Vous avez déclaré pouvoir « passer plus de 25 heures à parler de vos chansons », est-ce vrai ?
Tout à fait, j'en parle bien dans le sens où je maîtrise le sujet, je suis très loquace et j'aime bien expliquer ce que je fais. Par contre, il demeure une zone de mystère, à savoir pourquoi j'ai envie de faire ça, pourquoi ce que je fais ressemble à ça et pas à autre chose. Je n'ai pas d'explication sur le fait que la musique que je fais est ce qu'elle est et pourquoi je ne fais pas du hard-rock ou encore de la boucherie ou de la peinture de bâtiment. Je n'en ai aucune idée.
À propos de votre dernier album Promeneur, j'ai lu que vous avez mis plus d'une année à l'enregistrer. Est-ce votre manière habituelle de fonctionner ?
C'est faux, je n'ai pas mis plus d'un an. Pour moi, un disque correspond à deux choses. Tout d'abord écrire un répertoire de chansons. La deuxième étape, c'est de fixer ce répertoire, de l'enregistrer, de le photographier... En ce qui concerne l'écriture des chansons, cela m'a pris le même temps que d'habitude, c'est difficile à quantifier car quand je commence à écrire, je ne pars pas de rien, avec un cahier vierge. Je pars toujours de premiers jets qui sont arrivés comme ça. Tous les dix jours, j'ai une idée qui arrive. Je la mets dans un coin. Quand je fais un disque, je déloge toutes ces petites idées pour en extraire un groupe d'une quinzaine que j'ai envie de développer. Donc, si on considère que c'est à partir de là que je me mets réellement au travail, on va dire que ça prend à peu près un an pour écrire. Mais ce n'est pas pendant une année complète, sur un rythme régulier de 7 jours sur 7, du matin au soir... Quant à l'enregistrement, c'est vrai que je suis assez lent en général. Pour Promeneur, cela a duré environ 3 mois. Enfin, pour chaque disque j'essaie de me donner un cadre et des contraintes différentes. Pour ce disque, j'ai fais toutes les chansons en guitare/voix, très naturellement comme si je le faisais dans un salon et je m'étais dit, une fois que j'ai la bonne version de chacune des chansons, je commencerais à faire des arrangements, à trouver une ligne de basse, une percu, un violon, etc.
Vous avez voyagé au Kirghizstan, Kazakhstan et Ouzbékistan au cours de l'écriture de cet album, est-ce vrai ?
Oui, ça c'est vrai !
Quelle était l'idée, la thématique du voyage, les voyages dans les pays qui finissent par "stan" ? Pourquoi ces pays-là ?
Ce sont trois pays limitrophes situés dans une même région, l'Asie centrale. J'ai eu l'occasion de faire deux concerts en Ouzbékistan dans le cadre de l'Institut Français. Je suis très friand de cela car j'adore voyager. C'était l'occasion de partir tout seul comme ça. Si je faisais exactement ce que l'on me disait, j'arriverais le lundi là-bas et repartirais le jeudi matin à Paris. Mais à chaque fois, je pars un mois et je prends le voyage à mes frais. C'est un prétexte pour me retrouver un peu seul et aller développer tous ces premiers jets. J'ai besoin d'être très seul pour travailler, loin de chez moi, de n'avoir rien d'autre à faire que ça... J'ai profité de ce séjour pour entamer l'écriture de ce disque mais je suis convaincu que si j'avais entamé ça en Normandie, ça aurait été exactement les mêmes chansons au final. La chanson, je l'ai au bout de la langue donc il me faut juste du temps et de la concentration.
Sur scène, comment est-ce que vous vous présentez pendant cette tournée ? Êtes-vous seul ?
J'ai fait énormément de concerts seul. J'aime bien ce format mais j'avais envie de changer pour me mettre un peu en danger. Je me suis dit que j'allais continuer à propose un format guitare/voix mais en choisissant une guitare sèche et en demandant à un autre guitariste de m'accompagner. Voilà, j'ai rencontré Vincent Mougel, un mec vraiment étonnant. Nous sommes donc deux sur scène avec un concert qui se déroule en deux parties : d'abord je ne fais que Promeneur dans l'ordre, puis je fais les singles des albums précédents.
Mathieu Boogaerts [+ Philippe Katerine], dimanche 4 juin à 20h30, salle Jeanne d'Arc, dans le cadre du festival Paroles & Musiques