Documentaire De Diako Yazdani (Fr., 1h27)
Kojin, la petite vingtaine d'années, assume devant la caméra son homosexualité. Un courage exceptionnel pour ce jeune Kurde vivant dans une culture où cette orientation suscite un rejet violent, voire peut provoquer la mort de celui ou de celle qui l'affiche au grand jour...
Entre cri de colère et démarche pédadogique, ce documentaire de Diako Yazdani relève les archaïsmes et hypocrisies dans lesquels vit son peuple. Atterré par la somme de préjugés et d'idées fausses hérités de la culture tribale comme de la religion, le réalisateur (lui-même kurde d'Iran, réfugié politique en France) s'emploie à provoquer des conversations autour du sujet avec ses compatriotes, en présence de Kojin — seul gay à se montrer à visage découvert. Le résultat s'avère tristement édifiant : entre gêne hostile (« les gens comme toi, je les tue ») et compassion fataliste (« tu n'as qu'à te faire opérer pour devenir une femme »), rares sont les voix à soutenir la liberté intime du jeune homme. La triste palme revient à un imam autoproclamé guérisseur qui, lors de deux entretiens, développe un salmigondis ésoterico-ananatomico-religieux et assume des déclarations péremptoires aussi fantaisistes que contradictoires.
On ne révélera pas l'ironie de la “position“ de la majorité des Kurdes quant aux pratiques homosexuelles — le film livre un témoignage assez stupéfiant à ce sujet —, en revanche on soulignera celle qui voit Kojin demander l'asile politique en Europe pour éviter la répression... et qui le maintient enfermé depuis deux ans dans un centre de rétention allemand, en attendant de statuer sur son sort...