De Zabou Breitman & Eléa Gobbé-Mévellec (Fr., 1h33) avec les voix de Simon Abkarian, Zita Hanrot, Swan Arlaud...
Dans l'Afghanistan asservi par les talibans, le jeune couple formé par Mohsen et Zunaira tente de résister à la terreur quotidienne. Mais lors d'une dispute, la belle Zunaira tue par accident son amant. Elle est aussitôt incarcérée sous la garde du vieux Atiq, en attendant d'être exécutée...
À l'instar de Parvana, autre film d'animation renvoyant à l'Afghanistan des années de fer et de sang — hélas pas si lointaines — cette transposition du roman de Yasmina Khadra raconte plusieurs mises à mort, symboliques et réelles, consécutives à la prise du pouvoir par les talibans et à leur doctrine fondamentaliste. Certes, les autrices Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec prennent quelques libertés avec le texte initial pour “sauver“ un personnage, en lui octroyant ici des scrupules qu'il n'a pas à l'origine, mais elles ne dévoient pas globalement le sens de ce conte moral au finale aussi marquant symboliquement que visuellement.
Le choix de l'animation trouve ici toute sa légitimité : le trait discontinu enrobe les questions politico-religieuses dans une forme élégante et réaliste — sans l'être trop toutefois — ; quant à la douceur aquarellée des couleurs, elle tempère à bon escient la rudesse du propos, en suggérant
le sentiment diffus d'effacement, d'abrasion, frappant le pays.
Un mot pour finir sur les voix. Si l'on retrouve à la distribution sans surprise aucun Simon Abkarian (l'incontournable passe-partout moyen-oriental), on est en revanche peu habitué à reconnaître dans les personnages les traits physiques des comédiens qui les interprètent (Swan Arlaud, Zita Hanrot...) Un tel privilège est ordinairement réservé aux productions anglo-saxonnes.