Jazz/Blues / Le Rhino Jazz(s) festival est sans conteste un monument incontournable dans le paysage culturel régional. Une de ses spécificités les plus intéressantes demeure son goût pour la découverte mais aussi les métissages. Dans la foisonnante programmation de cette trente-huitième édition, nous avons repéré quatre formations qui, par leur singularité, gagnent absolument à être connues de tous.
Du blues, du blues, du blues
La nuit du blues donnera l'occasion de découvrir un duo assez étonnant, en ouverture de soirée, avant de retrouver les Mountain Men (cette fois-ci en quartet) et le chanteur-guitariste américain Zac Harmon Harmon. The Two est un duo plutôt atypique qui développe une musique métissée et envoûtante, un blues sincère et poignant, une sorte d'appel au voyage vers des destinations qui sentent bon la terre et le soleil quelque part entre les racines du Delta blues et, plus méconnu, le blues créole. Yannick Nannette, guitare acoustique et dreadlocks, martèle le tempo et donne de la voix ou du kazoo. Thierry Jaccard fait résonner le son métallique et plaintif de sa guitare dobro. Le premier est mauricien et l'autre suisse, mais la belle complicité musicale des deux musiciens gomme toutes les frontières du genre, rendant au blues sa simplicité authentique et son caractère intemporel. De l'Ile Maurice à la Suisse, il n'y a qu'un pont.
The Two / la nuit du blues, le 8 octobre à 20h, salle Aristide Briand à Saint-Chamond
En terre inconnue
Bey.Ler.Bey c'est tout d'abord la rencontre entre trois solistes de haut vol. Florian Demonsant (accordéon), Laurent Clouet (clarinette turque) et Wassim Halal (darbuka, daf, bendir) ont en commun la volonté de créer une musique improvisée qui détourne les codes habituels des musiques des Balkans. Les trois musiciens sortent des sentiers battus et poussent leurs instruments au-delà de leurs limites. Le nouvel album du trio, Mauvaise langue, est moins contemplatif que le précédent (Mauvais œil) et repose au contraire sur des improvisations-compositions franchement débridées. Cette mauvaise langue n'est pas une langue comme les autres, elle est fougueuse et déliée parce que libre de jacasser loin des clichés identitaires. Véritable laboratoire d'expérimentation des musiques populaires notamment turques et bulgares, le trio Bey.Ler.Bey joue sans complexe une musique labyrinthique et audacieuse, accouchant ainsi d'un univers frénétique, hybride et inspiré.
Bey.Ler.Bey, samedi 15 octobre à 19h, Ferme Sorlin à La Grand Croix
La cinquième saison d'Ala.Ni
Nous évoquions cette artiste dans notre panorama jazz le mois dernier : Ala.Ni sera sans conteste une des très belles découvertes du Rhino 2016. La chanteuse avait commencé par égrainer ses ballades à travers quatre EP, un par saison, avant de sortir You & I, un album-compilation à écouter de toute urgence. Après un premier concert à Montmartre au Ciné 13, la Londonienne aux origines caribéennes s'est finalement installée à Paris puisque c'est dans la capitale qu'elle pense avoir trouvé le cadre idéal pour lancer sa carrière solo, faisant fructifier un succès aussi inattendu que soudain qu'elle sait devoir au public français. Dotée d'une voix hypnotique et bluesy aux accents retro, la belle Ala.ni peut s'appuyer sur une solide expérience de choriste (et de danseuse) acquise aux côtés de stars internationales. Elle affirme travailler encore et encore sa technique vocale, estimant que c'est là le prix du plaisir et de la liberté.
Ala.Ni, dimanche 16 octobre à 18h, église de Villars
L'homme-orchestre
Pilier central du trio Nerazdeleni aux côtés de l'accordéoniste Jean François Baez et du clarinettiste Jean Pierre Sarzier, Stracho Temelkovski débarque en solo pour un concert à ne rater sous aucun prétexte ! D'origine macédonienne, le multi-instrumentiste passe avec un naturel déconcertant de la viola à la mandole, de la basse électro-acoustique à diverses percussions, ajoutant sa voix au château de cartes. L'artiste s'invente ainsi un univers musical qui emprunte autant au jazz qu'aux folklores orientaux ou indiens, aux couleurs latines, au rock et aux musiques urbaines. Habile improvisateur et adepte des rythmes asymétriques, il impressionne lorsqu'il joue du udu en main gauche et se lance dans un tapping époustouflant sur la mandole en main droite ! Stracho Temelkovski est un musicien riche et subtile duquel il serait bien bête de passer à côté.
Stracho Temelkovski solo, vendredi 21 octobre à 20h30, Le Prieuré de Saint-Just-Saint-Rambert
Rhino Jazz(s) festival, du 2 au 23 octobre