De Ralph Fiennes (G.-B., 2h07) avec Oleg Ivenko, Adèle Exarchopoulos, Raphaël Personnaz...
1961. Danseur au Kirov, Rudolf Noureev se distingue par son talent hors normes autant que par son caractère entier. En tournée à Paris avec le ballet russe, il se laisse griser par la vie à l'Ouest, suscitant l'ire du KGB. Au moment du départ, son destin va se jouer en quelques instants...
La sympathie immense que l'on éprouve pour le comédien Ralph Fiennes ne doit pas tempérer le jugement que l'on porte sur le travail de Fiennes Ralph, réalisateur amateur de grandes destinées — Coriolan, Dickens et maintenant Noureev. Car si la fresque qu'il nous livre ici possède bien des vertus mimétiques (choix d'un clone de “Rudy” pour le rôle-titre, soin méticuleux dans la reproduction d'un Paris de cartes postales ou de pub de parfum, jolies couleurs satinées d'époque etc.), elle évoque surtout ces cupcakes au glaçage impeccable mais dépourvus de saveur originale. Diluée dans ses deux heures bien tapées d'allers-retours temporels (un non-sens, quand on y pense, puisqu'il s'agit quand même de l'histoire d'un transfuge, donc d'un passage irrévocable d'un état/État à un autre), l'évocation touristique du Paris by Night souffre de la comparaison évidente avec Cold War, autrement plus charpentée. Quant au recours aux comédiens français, il rappelle ce bon vieux temps de europuddings, indigestes coproductions internationales fleurissant sur les écrans des années 1960. Aura-t-on pour finir un mot sur la représentation de sa vie sentimentale et de ses orientations homosexuelles ? Sans aller jusqu'à la pudibonderie grotesque limite révisionniste de Bohemian Rhapsody, on notera ici aussi comme des réserves. Si ces questions horizontales les chiffonnent tant, pourquoi les cinéastes s'obstinent-ils à faire semblant de les traiter ?