Huit artistes Inouïs à découvrir en vidéo

Huit artistes Inouïs à découvrir en vidéo

Sélections régionales du printemps de Bourges : / Comme chaque année, Les Inouïs du Printemps de Bourges proposent huit candidats aux sélections régionales, toutes disciplines musicales confondues. Et pour aller avec huit clips musicaux confiés aux bons soins des vidéastes de Shoot !t. En attendant la grande révélation des deux vainqueurs, découvrez leurs visages et leur musique au jour le jour à raison d'une vidéo quotidienne pendant une semaine.

1000 Chevaux-vapeur – Electro (Loire)

S'ils sont vapeur, les 1000 chevaux de 1000 Chevaux-vapeur n'en sont pas moins des chevaux de race, remorquant une électro classieuse et atypique, langoureuse, vaporeuse (forcément), aqueuse, même. En un mot insidieuse. Son EP Animals (Cascade Records), sorti fin novembre, et ses live pas comme les autres – s'il reste dans la veine de ces électroniciens solo qui chantent, plus rares sont ceux qui sont aussi habités dans l'exercice vocal, comme le prouve ce Dream #1 ou agrémentent leurs sets de saxophone – témoignent de cet abord immédiatement addictif. Comme dans un rêve donc, doucement tentaculaire comme une pieuvre (Octopus), piquant et cavalant comme une armée de fourmis vous montant le long des bras (Ants), lumineux et brûlant comme une méduse (Jellyfish), et on l'a dit, racé comme un troupeau de chevaux (Horses). Vapeur ou pas.

Ma Pauvre Lucette – Chanson (Isère)

On connaît PNL(ou pas), voici, même si rien à voir, MPL, acronyme de Ma Pauvre Lucette, groupe de chansons élégantes et de spoken word fauviste – qu'on apprécie ou pas la référence à Fauve, il y a dans ces arpèges, parfois dans le ton, quelque chose de l'ex-phénomène du rock français –, bande de musiciens et comédiens pour lequel chaque chanson est aussi l'objet d'un drôle de clip : on s'y shoote, jusqu'aux hallus malsaines, aux cendres de la regrettée et tant aimée Lulu ; on danse façon boy's band rappeur dans une friche (Le Videur du quartier) ; on y kidnappe Pierrot sur un rond point ; on y caracole sur des chevaux de bois sur Infidèles destriers, par ailleurs, petit bijou d'écriture ; on s'y accoutre drôlement (la plupart du temps) comme dans ce clip réalisé par Shoot it, petits maillots et gros bonnets (de bain) pour ce Jeté à l'eau. Il y a boire et à manger, chez Ma Pauvre Lucette, mais c'est au bon sens du terme, tant la collation stylistique, la créativité visuelle à trois bouts de ficelle et les mini-tubes sont copieux. Comme la collation, à la fois triste et joyeuse, qui succède toujours aux funérailles. En l'occurrence, celles de cette pauvre Lucette. Qui, le très beau titre Requiem le confirme, ne sera pas morte pour rien.

Raoul Vignal - Folk (Drôme)

Né à Lyon, Raoul Vignal a fait ses armes sur les scènes de Berlin. Mais aussi dans ses studios (Klangbild en tête) où il enregistra un EP et la musique du film Sweet Water of Memories, aux accents post-folk hypnotiques. C'est au studio Klangbild toujours qu'il met au jour son album à venir The Silver Veil, qui portera magnifiquement son nom. C'est que Raoul Vignal pratique un folk qui jette un voile brumeux sur la tristesse de ses chansons et sur leur origine française. Au programme, des arpèges à la Nick Drake période Pink Moon, une voix ombrageuse et une langueur qui n'est pas sans rappeler les meilleurs élèves du folk scandinave. Son talent, récompensé par le tremplin Jeunes Talents du festival Cognac Blues Passions, n'a pas tardé à être remarqué puisque The Silver Veil paraîtra sur le très défricheur label bordelais Talitres. Le site Soul Kitchen l'a d'ailleurs qualifié de « joyau le mieux gardé du coffre à musique lyonnais ». Un joyau de noirceur dont les éclats de lumière et les inflexions de voix en clair-obscur parviennent à faire danser les méduses, comme sur ce Bless you déchirant. D'ici peu, c'est sûr, on va vraiment savoir qui c'est, Raoul.

DD's Brothers – Soul (Haute-Savoie)

Un nom qui fleure bon l'âge d'or de la soul, et les look ad hoc. Une vibe à vous remettre en marche le légendaire « Soul Train » en deux temps syncopés et trois mouvement chaloupés. Les DD's Brothers sont huit et pas spécialement frères, résident dans le 74 mais s'arment, en plus de l'incroyable chanteuse Dora Kuvuna, d'un chanteur californien, Dorien Smith, qui n'a rien à envier aux meilleurs hâbleurs du genre (ce sont donc eux, les DD du groupe). Ils sont concurrents aux Inouïs mais ont déjà pas mal de bouteille sous la forme notamment de leur redoutable album We got the law, masterisé à Abbey Road. Au long de dix titres qui oscillent entre soul et pop, basses rondes et cuivres mélancoliques, harmonies vocales aux petits oignons frits – d'où ce clip dans un diner, sans doute pour le Tarantinien The Sun goes down – et vous creusent allègrement la cervelle (Tennesse Burning, Eyes on Me), les DD's Brothers font la loi, oui, mais avec une désinvolture de hors-la-loi.

