De Lisa Azuelos (Fr., 1h27) avec Sandrine Kiberlain, Thaïs Alessandrin, Victor Belmondo...
Jade va passer le bac. Et ensuite ? Direction le Canada pour ses études. Comme elle est la dernière des trois enfants à quitter la maison, sa mère Héloïse commence à angoisser à l'idée de la séparation. Et de la solitude : Héloïse vit sans mec, et a de surcroît un père en petite forme...
Il aura fallu à Lisa Azuelos une tentative d'éloignement d'elle-même (le faux-pas Dalida) pour se rapprocher au plus près de ses inspirations, et signer ce qui est sans doute son meilleur film. En cherchant à exorciser son propre “syndrome du nid vide“, la cinéaste a conçu un portrait de parent — pas seulement de mère ni de femme — dans lequel beaucoup pourront se retrouver : égarée dans l'incertitude du quotidien, redoutant le lendemain, son héroïne tente d'emmagasiner (avec son téléphone) le plus d'images d'un présent qu'elle sait volatil. Dans le même temps, elle est gagnée par une tendre mélancolie : des souvenirs de Jade petite se surimprimant par bouffées soudaines sur sa grande ado.
Grâce à ces flash-back doucement intrusifs, contaminant le présent par petites touches, Lisa Azuelos fait de cette histoire habilement montée un kaléidoscope d'émotions complexes, rehaussé par un dialogue sans faux-pli et des interprètes appréciables de naturel : on sent qu'ils “sont“, et non pas qu'ils jouent. Une très heureuse surprise.