Animation / De Anders Matthesen & Thorbjørn Christoffersen (Dan., 1h21)...
Depuis que sa mère s'est remise en ménage, Alex a hérité d'un “demi-frère“ de son âge qui le tyrannise à la maison et au collège. Quand son oncle excentrique lui offre une poupée de ninja magique ramenée de Thaïlande, Alex pense tenir sa revanche. Mais la contrepartie sera rude...
La toute neuve société de distribution Alba Films tient sa première authentique pépite avec ce long métrage danois méritant d'être le succès d'animation de l'été 2020. Mon ninja et moi marque en effet une réjouissante révolution dans l'univers plutôt corseté et policé des productions destinées au “jeune public” — vocable flou qui rassemble bambins jusqu'aux ados. À présent que tous les studios d'animation ont globalement atteint une excellence technique comparable à celui développé par Blue Sky, Dreamworks ou Pixar et uniformisé leur style graphique, le récit (et son traitement) est devenu l'ultime refuge de la singularité. Un retour aux fondamentaux pour spectateurs blasés des prouesses visuelles asymptotiques.
Auteur et coréalisateur de Mon ninja et moi, Anders Matthesen donne le ton dès le début en montrant des enfants exploités dans une usine thaïlandaise, clairement maltraités pour fabriquer les jouets des petits Occidentaux : la mondialisation expliquée par une relation de cause à effet, sans parabole émolliente. De la même manière seront abordés d'autres thèmes aussi sérieux que le harcèlement scolaire, la recomposition familiale, le bio, les profs, la pré-sexualité adolescente (les premiers flirts, quoi), la vengeance, la dépendance aux drogues diverses, avec un sens d'à-propos et une fluidité laissant pantois. Politiquement incorrect en diable, ce film qui multiplie les audaces en se coltinant des sujets tabous, est surtout l'un des plus hilarants vus sur les écrans depuis des années ! Gags à foison, situations et personnages burlesques, niveaux de lectures multiples au premier et second plan... Voilà ce que l'on espère d'un authentique film familial : on est ici comblé.