Quel est le comble pour un festival de jazz ? De faire du classique. Ce pourrait être une blague récurrente du côté du Théâtre antique de la cité allobroge, mais c'est aussi la formule qui fait de Jazz à Vienne un incontournable de l'été. Où, en sus, il reste toujours quelque chose à découvrir.
Toi aussi joue chaque année avec Jazz à Vienne au bingo des noms — c'est un peu comme compter les ponts ou les Peugeot rouge sur l'autoroute avec papa et maman lors des départs en vacances. Qui est venu ? Qui revient ? Quand l'a-t-on vu pour la dernière fois ? Qui opère son baptême du feu ? Et toi, dis, quand reviendras-tu ?
Reste qu'un festival qui parvient à ce point à fidéliser ses invités ne peut être qu'un événement où l'on a envie de revenir, y compris en tant que spectateur. Il y a ce travail de défrichage de l'ombre avec les scènes dites annexes, depuis tant d'années, qui laisse aux jeunes pousses le temps de fleurir et de revenir en tête d'affiche (on pourrait appeler cela la jurisprudence Cecile McLorin Salvant / Chromb / Gregory Porter).
Il faudra donc compter cette année, outre les précités, sur les présences de Diana Krall, l'immense guitariste John McLaughlin, l'incontournable Erik Truffaz, la désormais pop star internationale Ibrahim Maalouf, invité dans les plus grands raouts planétaires (cf. Cannes), Goran Bregovic et son Orchestre des mariages et des enterrements (ce qui est bien pratique), Brad Meldhau en virée à trois avec John Scofield et Mark Giuliana.
Sans oublier, évidemment, Chick Corea, sans qui une édition de Jazz à Vienne ne serait plus une édition de Jazz à Vienne, à plus forte raison quand l'intéressé fête ses 75 ans ; le bluesman Buddy Guy et le toujours Chic, Nile Rodgers. À noter aussi quelques soirées 100 % féminines avec Beth Hart et Imelda May d'un côté, Yael Naim, Esparanza Spalding (en mode presents...) et les jumelles d'Ibeyi de l'autre.
Surtout, un bel hommage sera rendu à Chet Baker, légendaire trompettiste, à la suite de l'album Autour de Chet qui lui a été consacré, sur lequel on retrouve un certain nombre des artistes précités. Sur scène seront présents des musiciens aussi différents qu'attachés à cette figure comme Piers Faccini, Yael Naim, Stéphane Belmondo, Sandra Nkaké ou Camélia Jordana. Une façon comme une autre, belle, de faire revivre ceux qui ne sont plus en mesure de venir à Vienne.
Jazz à Vienne, au théâtre antique de Vienne, du 29 juin au 15 juillet