damage sur cet album sorti le 16 octobre 2015 sur Jarring Effects : de Horace Andy à Ras Michael, en passant par Kiddus I, Willi Williams (qui l'accompagne aujourd'hui sur scène) et Winston McAnuff. Tous se sont prêtés au jeu : écrire un texte concernant l'éducation, la jeunesse, leur enfance. On s'est demandés, du coup, comment cette volonté de transmission était venue au maître d'œuvre, Martin, l'âme de Brain Damage.

à lire aussi : Épisode #2 : Brain Damage à la rencontre de la voix du nyabinghi

Choisir de demander aux artistes d’écrire sur leur enfance, sur la jeunesse, c’est aussi faire œuvre de transmission, devenir passeur : qu’est-ce qui t’a amené vers ce thème, cette envie ? Le besoin de transmission vers les jeunes générations s’est-il imposé après 15 ans de carrière ?
Martin Nathan : J'ai l'impression que la transmission s'est effectuée d'elle même sans que je n'y prête attention ! Il y a aujourd'hui toute une génération de jeunes artistes en France me confiant régulièrement directement découler de mon héritage. Ils constituent aujourd'hui une vraie scène, pleine de vitalité, c'est troublant.
La volonté d'en savoir plus sur les jeunes années, forcément fondatrices, des artistes légendaires dont il est question ici, est sûrement liée au fait que j'ai moi-même un enfant en bas-âge. Plus que jamais pour moi, le thème de l'éducation est d'actualité. Artistiquement, il y a évidemment un charme indéniable qui se dégage des anecdotes distillées par ces cinq "helders", comme autant de cartes postales d'une Jamaïque des années 50, 60...
Kiddus I nous parle de ses souvenirs dominicaux, lorsqu'il préparait, avec sa grand-mère, le fameux pudding aux patates douces, en se léchant les doigts... Les récits sont parfois poignants comme celui de Ras Michael se remémorant miser quelque cents au loto illégal du quartier, dans l'espoir de se nourrir d'un paquet de crackers comme unique repas, qu'il lui faudrait pourtant partager, avec les enfants moins chanceux que lui ce jour là...

Toi, est-ce qu’ils t’ont fait grandir, encore un peu plus, lorsque tu les as rencontrées ces légendes du reggae que tu avais beaucoup écoutées avant, dont tu connaissais les textes et les voix ? Qu’est-ce qu’il ont apporté de plus à ta personnalité que tu n’avais pas au moment de prendre l’avion pour Kingston ?
En fait, ce voyage et ces rencontres ont peut-être réhabilité le genre à mes yeux. Le reggae, et tout le "folklore jamaïcain", ont tellement voyagé, y compris jusqu'à nous, qu'ils ont pu parfois devenir caricaturaux.
La crédibilité de ces artistes, qui en ont fait l'âge d'or, elle est intacte. Ainsi par exemple, quand un Winston McAnuff en transe, éructe dans le micro : "no wicked can cold I up, Jah hold I up", soit "aucun mal ne peut me détruire, Jah me protège", la magie opère instantanément sur ma personne, pourtant si peu portée vers la religion... Mais ne peut-on pas admirer une église, sans pour autant s'agenouiller ?

Est-ce qu’il y a chez toi une part de nostalgie pour cet âge d’or du reggae des années 70 qui s’incarne dans les voix que tu as conviées ?
Oui, incontestablement. Ce sont à la fois les années de fondation du reggae et du dub, mais aussi leur âge d'or. J'ai coutume de dire que tout genre doit être en perpétuelle évolution, évitant ainsi de se figer et de finir dans un musée. Mais je suis obligé de reconnaître que malgré les nombreuses merveilleuses mutations qu'ont subies ces styles là, je pense que rien n'égale ce qui a été fait à l'époque.
Loin de moi l'idée de refaire la même chose, j'en suis bien incapable. Mais j'avoue ces temps-ci être plus influencé que jamais par cette période magique.

Série vidéo Walk the Walk de Brain Damage

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