"Chacun sa vie" : un Lelouch treize embrouillé

Chacun sa vie
D'Ali Ghanem (Fr-Alg, 1h30) avec Ahmed Taybi, Yves Prion...

Entièrement récoltée à Beaune, la 46e cuvée de Claude Lelouch a un goût de déjà-bu. Pas étonnant, venant d'un réalisateur ayant autant de bouteille...

Attendre de Lelouch qu'il fasse autre chose que du Lelouch reviendrait à espérer d'un chat et d'une souris un concert d'aboiements. Si le cinéaste s'est jadis montré capable de détonner, pour répondre à un violent désamour du public (en témoigne le singulier Roman de gare), il ferait plutôt en règle générale sien l'aphorisme de Cocteau : « Ce qu'on te reproche, cultive-le : c'est toi ».

Chacun sa vie est, à cette enseigne, un parfait exemple de monoculture lelouchienne — certes “hors-sol”, puisque totalement tourné à Beaune, où le virevoltant réalisateur a installé son école de cinéma. Il troque donc ses plans de Tour Eiffel ou de Champs-Élysées contre de larges vues de la Place Carnot, microcosme valant ici pour le monde entier.

La Beaune année

Autour de cette esplanade noyée sous le piano-jazz ininterrompu d'un assommant festival estival gravitent donc des êtres divers, soumis aux petits ou grands tracas de la vie, qui auront pour point commun de se retrouver tous témoins, jurés, juges, défenseur ou public dans une salle d'audience lors d'un procès final...

Faut-il s'étonner que les meilleurs comédiens du film soient ceux qui pratiquent la comédie en dilettante de leur activité principale, tel l'avocat Me Dupond-Moretti (en juge amoureux transi d'une prostipute) ou le chanteur Johnny Hallyday (en sosie de lui-même) ? Pas forcément. Privés de repères et d'habitudes, ils se conforment sans problèmes aux règles de Lelouch, qui contreviennent à toutes les lois du cinéma.

Quant aux pros, ils surjouent un naturel qui, de fait, apparaît contrefait. Rien de neuf sous le soleil, exception faite de ces quelques séquences d'humour graveleux décomplexées, façon sortie de route beauf et misogyne, semblant arrachées au pire des années soixante-dix. Un reflet de notre époque ? En tout cas “treize” éloigné du Lelouch dabada-badin...

de Claude Lelouch (Fr., 1h53) avec Éric Dupond-Moretti, Johnny Hallyday, Nadia Farès...

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