"La Bonne Épouse" : L'école des femmes

La brutale disparition de son époux oblige Paulette Van Der Beck à prendre les commandes de l’école ménagère familiale en déclin qu’il était censé diriger. Mais en cette veille de mai-68, les jeunes élèves ne tiennent plus à devenir des fées du logis soumises en tout point à leur mari…

Sortant avec une certaine malice quelques jours après que l’on a célébré la Journée internationale des droits des femmes, La Bonne Épouse rappelle avec un second degré évident les vertus et commandements jadis prodigués aux jeunes filles ; le hiatus entre les us de l’époque patriarcale serinés par une institution vitrifiée dans la tradition et l’éclosion d’une nouvelle société n’en paraît que plus comique !

Dans cette ambiance provinciale patinée façon Choristes, Martin Provost bénéficie de surcroît d’un trio féminin de choc : Juliette Binoche (apprêtée et maniérée comme Micheline Presle dans Les Saintes Chéries) en directrice prenant la vague de l’émancipation féminine, Yolande Moreau en vieille fille éberluée par ces changements insolites et surtout Noémie Lvovsky en bonne-sœur revêche, évoquant un Don Camillo en guimpe — parfaite dans ce registre qu’on ne lui connaissait pas encore.

Cœur sensible, Provost complète son histoire d’une romance aux accents de mélo-fantaisie ; malgré le charme combiné de Juliette Binoche et d’Édouard Baer, elle n’apporte rien. Il aurait plutôt dû approfondir la dimension comédie musicale qui clôt le film de manière un peu trop lapidaire. Le sujet, l’époque, les interprètes et surtout le compositeur — l’excellent Grégoire Hetzel — auraient sans nul doute été favorables à cette option qui n'eût pas dénaturé l’approche caustique du cinéaste.

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