Gloria – Pop (Rhône)

Envapé dans le revival sixties, Gloria ce n'est pas une mais trois chanteuses (hydre à trois voix d'un sextet dont les membres sont tous connus des services régionaux et même plus dans différentes formations : Tara King Th, The North Bay Moustache League, Ginger Accident, Baby B...). Leur mission : s'envoyer en l'air (du temps 60's) et nous avec par la même occasion, ainsi que le suggère le très remarqué titre Beam me up, extrait de leur album In Excelsis Stereo (ce titre, ce jeux de mots avec Gloria, sonnant comme une lettre d'intention). Quelque part entre des Allah-Las chantant au féminin le rêve californien ou prisonnier d'une scène d'Antonioni, et les girls bands rudoyés autant que magnifiés par Phil Spector, son ego et son Wall of Sound, Gloria opère jusque dans sa pochette et jusqu'au bout des doigts la recréation du Flower Power. Sur quelques morceaux plus sorcier(es), comme ce fameux Beam me Up, on pense aussi au pouvoir d'envoûtement de Stevie Nicks (Fleetwood Mac). Ce que confirme le Requiem for witch, réponse acoustique, envoûtante et embaumé, à tous les sens du terme, au fulgurant Rhiannon du Mac et de la Nicks. Sans doute le meilleur album crypto-60's composé dans les environs de Lyon depuis celui d'Odessey & Oracle. Et un groupe à suivre.

L'Effondras – Rock (Ain)

L'Effondras, rien que ce nom pourrait constituait un chapitre du programme de François Fillon et de son si vendeur pays en faillite – ou le délitement de sa réputation et de sa campagne. On doute pourtant que ce trio (deux guitares, une batterie qui en vaut deux) aux assonances post-rock et aux allitérations noise soit très fans du sourcilleux candidat à la présidentielle (une intuition, comme ça). Comme le chantait Julien Baer, avec lequel on ne leur sent guère plus d'accointances (musicales, cette fois), ici, « Le Monde s'écroule, mais le monde c'est [eux] ». Il y a en effet chez l'Effondras, bien au-delà de ce nom (celui d'un hameau de l'Ain), comme une esthétique de l'affaissement et de ce qu'il faudrait en faire : soit une musique qui pratiquerait avec l'Apocalypse-même, la politique de la terre brûlée, à la fois renoncement apathique au bord de la génuflexion et affront semé d'orgueil. Chez L'Effondras, il ne semble pas plus y avoir d'instant présent que d'après, juste un flux ininterrompu de saccades et d'effluves sonores, « de la neige en été » et « des feux toutes les dix maisons » comme chez Diabologum, lointain grand frère. Et surtout une route, cormacmccarthyenne, sans fin. Et très belle, à dérouler comme une suite ininterrompue de malheurs.

Madame Bert – Hip-hop (Drôme)

Comme son nom ne l'indique pas, Madame Bert (MadBert pour les intimes) et un rappeur à la verve inextinguible, capable de vous narrer en moins de trois minutes une journée sans briquet (le titre Guerre du feu) ou de rendre hommage à Abebe Bikila, légendaire athlète éthiopien des courses de fond, l'homme qui courait pied nu. Madame Bert aussi court dans tous les sens, se définissant comme un « artiste local (...) agité du bocal ». Pas facile d'être un rappeur à Valence mais Madame Bert s'en extirpe avec une rage, un humour et surtout une bonne dose d'autodérision qui ne font pas oublier ses productions qui frappent juste et ses mots qui frappent fort, justes et drôle, ici, sur De Longue, « La France vieillit mal comme Alain Delon ». Avec lui, Valence devient Valence Angeles, c'est dire. Quant à savoir pourquoi Madame Bert, vous le saurez bien assez tôt.

Trinix – Electro (Rhône)

Partagé entre les influences électro (Gramatik, Nebbra, DJ Fly, 20 SYL) et classiques hip-hop (De La Soul, Methodman & Redman, Krs One), le duo de beatmaker Trinix, composé de Josh Chergui et Lois Serre, l'air à peine sorti de l'adolsecence s'est pris d'affection pour les beats bien pesants propre à rester gravés dans le cortex et à provoquer des mouvements involontaires de la face (et d'ailleurs) qu'ils décrivent eux-mêmes comme old, bass et vintage. Manière aussi de résumer en trois mots un album baptisé en trois lettres OWN (2015). En 2017, le duo qui a ouvert dans le passé successivement pour Vald et deux de leurs idoles, Method Man & Redman, ne pourra plus se cacher beaucoup avec la sortie récente du EP Hide, dont la plupart des titres sont des hits en puissance. Le premier titre de ce EP ? Never Enough. On avait bien compris. Tout comme on a compris que le single No sleep, sorti l'an dernier s'il peut avoir des airs de berceuse, garantit surtout le somnambulisme dansant au risque d'aller se perdre au fond des bois.

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