Chanson / Telle une funambule, Leïla Huissoud slalome entre ses textes tantôt doux tantôt piquants, mais toujours justes. Sortie indemne de The Voice en 2014, elle a su utiliser cette exposition médiatique comme un tremplin et non comme un gouffre artistique. La preuve avec un premier album L'Ombre, enregistré en live, qui démontre tout le talent de la jeune artiste.
Pourquoi avoir décidé de sortir un premier album « live » plutôt qu'un album « studio » ?
C'est vrai que cela ne se fait plus trop en tant que premier album. La raison est que je suis habituée à la scène. Le studio, cela s'apprend et j'estimais être meilleure en live qu'en studio. Pour certains artistes, c'est l'inverse. J'avais envie de faire un album mais je n'étais pas prête pour le studio. Entre temps, j'ai rencontré des personnes qui m'ont fait comprendre que c'était autre chose que de chanter dans une boîte... Mais, pour ma part, c'était inconcevable de faire autrement pour ce premier disque.
Il y a un mélange dans cet album d'anciens titres et de nouvelles compositions ?
Il y a un ensemble de chansons que j'ai écrites entre mes 16 ans et mes 20 ans.
Vous vous êtes entourée de Kevin, chanteur et musicien de Ladybug and The Wolf également connu pour son projet solo Tom Bird. Pourquoi ce choix ?
Nous nous sommes rencontrés par des copains en commun. Nous étions à une soirée et il s'est mis à m'accompagner à la guitare alors que l'on ne se connaissait pas et que personne n'osait jouer avec moi à cause de ma manière de changer de rythmes et parce que je n'avais pas vraiment le même style. Kevin, qui ne me connaissait pas, y est allé et miracle, cela a marché ! C'est le premier qui avait l'air de comprendre mon univers musical et avec qui j'ai réussi à jouer.
Qu'avez-vous conservé de votre expérience The Voice ? Qu'est-ce que cette émission vous a apporté ?
Pour être honnête, je ne faisais pas réellement de musique avant. Je faisais des « gratouillages » dans la rue à Strasbourg. Tout part un peu de The Voice, même si ce ne m'a rien apporté au niveau musical mais j'ai découvert comment se déroulait tout cela. C'était un peu comme un stage d'observation en 3ème, une expérience très intéressante d'être immergé dans un milieu que l'on connaît pas du tout.
Vous avez un lien un peu particulier avec Saint-Étienne : collaborations avec Kevin du groupe stéphanois Ladybug and The Wolf et le collectif de vidéastes AUUNA, des concerts réguliers dans la région, une distribution du disque assurée par Inouïe Distribution... Pourquoi ce lien si fort avec Saint-Étienne alors que vous êtes née en Isère et avez vécu à Strasbourg ?
Il y a un peu un esprit de contradiction chez moi vis-à-vis de cela. J'ai entendu tellement de Lyonnais cracher sur Saint-Étienne que cela m'a donné envie de venir voir et de me faire mon opinion. Je ne connaissais rien de Saint-Étienne en arrivant la première fois. Lorsque je suis arrivée j'ai tout de suite senti un côté populaire, une simplicité qui me parle. Si je travaille aujourd'hui avec des personnes et des structures stéphanoises c'est parce que cela s'est fait naturellement. À chaque fois que je suis venue à Saint-Étienne, j'ai découvert une nouvelle personne avec qui je travaille... Il y a de la politesse mais pas trop.
Comment se déroulent les phases de composition pour vous ?
Pour moi, la musique est clairement au service des textes. Elle est là pour souligner les paroles. C'est un peu paradoxal, mais elle est faite pour que les gens ne l'entendent pas forcément. À la base c'est juste un support.
Du coup, l'écriture prend une part très importante dans votre travail ?
J'écris énormément. Je m'en rends compte lorsque je ressors des chansons que j'avais écrites et que je fais le tri. J'oublie beaucoup de choses que j'écris mais il y a une raison, ce n'est pas perdu. J'écris très vite. Parfois il y a simplement deux phrases, puis je reviens dessus... Sur l'album certaines chansons ont été débutées à l'âge de 16 ans puis terminées à 20 ans... (rires).
Après la sortie de l'album, vous partez en tournée ?
Oui, nous avons plusieurs dates de prévues. Nous allons tourner un peu et nous avons des dates prévues dans la Loire. Cependant nous ne sommes pas des acharnés de la route. (rires)
Est-ce que vous allez enchaîner par un album en studio ?
Oui, c'est l'idée. Il va falloir être bon ! Nous espérons sortir un album studio dès l'année prochaine.
Leïla Huissoud, samedi 11 mars à 20h30, à l'Opsis à Roche-la-Molière et lundi 5 juin avec Clara Luciani dans le cadre du festival Paroles et Musiques