Drame / de Catherine Corsini (Fr., 2h15) avec Virginie Efira, Niels Schneider, Estelle Lescure, Jehnny Beth...
Châteauroux, années 1950. Rachel Steiner est courtisée par Philippe, un fils de famille portant beau. Hostile à toute mésalliance sociale, il repart laissant Rachel enceinte. Bien plus tard, après plusieurs retrouvailles épisodiques houleuses, Philippe renoue le contact avec leur fille Chantal...
Adaptant ici le “roman autobiographique“ — on ne sait comment qualifier le genre de récit qu'elle pratique — de Christine Angot, Catherine Corsini réussit plusieurs tours de force. S'approprier son histoire tout en rendant digeste et dicible la voix de l'autrice sans la contrefaire, et raconter avec élégance ce qui rappelle la noirceur incestueuse de Perrault dans Peau d'Âne comme des meilleures tragédies raciniennes (où les amours sont aussi impossibles, car univoques). Renversant le propos du conte, l'ogre symbolique s'incarne ici dans un homme exerçant son emprise toxique et dévorante sur deux femmes... dont l'une est sa fille. À cette lecture analytique se superpose en fin de film une interprétation sociale qui si elle évoque dans la forme le dénouement le dénouement Psychose, où le comportement déviant du héros est “expliqué“, marque surtout la clef à partir de laquelleChantal adulte a pu effectuer sa résilience.
Tableau rude d'une famille über dysfonctionnelle s'achevant en cauchemar après s'être ouvert en tendre fresque romantique, Un amour impossible est aussi une reconstitution d'époque appliquée, fuyant la nostalgie carton-pâte. Marqué par une interprétation d'une belle homogénéité, révélant au passage en la personne d'Estelle Lescure, une jeune comédienne bluffante dans le “rôle“ d'Angot adolescente, ce film démontre également que Catherine Corsini se montre plus à son aise lorsqu'il s'agit de parler d'une autre vie que de la sienne. Question de distance, sans doute.