Du théâtre, une bière et l'addition s'il vous plaît !

Vous pouvez embrasser la mariée

KaFé-Théâtre de Saint-Galmier (KFT)

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Dossier café-théâtre / Petit Poucet du spectacle vivant, les cafés-théâtres du département sont peu nombreux, mais brillent aujourd’hui de leurs petits succès. Au menu de ces lieux hybrides : du théâtre d’humour à apprécier autour d’un verre ou d’un casse-croûte, du partage, de l’échange, de la convivialité… De la vie. Coup de projecteur sur ces salles, où le théâtre se veut populaire et le public hilare.

Un jeudi soir d’hiver, en plein centre-ville de Saint-Étienne. Au 4 de la rue Violette, là où certains entraient autrefois camouflés sous un chapeau bien enfoncé sur la tête ou derrière un journal pour mater un porno sur grand écran sans (trop) se faire repérer, on entre à présent à visage totalement découvert, sourire aux lèvres. Après un passé de cinéma interdit aux moins de 18, suivi de quelques années d’errance, le Triomphe, devenu entre temps la Comédie Triomphe, affiche en effet aujourd’hui les couleurs flamboyantes d’un café-théâtre. Joli plateau, lumières feutrées, fauteuils rouges, spectacles d’humour… À sa tête, Didier Oliveiro et sa compagne Marilyn Lattard, (associés au Grenoblois Julien Sigalas), font tourner ce lieu hors du commun depuis maintenant plusieurs mois. Comédiens de profession, expérimentés dans la gestion de petits théâtres, ces deux-là semblent avoir trouvé ici l’écrin pour monter leurs propres pièces et en programmer d’autres, à destination des adultes comme des plus petits.

À l’affiche ce jeudi, Je préfère qu’on reste amis, sixième pièce écrite par Laurent Ruquier et interprétée ici par Anthony Casabella et Christelle Perus. Deux comédiens professionnels inconnus du grand public, mais emportant l’hilarité de la salle durant près d’une heure et demie. Si ce soir-là, la fréquentation reste un brin timide, l’ambiance, elle, se veut sympathique, décontractée, chaleureuse. « C’est le jeu, soutient Didier avec beaucoup de calme. Parfois, on joue devant 120 personnes. Parfois, devant 16. Mais au moins, on joue. On a le mérite de le faire, de manière égale, quel que soit le remplissage. Et tout cela se compense plutôt bien, d’ailleurs. En un an, près de 20 000 spectateurs auront bientôt vu un spectacle chez nous. »

La convivialité par le verre (plein)

Au même moment, dans une ruelle obscure un peu à l’écart du centre-ville, ça joue aussi, devant une salle certes un poil moins grande, mais bien remplie. Un bar d’angle immense, une déco tout en vintage, des chaises et des tables dépareillées, des photos accrochées au mur, une scène surélevée, le tout enveloppé de tons chauds et accueillants... À la Ricane, ni le proprio, ni les comédiens, ni le public ne se prend au sérieux. Un parfum de décontraction flotte dans l’air, mêlé à une odeur de franche rigolade : ici, on vient pour se marrer, mais aussi pour échanger autour d’une bière ou d’un petit bout de sauc’, avant ou après le spectacle. « J’ai créé ce lieu en 2011, raconte Jérôme Chevoppe quelques minutes avant de monter sur scène. Je suis comédien, et j’ai eu envie de me sédentariser un peu. Et puis, l’aventure du café-théâtre tel que je le conçois me tentait bien. L’idée, c’était bien sûr de créer une salle de spectacle dédiée à l’humour, mais surtout, de créer un lieu de vie. J’essaie de programmer des pièces accessibles à tout le monde, qui soient presque un prétexte pour que les gens se retrouvent, puissent discuter, débattre de ce qu’ils vont voir ou de ce qu’ils ont vu. C’est pour cela qu’ici, il est possible de grignoter un morceau ou de boire un verre… »

Permettre aux spectateurs de profiter d’un petit temps avant la représentation pour manger un bout ou boire quelque chose, Marilyn et Didier y songent également, très sérieusement : « On prévoit de s’y mettre courant 2019, si on nous donne les autorisations. Marilyn a bossé dans la restauration, donc on sait exactement où l’on met les pieds. Cela nous permettrait de nous rapprocher encore un peu plus de l’essence du café-théâtre. »

