de Haifaa Al Mansour (All.-Ar. Saou., 1h45) avec Mila Alzahrani, Nourah Al Awad, Khalid Abdulrhim...
Médecin dans une petite clinique locale d'Arabie saoudite, Maryam veut exercer à Riyad. Hélas, faute d'autorisation paternelle, elle ne peut pendre l'avion pour aller présenter sa candidature. Cette ultime vexation sexiste la convainc de se porter candidate aux élections municipales...
Qu'on ne vienne plus jamais prétendre que les artistes, romanciers ou cinéastes, ne captent rien de l'air du temps ; qu'elles et ils vivent déconnecté·es des préoccupations de ce bas monde. Voyez Haifaa Al Mansour, qui parvient en un film de traiter à la fois de la situation calamiteuse des hôpitaux, du sexisme systémique dans certaines sociétés (ou entreprises, le propos peut s'élargir) et des minables combinaziones minant le jeu prétendument démocratique des élections. Qui aurait imaginé que le royaume wahhabite était à ce point proche de nous ?
Après une parenthèse anglo-saxonne ne l'ayant pas privée de poursuivre son questionnement l'état de la condition féminine, la réalisatrice de Wadjda renoue donc ici avec son Arabie saoudite natale dont elle expose le paradoxal conservatisme, et les absurdités qu'il entraîne : un malade préférant mourir qu'être ausculté par une femme, une réunion politique se tenant en visio-conférence alors que la candidate est dans la tente d'à-côté... Mais elle montre aussi l'encourageante existence de ces libéraux qui, aux côté des militantes, font évoluer les mentalités en convainquant les autres hommes de renoncer à leur androtropisme — tel le père de Maryam, musicien et poète battant la campagne en tournée avec son groupe pendant que sa fille mène la sienne. Encourageant, au finale...