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Therapie Taxi : « Être cru est un exercice qui nous plaît, assez grisant »
Par Stéphane Duchêne
Publié Mardi 4 décembre 2018 - 2016 lectures
Photo : © Julie Oona
Thérapie Taxi + Le 77
Le FIL
ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
Pop / Phénomène générationnel du moment chez les millennials multipliant les concerts sold-out, les Français de Therapie Taxi font mouche aux commandes d'une pop frondeuse et tubesque dont les textes explicites et cathartiques cachent une forme de romantisme décadent. Explication de textes avec la chanteuse du groupe, Adé, à l'occasion de la réédition augmentée de leur album "Hit Sale" et d'un concert (sold-out, forcément) au Fil.
Therapie Taxi c'est d'abord le contraste entre une forme très tubesque et un fond assez noir et violent. Mais surtout des textes très crus et un sujet récurrent, le sexe, abordé très frontalement. Comment avez-vous défini cette approche, assez nouvelle hors du rap ?
Adélaïde Chabannes de Balsac, dite Adé : On ne l'a pas vraiment définie. C'est un peu arrivé comme ça. Le premier parti pris a été de chanter en français. C'est un choix qu'on a fait très tôt, avant même de s'appeler Therapie Taxi. On avait commencé à chanter en anglais, comme tout le monde, mais on a vite vu que c'était assez pourri (rires). Et puis, ça nous a amené une certaine liberté par rapport aux textes, davantage dans l'intimité de ce qu'on raconte.
à lire aussi : Therapie Taxi : génération X
Il y a d'abord eu Salop(e) que Raph [le chanteur du groupe – NDLR] avait écrite comme ça, avec un de ses potes, parce qu'ils s'étaient fait larguer (rires). Finalement, on a bien vu que ça plaisait beaucoup et qu'il y avait un truc à faire. La question était de savoir si on voulait chanter ce genre de choses alors qu'on était inconnus, si ça allait nous griller ou au contraire mettre un coup de projecteur sur nous. Il se trouve qu'on a fait le bon choix.
Ensuite, une fois qu'on est parti là-dedans, on s'est rendu compte qu'être cru était un exercice qui nous plaisait, assez grisant. D'ailleurs, ça a l'air de surtout beaucoup parler aux gens, on s'en rend compte en concert à chaque fois qu'on joue Salop(e). Il y a quelque chose de cathartique.
Sur l'album il y a aussi des chansons d'amour très poétiques.
On pourrait presque voir dans votre démarche une sorte de pudeur inversée, une manière de ne pas évoquer le sentiment amoureux par son versant courtois, comme c'est le cas depuis toujours dans la chanson...
Oui et non, parce que sur l'album il y a aussi des chansons d'amour très poétiques, comme La Proue ou Transatlantique. Et rien que dans Salop(e), le « mon rêve, ma chérie c'est de me perdre dans tes yeux bleus », c'est une manière de remettre l'amour au milieu de tout ça, et de faire comprendre aux gens qu'il ne s'agit pas juste d'insulter les filles ou les mecs. Ce qui nous intéresse, c'est le côté à la fois hyper brutal et hyper sensible des sentiments qu'on peut avoir pour quelqu'un.
En matière de chansons, l'amour est un sujet inépuisable, il n'en va peut-être pas de même pour le sexe. N'avez-vous pas peur d'épuiser un peu la formule Therapie Taxi ou de vous y enfermer ?
Si, c'est pour ça que pour l'album qu'on est en train de préparer, les sujets commencent à évoluer. Il y a d'autres choses aussi qui font partie de notre vie qu'on n'a pas abordées dans le premier album, ce qu'on regrette un peu. On va donc le faire sur le deuxième qui va être un peu plus profond, introspectif, plus mature sans doute.
On grandit en même temps, donc on a d'autres choses à dire. On verra sous quelle forme, peut-être un peu plus sombre, un peu plus électronique dans les sons, mais c'est une vraie volonté de notre part.
De toute façon, à quoi bon s'enfermer dans un style alors qu'on peut tout faire. Autant essayer d'enrichir le truc le plus possible. C'est ce qu'il y a de plus marrant et de plus intéressant, et ça a l'air de plaire aux gens.
Sur la question des esthétiques musicales, la scène française actuelle se caractérise beaucoup par son absence de frontières musicales. Vous produisez un mélange d'électro-pop, de rock, de chanson, de hip-hop, de folk même... Comment travaillez-vous à rendre cette diversité esthétique cohérente avec l'identité du groupe ?
On est les premiers produits de cette génération-là. On a écouté beaucoup de choses grâce à internet forcément, beaucoup de playlists, des choses très variées, on traîne beaucoup sur Youtube. Dans le groupe, on n'écoute d'ailleurs pas les mêmes choses. Les trois-quarts des artistes qu'on côtoie sont comme nous et ça amène beaucoup de diversité. De toute façon, à quoi bon s'enfermer dans un style alors qu'on peut tout faire. Autant essayer d'enrichir le truc le plus possible. C'est ce qu'il y a de plus marrant et de plus intéressant, et ça a l'air de plaire aux gens.
On a la chance d'avoir un réalisateur dont la patte nous permet d'unifier notre son, le traitement des voix. C'est ce qui donne un résultat un peu compact même s'il y a plein de couleurs différentes. Mais c'est vraiment le texte qui nous permet de rendre tout ça cohérent. Avec des textes forts pour lier le projet, on pouvait donner une couleur différente à chaque chanson en fonction du sujet qu'on aborde. On s'est vite aperçu qu'autour de ces textes on pouvait être aussi très libres dans la production des morceaux, évoluer dans différents styles. Parce que la plume et les propos tiennent tout.
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