La bière dans tous ses états

Faut Que Ca Brasse #03

Parc des expositions (Parc Expo)

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Depuis le regain d’intérêt pour la bière artisanale et le développement exponentiel des microbrasseries, le monde brassicole français demeure en pleine ébullition. À la veille de la très attendue troisième édition du festival Faut Que Ça Brasse, état des lieux et nouvelles tendances à la lumière de quelques experts.

Nous avons tout d’abord demandé à Emmanuel Gillard, auteur du site Projet Amertume et de l’annuaire La bière en France, une succinte analyse du marché français, que l’on serait en droit d’imaginer déjà saturé…. « Dans les années 80 la France comptait une trentaine de brasseurs, mais avec la relance de la microbrasserie on en est aujourd’hui à près de 1600 unités ! » En effet, tous les indicateurs économiques sont au vert : après 30 ans de chute régulière de la consommation, celle-ci progresse de nouveau avec une quatrième année de hausse consécutive et une augmentation cumulée de 20% sur seulement 4 ans. Pour faire face à la demande qui explose, la France doit recourir à des importations, notamment depuis la Belgique. « Preuve que pour l’instant les microbrasseries ne phagocytent absolument pas les gros producteurs comme Kronenbourg, Heineken ou Carlsberg qui concentrent encore 85% du volume : ils investissent des millions d’euros dans leurs sites de production et réembauchent. » Tandis que certaines grandes marques commencent à copier les codes de la brasserie artisanale, d’autres proposent des partenariats comme Pietra et la Brasserie du Pays Basque qui sont désormais distribuées par le groupe Kronenbourg. « Un autre indicateur intéressant montre que les ventes de bières ont augmenté de 11% l’an passé dans la grande distribution. Les grandes enseignes communiquent davantage sur l’aspect qualitatif et l’on voit déjà apparaître dans certaines d’entre elles de magnifiques caves en bois, réfrigérées, où sont installées les bouteilles les plus sensibles. Il s’impose maintenant à la France la nécessité de mettre en place une vraie filière de production de houblon et d’orge. « Son absence fait pour l’instant peser un bilan carbone catastrophique sur toute la filière. » Et bim !

à lire aussi : Houblonnement vôtre

Dernières tendances

Entre deux salons, Cyril Hubert, biérologue franco-suisse dresse pour nous les contours des dernières tendances. « Il y a depuis quelques temps déjà un vrai engouement pour les bières barriquées, vieillies dans des fûts qui ont auparavant contenu un alcool fort : rhum, cognac, calvados, bourbon, gin ou tequila. C’est une production qui demande plus de temps car le vieillissement est allongé de plusieurs semaines avant l’embouteillage. » Avec l’été qui arrive Cyril parie volontiers sur le succès des sour (prononcez sawer), ces bières acidulées et acides, très désaltérantes, avec lesquelles on découvre une multitude de saveurs et d’arômes. « J’ai récemment goûté au Mexique des bières au melon ou à la pêche et, en Suisse, une bière à la betterave ! » L’Indian Pale Ale a toujours la cote et se maintient grâce à l’apparition de sous-styles avec les White IPA, Black IPA ou Brut IPA. Cyril poursuit avec une autre tendance, mais cette fois-ci au niveau du contenant : « Même si elle peine à se défaire d’une image ordinairement liée aux bières industrielles, la canette fait son grand retour, plus facile à stocker. » Egalement sommelier de la bière, Cyril n’oublie pas de revenir sur les accords mets-bières, avec des ponts qui se dressent désormais en nombre entre la gastronomie et les breuvages houblonnés. « Enfin, les lagers semblent également revenir en force mais il va falloir garder un œil sur les nouvelles bières sans alcool qui peuvent réserver de belles surprises. »

Qu’est-ce qui se trame à Sainté ?

