Art autoroutier : des sculptures monumentales parfois mal-aimées

Art insolite / Au volant sur l’autoroute, on ne peut pas dire que les distractions soient nombreuses. Et pourtant, entre deux aires, on trouve parfois des œuvres d’art. Des sculptures immenses pour embellir les grands axes routiers françaises, on appelle cela l’art autoroutier.

Une colonne de 40 mètres de long écroulée au bord de l’autoroute qui relie Saint-Étienne à Clermont-Ferrand (photo ci-dessus). C’est l’une des sculptures les plus imposantes que les autoroutes françaises connaissent. La Colonne brisée d'Anne et Patrick Poirier est l’un des exemples de cette forme d’art dans la région. Inaugurée en 1985, la structure aura même eu l’honneur de servir au tournage de la publicité de la R21 Turbo avant l’ouverture de la portion d’autoroute. Un spot publicitaire à gros budget avec hélicoptères et course poursuite jusqu'à l'aire des Suchères :

Si la R21 n'est plus produite depuis 1995, les anneaux en béton poli de la Colonne brisée sont eux toujours là, du haut de leurs 10 mètres au milieu de la nature auvergnate. Des œuvres comme celle-ci, le photographe Julien Lelièvre en a référencé 73 le long des 9 000 kilomètres du réseau autoroutier français, après cinq années de travail. Il en a fait un rapport après une allocation de recherche du Centre national des Arts plastiques (CNAP).

La règle du 1% artistique

En France, les maîtres d'ouvrages publics ont l'obligation de réserver 1% du coût de la construction à l'acquisition d’œuvres d'art conçues pour le bâtiment en question. Plus de 12 000 œuvres ont ainsi bénéficié de ce dispositif en l'espace de 60 ans. Dans les années 1980, la règle dite du "1% artistique" est étendue aux autoroutes dopant considérablement cette forme d'art. Les budgets en matière de construction d'autoroute étant très importants, le 1% devient 1 pour mille par un arrêté de juin 1980 : une dizaine de sculptures vont fleurir en Rhône-Alpes.