Anne-Laure Pelloux Prayer Molle Brasseuse de coeur

Faut Que Ca Brasse

Bâtiment 243 - Bâtiments H (derrière Cité du design)

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Portrait spécial Faut Que Ca Brasse / Installée dans la périphérie de Saint-Just-Saint-Rambert depuis 2003, la Brasserie de la Loire crée et commercialise des bières artisanales résolument singulières. Onze variétés de "bibines", blanches, blondes, brunes ou ambrées, toutes 100 % artisanales, 100% bio. Et c’est une brasseuse qui est aux manettes ! Rencontre avec une femme 100% passion qui sera présente au festival Faut Que Ca Brasse les 24 & 25 juin dans les bâtiments H, derrière la Cité du design. Texte & photo : Niko Rodamel

Elle porte un double prénom et un patronyme à rallonges, Anne-Laure Pelloux Prayer Molle est pourtant une femme simple, authentique et sincère, "pas compliquée" comme l’on dit chez nous. Et son parcours est plutôt étonnant… Anne-Laure a grandi à Beaumont-Monteux, petit village drômois de mille deux cents habitants, entre Tain-l’Hermitage et Romans-sur-Isère. Papa est comptable et maman infirmière. Après des études d’ingénieur en biochimie à Lyon puis à Grenoble où elle travaillera sur les plantes au sein du CNRS, la jeune drômoise devra suivre son mari, professeur d’éducation physique, envoyé dans l’Oise pour son début de carrière. Persuadée de retrouver un poste dans la recherche près de chez elle, Anne-Laure déchante rapidement, ne trouvant aucune perspective intéressante à moins de deux heures de son domicile. « J’ai donc cherché un autre travail. J’ai alors été prof de chimie en lycée et en post bac pendant quelques années. Cette expérience m’a au moins appris à communiquer avec les autres, à redescendre de mon Bac + 7 et à employer un vocabulaire moins technique. » Anne-Laure n’étant pas persuadée d’être faite pour un métier dont la recherche est absente, la révélation arrivera finalement au bon moment quand, en 1997, un ami l’emmène visiter la ferme brasserie artisanale Saint Rieul, sur la commune de Trumilly près de Senlis.

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Le déclic

En rentrant dans le bâtiment, la scientifique remarque sur la droite un petit laboratoire avec quelques éprouvettes et du carrelage blanc. « J’ai eu immédiatement plein d’étoiles dans les yeux. Le déclic ! » Faire de la biochimie pour sortir un produit consommable allait être l’occasion de réaliser un vieux rêve que le couple avait enfoui mais jamais vraiment abandonné : créer une entreprise. Et le cadre apaisé de la brasserie artisanale remettait aussi les pendules à l’heure : la bière peut être un produit exigeant, raffiné, loin des breuvages industriels bon marché que l’on boit en grande quantité dans une optique d’ivresse assurée ! Ce sera alors le temps des premières expériences, à la maison, avec quelques cocottes minutes trafiquées et des matières premières achetées en Belgique, quelques années de tâtonnements et de formation auprès de brasseurs expérimentés. C’est ainsi que la petite fille qui, pour son dixième Noël commandait une boîte de chimie en rêvant de faire fleurir les déserts, allait devenir en 2002 la première brasseuse artisanale française dans un milieu très masculin en pleine expansion, avec déjà une centaine de producteurs dans l’hexagone. « C’est l’année où nous sommes arrivés ici, mon mari ayant obtenu sa mutation à Saint-Étienne. » Toute la famille sera embarquée dans l’aventure. Le dévolu familial est jeté sur une maison dont la grange attenante sera le lieu de production brassicole pendant treize années, jusqu’en 2015 et la construction du bâtiment actuel.

Je fabrique de la bière et je me bats pour l’image même de mon métier.

