Pop / Retour en forme olympique d'un très grand Katerine, livrant avec "Confessions" sa complexité évangélique comme on s'offre entièrement.
Allez donc le choper, le Katerine : réalisateur what the fuck (Peau de cochon) ; clown chez Gilles Lellouche et Éric Judor, panouillant chez Claire Denis ou Jonathan Demme ; ancien roi confidentiel de l'easy-listening intronisé mangeur de banane ; chevauchant de concert avec Arielle Dombasle et Alkpote, The Herbaliser et Pink Martini ; reprenant Mélissa sur l'album de duos de Juju Clerc ; freestylant sur Skyrock et publiant pour les enfants avec Julien Baer. Cela reviendrait à cartographier une psyché et un Surmoi artistique vastes comme un Texas éparpillé façon puzzle.
Surtout quand, en approche de sa tournée et en descente de son prodigieux album Confessions, on tombe un soir sur le gars Philippe trônant au milieu du jury de La France à un Incroyable Talent, invraisemblable Foirfouille cathodique crypto-circassienne à la croisée de contorsionnistes pré-pubères, de magiciens 2.0 et d'une ribambelle de zinzins imitateurs de cris de canard ou cracheurs d'eau. Et y consacrant, dictatorial, comme digne successeur de Dada, un allumé intersidéral adepte du poétum dont l'art consiste à pousser des cris en allemand entrelacés de comptines suraiguës sur fond de Johnny Hallyday.
Gifle et waza ari
Là, comme partout ailleurs, Katerine est tel un poisson dans l'eau, en équilibre précaire entre premier degré trivialissime et foutage de gueule présumé, et déjà ailleurs. C'est cela qui fait le sel de Confessions, digne successeur de Le Film, qui vous gicle à la face comme le parfait gloubiboulga, la boule de réjection, de toute chose précitée.
Un album gourmand (vingt titres et des collaborations avec Depardieu, Lomepal, Léa Seydoux, Angèle, Dominique A, Oxmo Puccino), musicalement inattaquable, intemporel tant il est calé en loucedé sur l'époque, où la mèche rabattue de sa fantaisie laisse encore un peu plus apparaître la dimension frontalement politique, de gifle adressée à Macron (BB Panda) en waza ari au racisme (Blond) et à l'homophobie (88%).
Où perce aussi une certaine mélancolie de la désillusion entre amer constat d'une génération aux mains crasseuses de trop se les être lavées (Bof génération) et triste hommage à la suivante, celle de ses enfants, encore pétris d'innocence dans ce monde de fracas (le poignant Bonhommes). Si Katerine pose sur la pochette une bite molle en guise de nez, ce n'est pas (que) pour la blague. Juste sa manière de signifier qu'il se présente à poil et que là est le vrai Katerine, complexe comme bonjour.
Philippe Katerine [+ Eveno], vendredi 31 janvier à 20h30 au Fil