Notre histoire brassicole locale est aussi riche que méconnue, quasiment tombée dans l’oubli. En 1850, Saint-Étienne comptait 12 brasseries, dont les noms ne vous disent sans doute pas grand chose : Mosser et Striffling, Oppermann, Wilcké, Rinck et autre Schleps… A partir des années 50, plus rien, le néant, la seconde guerre mondiale semble avoir eu raison des derniers brasseurs. Aujourd’hui, il se crée régulièrement de nouvelles caves à bière et un bar dédié aux binouzes artisanales vient d’ouvrir dans les rues piétonnes du quartier Saint-Jacques. Il n’existe en revanche à Saint-Étienne qu’un seul brasseur… Dans les nouveaux locaux de la Brasserie Stéphanoise (quartier Bellevue), nous retrouvons Yann Petiteaux et Benjamin Valentin. Des collaborations ont été menées avec le magasin Geek & Beer, le Bieristan (bar et restaurant de Villeurbanne) ou la Farlodoise (brasserie de Chazelles-sur-Lyon). Yann précise : « Avec le magasin Forum, nous venons de brasser une bière noire à la vanille, une stout, à l’occasion du Disquaire Day. La Vinyla est un clin d’œil aux disques vinyls. » La Brasserie Stéphanoise vient de sortir trois variantes de la Baronte : une vieillie en fût de Cognac et l’autre de Bourbon, la troisième est une bière d’orage dans l’esprit des Barley Wine dont l’appellation est strictement protégée. « Les ateliers de brassage connaissent chaque week-end un vrai succès, nous allons prochainement installer un poste supplémentaire. » Avec quatre salariés à plein temps, l’entreprise se porte bien. Benjamin explique : « Nous produisons désormais environ 1 100 hectolitres par an, ce qui nous classe en quatrième position dans le département, derrière Les Brasseurs du Sornin, la Brasserie du Pilat et la Brasserie de la Loire. » Les Stéphanois commencent à être approchés par les grossistes locaux qui vont devoir s’adapter à un marché quelque peu bousculé. « La grande distribution nous fait aussi de l’oeil, à nous d’imaginer comment il sera possible de travailler avec eux tout en gardant notre esprit artisanal. » La gamme se concentre désormais sur neuf variétés de bières que l’on retrouve un peu partout entre Saint-Étienne et Lyon, dans les bars, les restaurants et les événements de la région.

Ça va brasser sévère

Organisé par l'association Faut Que Ça Brasse en partenariat avec Forez Boisson et Le Petit Bullletin, le festival stéphanois de la bière promet un alléchant programme pour sa troisième édition. Sont attendus 35 brasseries françaises ou internationales, 4 foodtrucks, des ateliers dégustation avec le biérologue Cyril Hubert, un beer escape game, une expo photo et bien entendu l’élection de la meilleure bière. Tout ça, en musique et dans la bonne humeur. Save the date : les vendredi 24 mai (17h à minuit) et samedi 25 mai (15h à minuit), au Hall B (parc expo plaine Achille).


Nouvelles tendances, nouveaux mots

Le ticker, aussi surnommé scooper, cherche à goûter le plus grand nombre de bières possible et par tous les moyens : magasins, bars, salons et festivals de bières (le paradis du ticker), achats à distance ou même voyages ! Le ticker tient à jour son nombre de ticks, crée des petites fiches, une pour chaque bière testée, sur un calepin qu’il a toujours sur lui : on ne sait jamais.

Le hand-bottling consiste à re-embouteiller une bière qui a été tirée d’un fût pour la boire plus tard à la maison, à gorge reposée, voire essayer de la revendre comme un produit rare !

Le Beer Geek est accroc à internet et surtout à l’application Untappd, cherche à goûter un maximum de variétés de bières mais veut aussi tout savoir sur les modes de fabrication.

Une DONG (acronyme pour Draft Only No Growler) est une bière exclusivement vendue à la pression, jamais en bouteille, forcément convoitée par les adeptes du hand-bottling.

