Danse / Après une "Cendrillon" d'anthologie suivie de "La Belle et La Bête" et "Noé", Thierry Malandain nous offre sa dernière création, le sublime ballet "Marie-Antoinette" qui raconte à sa façon la vie incroyable de cette reine venue d'Autriche.
Thierry Malandain pouvait-il retracer la totalité du destin de Marie-Antoinette ? « Pour entamer ce pan de l'histoire, dit-il sur le site concertclassic.com, j'aurais dû toucher au politique et cela devenait trop énorme, trop complexe. » Le chorégraphe a donc choisi de se concentrer sur différents moments qui ont marqué le quotidien de la reine à Versailles. Il dresse en 14 tableaux émouvants et délicats une fresque qui va de son arrivée à la cour à 14 ans où, un soir d'orage, est célébré son mariage avec le futur Louis XVI âgé de 15 ans, à l'envahissement de Versailles par des "gilets jaunes" de l'époque et à l'échafaud. Pour la musique qui permet de cerner l'héroïne, Haydn, que Marie-Antoinette affectionnait particulièrement, s'est imposé. Malandain, qui a "'art de mettre au diapason les entrechats et les coups d'archets", a choisi trois de ses symphonies intitulées n.6 Le Matin, n.7 Le Midi, n.8 Le Soir, faisant parfaitement écho au destin de Marie-Antoinette.
Versailles, les fastes d'un monde enfui
Thierry Malandain ne prétend pas faire revivre le destin de la dernière reine de France. « Transcrire en mouvements l'histoire de l'infortunée Autrichienne est un exercice périlleux, confie-t-il au magazine La Vie, ce personnage historique n'étant pas vraiment un personnage de danse » et il ajoute : « la seule façon pour moi de traiter ce sujet était de faire de Marie-Antoinette, un être humain, de la faire exister à ma façon sans changer l'Histoire. » Il la regarde non pas comme la reine au destin tragique mais comme une femme, amoureuse des arts et des belles lettres, une harpiste passionnée par la musique, la danse, le théâtre. Malandain nous livre un portrait de femme d'une rare finesse, riche en émotions partagées par tout être humain. N'importe quelle adolescente serait attirée par les divertissements offerts par la cour de Versailles, les belles dames, les toilettes somptueuses évoquées dans la superbe scène où d'immenses éventails dorés entourent la reine d'un magnifique écrin. De la jeune reine Malandain retient la joie de vivre, le goût de la beauté, des fêtes, l'insouciance mais aussi en arrière-plan la douleur d'une femme dédaignée par un mari plus intéressé par la chasse que par sa jeune épouse qu'il n'honorera pas pendant sept ans, les affres de la jalousie à l'égard de la Du Barry, l'attendrissement qui s'exprime sur un très bel extrait de l'Orphée et Eurydice de Gluck, à la vue de son premier enfant. Thierry Malandain ressuscite l'atmosphère de la cour de Versailles par de magnifiques images et fidèle à la scène stéphanoise, il transporte le spectateur enchanté par sa danse dans un imaginaire fastueux.
Marie-Antoinette, jeudi 26 mars, à l'Opéra de Saint-Étienne