Seul·e, bien ou mal accompagné·e ?

Panorama ciné janvier 2018 / Femmes seules ou le devenant, colocataires aigris, ménages à trois ou quatre, zoo à domicile... Il y a en a pour tous les goûts, y compris les becs sucrés en ce début d'année...

Comme un contrecoup des fêtes de fin d'année, propices aux réunions familiales : une ribambelle de films présentent des trajectoires de femmes seules ou sur le point de l'être. Le décevant L'Échappée belle (3 janvier) de Paolo Virzi associe une Helen Mirren en sursis à un Donald Sutherland façon Alzheimer pour une virée en camping car entre vieux soixante-huitard dans l'Amérique trumpisante. Un ennui poli saluera ce road movie faisant fausse route, voire du sur-place. Charlotte Rampling de son côté, poursuit sa fructueuse quête de rôles abrupts d'épouses esseulées. Après l'Ours d'argent pour 45 ans, elle a conquis la Coupe Volpi avec Hannah (24 janvier) d'Andrea Pallaoro, où elle campe une femme dont l'existence bascule lorsque son époux est incarcéré pour une histoire dont on comprendra peu à peu la sombre nature. Une œuvre “statique” et d'ambiance, de photographe pourrait-on dire, où la comédienne offre sans fard la dignité de son délitement.

Viens chez moi, j'habite chez une copine

Dans la déjà vaste famille “comédies de colocation entre potes“, voici Ami-Ami (17 janvier), où un William Lebghil au cœur brisé par son ex- s'installe avec sa meilleure copine Margot Bancilhon. Une nouvelle histoire d'amour le plonge dans un double embarras : il n'ose avouer à sa conquête qu'il “vit“ avec une amie, laquelle se montre plus que jalouse : possessive. Si le réalisateur Victor Saint Macary renverse une situation très convenue (ce n'est plus ici le mec qui rompt un pacte d'amitié homme-femme et en détruit l'harmonie), il sous-exploite les personnages secondaires — notamment celui du confident du héros attribué à Jonathan Cohen. À noter une lumineuse révélation : Camille Razat.

Le puritanisme de précaution étant le parfum de saison, il est à redouter que la sortie de Que le diable nous emporte (10 janvier) soit perturbée. Pas uniquement parce que l'on y voit dans un vaste appartement des femmes se dévêtir et s'aimer, mais parce que le réalisateur est le “récidiviste” Jean-Claude Brisseau. Entre interrogation métaphysique, fascination pour les ingénues, esthétique du saphisme, méditation transcendantale, création artistique et voyeurisme, son nouveau film synthétise tout le bizarre et le bancal de son œuvre. Précisons aux censeurs “par principe” que les interprètes, jusqu'à preuve du contraire, étaient tou·te·s consentant·e·s, et que rien de dégradant n'est montré. Sympa, le XXIe siècle...

Insuline vous manque...

Dans Gaspard va au mariage (31 janvier), Antony Cordier lorgne la douce folie décalée de Wes Anderson — époque Famille Tennenbaum. En route pour le mariage de son père dans le zoo familial — tout un programme en soi —, Félix Moati y embauche une Laetitia Dosch (plus convaincante que dans Jeune femme) rencontrée dans un train pour lui servir de compagne-alibi. Inutile de dire que la parentèle du héros tient de la ménagerie, et qu'il sera question de plusieurs ménages en fin de compte. Gentiment absurde, mais avec un sous-texte très réaliste, cette histoire chapitrée avec également Marina Foïs, Christa Théret et Guillaume Gouix, est plaisante à suivre.

Si elle incite des spectateur·trice·s à convoler, on leur recommandera avant d'opter pour une pièce montée coulée dans le caramel de voir l'édifiant documentaire de Damon Gameau, Sugarland (24 janvier — dix-huit jours après la galette des Rois et neuf avant la Chandeleur). Suivant le principe de Supersize Me! (2004), le réalisateur s'inflige pendant deux mois le régime “normal” d'un Australien moyen composé de 40 cuillers à café de sucre quotidiennes (!) Des sucres cachés, présents dans l'alimentation transformée en apparence saine et/ou bio, qu'il ingurgite donc sans même recourir à la junk food. Évidemment catastrophiques, les résultats sur son organisme révèlent non seulement l'ampleur d'un scandale sanitaire mondial, mais aussi une réalité diététique : l'inéquivalence des calories. Gameau a eu la bonne idée d'enrober son message inquiétant ou ses plans de bouches cariées de séquences chamarrées et de recourir à des guests de luxe (Hugh Jackman, Stephen Fry...). Comme disait Mary Poppins, « c'est le morceau de sucre qui aide la médecine à couler... » Heu, non... enfin vous voyez l'idée...

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Mardi 23 janvier 2018 Pour prouver la nocivité du sucre, un Australien s’impose le régime moyen de ses compatriotes et observe les résultats sur son organisme. Une plongée terrifiante dans nos assiettes donnant envie de gourmander nos dirigeants. Sans aucune douceur.

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