"Une vie ailleurs" : critique et interview d'Isabelle Carré et Olivier Peyon

Une vie ailleurs
De Olivier Peyon (Fr, 1h36) avec Isabelle Carré, Ramzy Bedia...

Epaulée par Mehdi, un assistant social, Sylvie se rend en Uruguay pour ramener en France son fils Felipe, enlevé par son père. Mais rien ne se passera comme prévu, et sa relation avec l'enfant prendra une tournure inattendue.

Olivier Peyon vient du documentaire et ça se voit. Caméra à l’épaule au plus près des visages, toujours au bon endroit au bon regard, la forme singe presque le reportage. Elle ne mise pas sur la symbolique, ses acteurs véhiculant le sens du film jusqu’à une fin ouverte bienvenue. La puissance du mélodrame émane de la retenue et de la pudeur, laissant le soin au spectateur de reconstruire l’histoire.

Incarnant la filiation absente chez Sylvie, Mehdi devient un père de substitution, cordon ombilical fragile et nécessaire pour grandir. En somme, Peyon montre ce qu’il y a de plus douloureux et complexe : l’incertitude des retrouvailles où même une mère peut être l’étrangère.


3 questions à... Isabelle Carré et Olivier Peyon

La maternité présente de multiples facettes, difficiles à traiter pour certaines lorsque la loi s’en mêle. Entretien sans tabous avec Isabelle Carré et son réalisateur Olivier Peyon sur la mère, son rôle et ses limites.

Est-ce l’histoire ou le pays qui a construit le film ?
Olivier Peyon : L’histoire. Quand Isabelle a lu le scénario, ces problèmes de couples binationaux l’intéressaient. Dans ce type de récit, on se dit que la mère serait naturellement dans son droit. Ça l’a rassurée lorsqu’elle a vu que le personnage avait ses propres limites. Ce que j’ai dit à Isabelle, c’est qu’elle n’avait plus le temps d’être aimable. Elle est usée par quatre années de recherches et ne s’embarrasse de rien.

Isabelle Carré : C’est un mélodrame qui aurait pu être facile mais tout ce qu’elle prévoit ne se déroule pas comme elle l’attendait.

Comment vous avez construit la psychologie de votre personnage ?
I.C : La première piste était de changer de voix vers le grave durant les répétitions. La première mise en scène au théâtre que je venais de faire, De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites, a aidé pour ce personnage de mère toxique et déviante. Olivier m’a amené ailleurs en me rendant plus âpre. Je me suis simplement imaginée privée de mes enfants pendant quatre ans et j’étais plus en colère contre la Terre entière que Sylvie. Ce qui la durcit encore plus et peut la rendre antipathique, c’est qu’elle est vraiment proche de la ligne d’arrivée et ne s’embarrasse de rien.

Une mère adoptive devenant plus importante qu’une mère biologique, c’est une idée qui vous convient ?
I.C :
Oui. J’ai été très choquée au moment de la Manif pour tous parce que je ne m’attendais pas du tout à ce type de réaction. Pour moi, il n’y a pas un type de famille. On m’a fait faire une interview pour un journal catholique extrémiste m’érigeant en modèle : mère de trois enfants et mariée avec le même mari depuis douze ans. Ils se trompent. Les mères qui élèvent leurs enfants seules se débrouillent très bien aussi. Ce qui compte c’est ce qu’on peut leur apporter et notre bienveillance. Cette idée m’a séduite pour le film : Felipe n’a pas une mère mais deux. Il n’en est que plus aimé.

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