Aujourd’hui, Anne-Laure peut s’appuyer sur trois employés et la Brasserie de la Loire propose une gamme de bières classiques ou spéciales, comme la Boulonji (boulangère en gaga stéphanois) réalisée à base de pain perdu toasté. Le procédé artisanal (les bières sont non filtrées, non pasteurisées et refermentées naturellement en bouteille) en font un produit vivant qui évolue au fil du temps, leur apportant une authentique singularité gustative. Parmi les personnes qui l’ont inspirée, Anne-Laure cite volontiers Daniel Thiriez, basé à Esquelbecq dans le département du Nord, qui a été l’un des premiers brasseurs artisanaux et qui reste encore un exemple en terme de développement d'entreprise comme d’esprit de créativité. « Je suis aussi très admirative des frères Bogaert qui ont débuté en même temps que moi et qui maintenant sont, certes, à la tête d'une très importante brasserie, mais qui travaillent toujours avec une maîtrise des recettes et des goûts, dans une perpétuelle recherche de nouveautés et d'originalité. » Un exemple que grandir n'est pas forcement synonyme de perte de qualité et de recherche de la facilité... Anne-Laure ne tarit pas d’éloge au sujet de son mari qui l’a toujours secondée. « Il a conservé son boulot de prof, mais il est aussi mon maçon, mon électricien, mon plombier, mon paysagiste, mon garagiste et bien sûr un soutien moral indispensable. » Pendant de nombreuses années, le couple ne saura presque plus ce que sont des vacances. Même les frères, sœurs, beaux-frères et belles-sœurs seront mis à contribution pour affronter les différentes phases de travaux.

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Les copains de la bière

La brasseuse évoque aussi ceux qu’elle appelle "les copains de la bière", rencontrés sur les marchés et les fêtes saisonnières. Certains sont des fournisseurs en produits bio (comme les céréales, le miel ou le sureau qui entrent dans la composition des bières), d’autres des producteurs de produits fins (rillettes, saucissons, mousses d’écrevisses, sirops, jus de fruits…). À ce titre, l’entrée du bâtiment ressemble à une véritable épicerie fine qui vient compléter l’achalandage de bières. Il y a aussi Gaëlle Boissonnard, qui illustre toutes les étiquettes de la brasserie et expose à l’occasion ses originaux sur les murs du magasin. Tous sont devenus des amis avec qui l’entraide est le ciment commun, une des valeurs que la brasseuse aimerait transmettre à ses filles. Tous défendent le bio comme un état d’esprit et non pas comme un simple créneau commercial. À la maison comme à la brasserie, la musique n’est jamais bien loin. « J’écoute des choses très variées, le plus souvent pour décharger un trop plein d’émotions.» La mélomane cite en vrac le puissant Human de Rag'n'Bone Man, l’imparable I Gotta Feeling des Black Eyed Peas, les premiers albums de - M - ou encore Jeff Buckley. Lorsqu’elle se retourne sur son parcours, Anne-Laure se dit que sa route était sans doute tracée. Pour autant, elle reconnaît que le chemin parcouru n’aurait jamais pu être aussi complet sans la famille, les amis et les rencontres qui se sont toujours produites aux bons moments. « À chaque problème, on a trouvé une aide, une solution. » La volonté et l’abnégation n’ont sans doute pas non plus manqué à cette entrepreneuse hors norme, animée par un état d’esprit toujours positif et un indéniable capital sympathie. Alors ne manquez pas de venir rencontrer Anne-Laure Pelloux Prayer Molle sur son stand, à l’occasion de Faut Que Ca Brasse, le premier festival stéphanois de la bière artisanale, les 24 et 25 juin sur le site de l’ancienne manufacture qui jouxte la Cité du design.


1973 : naissance
1997 : découverte de la bière artisanale
2003 : création de La Brasserie de la Loire
2009 : remise du titre d'Artisan Brasseur par la Chambre des Métiers et de l'Artisanat de la Loire
2010 : certification bio de l’ensemble de la production
2015 : construction des nouveaux locaux
2017 : médailles d’argent au concours international de Lyon pour la Gueule Noire et la Mosser

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