Les One-Offs sont des bières brassées en édition ultra limitée, avec des recettes expérimentales et bien souvent des ingrédients rares voire franchement chelous !

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 26 avril 2022 Une bande d’amis partis de rien. Neuf copains qui, plutôt que d’aller pointer à l’usine, décident un beau jour (...)
Mardi 26 avril 2022 On évolue tous avec le temps. On grandit, on comprend, on change. Qu’en est-il de notre débarras ? Lieu de la cachette par (...)
Mercredi 13 avril 2022 Direction le restaurant de la Cité du Design pour un menu du jour digne d’une bonne brasserie avec une vue sur un jardin d’hiver étonnant.
Mardi 29 mars 2022 Par Sibylle Brunel. Quand les petites bêtises entrainent les grosses, il est difficile de prouver que l’on peut encore répondre à la norme. A-t-on seulement (...)
Mardi 29 mars 2022 Notre civilisation s’effondre, tous les scientifiques le disent. Oui mais alors… Que faire ? Vaste sujet, pourvu que l’on (...)
Jeudi 17 mars 2022 L’intégralité de la programmation du festival stéphanois a été dévoilée ce jeudi par les organisateurs de l’événement. Au menu cette année, une affiche teintée de découvertes, comme au bon vieux temps.
Mardi 15 mars 2022 Trois jours de musique, de concerts et de rythmes effrénés… Trois jours de joie, de partage, et de danses endiablées… Et puis aussi, trois jours de bière à grandes goulées (on le sait, pas la peine de se cacher). Cette année, au Foreztival, c’est de...
Mercredi 9 mars 2022 Lieu hybride, attenant à l'École de Design, cette cafétéria moderne constitue une adresse où les recettes n’ont pas de frontières tant qu’elles sont cuisinées avec des produits bios et locaux. Exemple avec le sandwiche du vendredi. Par Anaïs...
Mercredi 9 mars 2022 Lieu hybride, attenant à l'École de Design, cette cafétéria moderne constitue une adresse où les recettes n’ont pas de frontières tant qu’elles sont cuisinées avec des produits bios et locaux. Exemple avec le sandwiche du vendredi. Par Anaïs...
Mercredi 9 mars 2022 Entre création artistique et artisanat d’art, la frontière est souvent ténue. À Saint-Étienne, nombreux sont les créateurs aux doigts de fée qui font naître de leur esprit puis de leurs mains des objets originaux le plus souvent uniques. Nous sommes...
Mardi 1 mars 2022 Elle avait tout pour être heureuse, mais rien ne va se passer comme elle l'imaginait. Fougueuse, pleine d'envies, sortant du couvent à 17 ans avec une (...)
Mercredi 2 février 2022  Après une première moitié de saison d’une densité inédite, les théâtres attaquent 2022 sans baisser de rythme. Les six mois à venir seront riches comme rarement de découvertes et de grandes figures pour se clore sur la venue d’Ariane...
Mardi 1 février 2022 Pour un café du matin, un goûter de l’après-midi, un moment à partager ou encore un lieu sympa où télétravailler, les coffee-shops stéphanois ont chacun leur atout, mais un point commun : la gourmandise. Tour d’horizon des lieux sucrés du...
Mardi 1 février 2022 Un film de Emmanuel Gras (Fr., 1h45) Documentaire… (sortie 23 février) Quand à la fin 2018 débute le mouvement des Giles jaunes, le cinéaste Emmanuel (...)
Mardi 1 février 2022 L’atelier-musée La Maison du Passementier accueille pour deux mois encore l’exposition Roadscapes de Maxime Crozet. Le photographe-voyageur (...)
Lundi 3 janvier 2022 Tête connue de tous les musiciens stéphanois (et d’ailleurs), mec sociable et sympa, tatoué aux doigts de fée, Tony Bakk est de ceux qui, dans l’ombre, contribuent à la lumière des autres. Portrait d’un magicien du son.

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X