Hostiles : Un bon Indien…

de Scott Cooper (E.-U., 2h13) avec Christian Bale, Rosamund Pike, Wes Studi…

1892. Peu avant de quitter l’active, le capitaine Blocker se voit confier une ultime mission : escorter sur ses terres sacrées le chef Yellow Hawk moribond et les siens. Or Blocker, vétéran des guerres indiennes, hait les Cheyennes. Au terme d’un voyage agité, il révisera ses opinions.

Le western constitue plus qu’un genre cinématographique : une merveilleuse éponge, s’imprégnant davantage de son contexte de tournage que de l’époque qu’il est censé dépeindre. Ainsi, le 1892 vu par Scott Cooper en dit-il long sur 2018 et l’approche de plus en plus ouvertement nuancée d’Hollywood vis-à-vis de la “Conquête de l’Ouest”. La représentation manichéenne, historiquement biaisée, du “gentil pèlerin propre sur lui face au vilain sauvage” a ainsi été rectifiée depuis les années 1970 (avec notamment Soldat Bleu et Little Big Man) ; et la terminologie elle-même a changé : les pionniers sont devenus des colons et les Indiens, des Amérindiens. Ceux-ci ne sont plus considérés comme des masses informes, mais en tant qu’individus organisés en peuple, aptes à agir indépendamment.

Décrivant un long chemin — au sens propre vers le Montana, métaphorique vers la fraternisation —, Hostiles brosse dans le format canonique du genre, le CinemaScope, la naissance d’une paix inéluctable au fil d’alliances de raison puis de choix : la confiance menant à l’amitié, et le devoir au pardon, en particulier grâce à la puissance de résilience d’une victime de razzia (superbe composition de Rosamund Pike, d’ailleurs superbement ignorée par les Oscar). Cette fresque épique renforce le mythe américain parce qu’elle montre justement la capacité de ses citoyens à surmonter leurs errements passés et à défendre la justice contre la force. On peut s’arrêter à une lecture patriotique d’une nation à l’infaillibilité papale, ou voir plutôt une exhortation à aller encore plus loin dans le progressisme. On y souscrit volontiers.

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