Spectacles d’humour, petite restauration, convivialité, partage. Dans la Loire, Grégory Cometti fait lui-aussi partie de ceux que le concept a séduit. Comédien et producteur de spectacles, c’est à Saint-Galmier, dans l’une des salles du cloître, que ce Baldomérien d’origine a monté son KFT il y a maintenant 7 ans. Des one man ou seuls en scène, du théâtre de boulevard, des représentations du mardi au dimanche, 115 ou 120 places assises en fonction du soir et de la configuration, ici, on vient prendre un repas à table avant de se tourner vers la scène pour assister au spectacle du soir. Au KFT, le public, très divers, repart conquis dans quasi 100% des cas. « On est très souvent pleins, souffle Virginie, l’assistante du maître des lieux. Tellement, même, qu’on a été obligé de rendre la restauration obligatoire le vendredi et le samedi pour les spectateurs. Et ça ne désemplit pas pour autant ! »

Des programmations aux petits oignons

Un petit succès qui tinte aujourd’hui comme un grand, dans un département qui ne porte pas forcément en lui cette culture-là. « Initiation ». « Ouverture ». « Connaissance ». Pour les propriétaires de ces café-théâtre, certains de pouvoir cueillir la plupart des gens qui un jour franchiront leur porte, l’important est avant tout de se faire connaitre et de les convaincre de venir. « Quand je me suis installé, j’étais le seul, admet Jérôme Chevoppe. C’est vrai, Saint-Étienne n’est pas une ville de café-théâtre. Mais par-contre, c’est une ville où les gens aiment bien se marrer. Donc j’essaie de faire ça. De leur montrer que le théâtre, ce n’est pas forcément quelque chose d’inaccessible, que cela peut aussi être un lieu où on ne se prend surtout pas au sérieux. »

Le couple, c’est quelque chose qui fonctionne toujours. Le Gaga, aussi, à Saint-Étienne, forcément. Mais on essaie aussi de proposer d’autres choses, parfois en lien avec l’actualité.

Briser les a priori pour faire venir le public… Et le fidéliser grâce à une programmation bien ficelée, voilà finalement tout l’enjeu pour ces petites salles, dont la plupart ne sont pas subventionnées. « Construire une programmation, c’est toujours quelque chose de compliqué, confie pour sa part Didier Oliveiro. On essaie de faire venir des troupes de renommée nationale. On est attiré par ce qu’on aime, forcément, mais on fait aussi en sorte de choisir des choses qui vont plaire au public. Je crois qu’il y a des modes, des thèmes. Le couple, c’est quelque chose qui fonctionne toujours. Le Gaga, aussi, à Saint-Étienne, forcément. Mais on essaie aussi de proposer d’autres choses, parfois en lien avec l’actualité. Le café-théâtre, ce n’est pas du sous théâtre. C’est juste un genre à part entière, populaire et drôle. »


À venir pour les fêtes

À La Ricane : réveillon du 31 décembre : Barcelone-Amsterdam (à 18h, 20h et 22h)

À la Comédie Triomphe : des spectacles tout au long des vacances scolaires, y compris le 24 décembre / Réveillon du 31 : Sous hypnose à 18 heures et 19h20 ; Sous le sapin les emmerdes à 20h45, 22h15 et 23h45.

Au KFT : Vous pouvez ne pas embrasser la mariée, les vendredis, samedis et dimanches des vacances scolaires, ainsi que le soir du réveillon.

Au Théâtre Métamorphosis : Apéritif spectacle et soirée d'avant-réveillon avec Jan Madd de 19h à 21h

Au théâtre des Brankignols (rue Badouillère à Saint-Étienne) : soirée Claude François le 7 décembre / Soirées cabaret les 14 et 15 décembre / Festival de Noël pour les enfants du 27 décembre au 4 janvier / Cabaret transformiste spécial Fêtes le 21 décembre / Réveillon du 31 avec l'humoriste Laurent Charmetton

À L'Imprimerie-Théâtre de Rive-de-Gier : One woman show de Zout le 14/12 / Concert de Cyld le 15 / Sabrina, Romain et Théophile dans Une tranchée de vie le 21 / Soirée spéciale réveillon du 31

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