De quoi Zeller ? / de et avec Daniel Auteuil (Fr., 1h24) avec également Gérard Depardieu, Sandrine Kiberlain, Adriana Ugarte...
Daniel a invité à dîner son meilleur ami Gérard afin qu'il lui présente, ainsi qu'à sa femme, sa nouvelle compagne. Lorsqu'il découvre sa jeunesse et sa beauté, Daniel se prend à imaginer des choses, sous l'œil de son épouse. Qui n'est pas dupe.
Daniel Auteuil signe un film comme on fait plus. Un truc peu inconscient et naïf, de l'époque où les sexagénaires exhibaient sans complexes leur nouvelle voiture, leur nouvelle montre, leur nouvelle minette, comme autant de gages de succès. Aujourd'hui, on dissimule tout ces “attributs” sous le vocable commun de “bonheurs” — cela fait moins égoïste et moins démon de seize heures. On n'assume moins que le personnage de Sydney Pollack qui vantait dans Maris et Femmes de Woody Allen (1992) les vertus de sa récente et jeune compagne : « sa bouche ? c'est du velours... »
Amoureux de ma femme, raconte peu ou prou la même histoire que Woody Allen, mais corsetée par l'ère du politiquement correct, dans un (vaste) appartement parisien et se sert de l'imaginaire d'un époux rêveur pour fantasmer un adultère. Comme cela, il n'y a pas d'offense à la morale dans la vraie vie, mais le coquin peut se livrer *virtuellement* à toutes les fantaisies (et le spectateur se rincer l'œil à loisir). Ça pourrait être un voyage onirique dans le Moi profond d'un homme, une excursion surréaliste entre Resnais et Buñuel ; hélas Auteuil n'ose pas quitter les rivages du néo-vaudeville bourgeois. Quant à la morale, elle est simili-féministe, à Guitry. Du style : « j'ai toujours le dernier mot à la maison. C'est : “oui, chérie.“ »