Cécile Laloy – In/danse/ité

Portrait / La chorégraphe et danseuse Cécile Laloy fait vivre son art au sens premier du terme, avec fragilité et humanité. Une artiste également attachée au territoire ligérien dans lequel elle évolue et créé depuis 2013. La preuve avec sa dernière production IE [famille] qui verra le jour en mai 2021 en primeur à la Comédie de Saint-Étienne.

Dès qu’on évoque son travail, Cécile Laloy a les yeux qui s’illuminent. On y perçoit une passion et un engagement total, qui collent bien à son parcours artistique et aux créations qu’elle a déjà proposées au public au cours des dernières années. Née en région parisienne, Cécile Laloy a beaucoup voyagé avec sa famille via des déménagements successifs en Auvergne et Rhône-Alpes. « J’ai un parcours assez conventionnel, explique-t-elle. J’ai fait de la danse classique petite mais c’est au lycée que j‘ai eu envie de pousser un peu en allant dans un lycée aux horaires aménagés. Nous avions école le matin et danse l’après-midi. Puis j’ai intégré le CNSMD, Conservatoire National Supérieur Musique et Danse de Lyon. »

«Les arts martiaux possèdent un rapport au concret, ce qui me manquait parfois dans la danse. »

Kung fu, clown et fragilité humaine

Un parcours en effet assez classique, mais finalement pas tant que ça, puisque la chorégraphe ne s’est pas seulement nourrie des pas chassés et d’arabesques. « Parallèlement à ce cursus, j’ai fait beaucoup d’arts martiaux (notamment du kung fu) et du clown. » Deux disciplines qui lui ont permis d’appréhender la danse depuis un autre point de vue. « Les arts martiaux possèdent un rapport au concret, ce qui me manquait parfois dans la danse, dans laquelle on met beaucoup en valeur l’esthétique du geste, détaille Cécile Laloy. J’avais également un maître d’arts martiaux qui travaillait beaucoup avec la pensée pour transformer le geste. Cette approche me nourrit encore aujourd’hui dans le sens où ce n’est pas l’architecture du mouvement qui est important, c’est la manière dont il est pensé. Un geste doit être rempli pour être efficace. Il faut être concentré et être à ce que l’on fait. »

Parallèlement, la pratique du clown est venue compléter l’apprentissage d’une danse ample et riche. « Le clown est l’art d’être au présent dans toute sa complexité et sa fragilité. Le but étant de faire de cette fragilité une force, de pouvoir jouer avec n’importe quoi, même des accidents par exemple. Tout en ayant un travail pur, qui ne trompe jamais. » Le parallèle entre danse et clown n’est finalement jamais loin pour Cécile qui y voit même des similitudes assez claires. « Dans la danse, il y a un côté clown dans la manière dont le corps est mis dans certains états, parfois outranciers, qui prête à rire. » Un rire qui caractérise toujours l’approche de la chorégraphe qui nous confie porter un œil tendre sur la fragilité humaine et de la vie. Un côté que l’on peut apercevoir dans son travail et ses créations où les danseurs sont à l’image des gens de tous les jours, parfois bancales et pouvant trébucher.

La claque de la danse contemporaine

Le CNSMD est le lieu où Cécile Laloy perfectionnera son approche du geste tout en s’ouvrant à d’autres formes de danse. « En 1995, j’y ai découvert la danse contemporaine par des exercices de composition que nous faisions. J’ai toujours été encouragée dans ces travaux. Nous avions des cartes blanches permettant de mettre en place des petites pièces. » C’est à la fin de son cursus au CNSMD que Cécile se fait remarquer avec un solo qu’elle crée : Jane t’attend. Elle est invitée à effectuer une résidence chez RamDam, le centre d’art créé par Maguy Marin, pendant laquelle elle invite quatre musiciens et trois autres danseurs à travailler avec elle. Le groupe travaille pendant un mois sur les différents rapports au public puis décide de continuer à quatre (Johanna Moaligou, Damien Sabatier et Clément Layes accompagnant Cécile Laloy) et former la compagnie ALS – pour Amicale Laïque et Sportive – en 2003. Un nom qui fait sourire et qui recoupe le côté clown tout en essayant de montrer le côté accessible de la danse contemporaine.

« Je souhaitais parler du rapport à la famille, du non-dit et de l’atavisme générationnel. »

Créer et raconter

De Jane t’attend en 2003 jusqu’à son arrivée à Saint-Etienne, Cécile Laloy produira quatre autres pièces, toujours hybrides, mêlant la plupart du temps danse et musique live : Histoires d'impressions en 2005, Il pleut en 2008, Menteuse en 2010 et surtout Façade(s) en 2012 avec Florence Girardon. C’est par ce dernier travail au contact des habitants de Saint-Étienne que Cécile Laloy sera amenée à se rendre plusieurs fois dans la préfecture ligérienne pendant plus de sept mois. C’est un coup de cœur et elle décide de s’y installer en 2013. « J’aime cette ville, assume-t-elle sans emphase. J’y ai reçu un bel accueil de la part des habitants et c’est une ville à taille humaine, permettant d’avoir une vie de famille de qualité. » Elle y implante ALS par la même occasion et créé Clank’s, un concert-danse constituant la première pièce dans laquelle elle est chorégraphe sans apparaître au plateau. À son arrivée, coïncidence heureuse, La Comédie cherche un artiste-intervenant en danse. Elle saute sur l’occasion. Une expérience qu’elle poursuit encore aujourd’hui avec passion et envie. Une mission qui lui permet d’une part d’explorer le travail du corps au théâtre avec les étudiants mais également de travailler cela avec des metteurs en scène.

En outre, elle poursuit son travail de création avec ALS et délivre plusieurs pièces qui connaîtront un franc succès dont un fameux dyptique sur les relations amoureuses : Duo et L’Autre en 2017 et 2018. On y retrouve un côté burlesque mais aussi toujours cette volonté de raconter, en vérité. Une recherche chorégraphique qui s’appuie sur des histoires à la limite entre le réel et l’imaginaire, comme se profile sa dernière création IE [Familles] qui verra le jour en mai 2021 toujours à La Comédie de Saint-Étienne. IE (à prononcer yé) étant un mot japonais qui désigne le foyer ou la famille dans sa globalité, sans limite temporelle. « Je souhaitais parler du rapport à la famille, du non-dit et de l’atavisme générationnel », explique-t-elle. Une pièce écrite comme une enquête au sein d’une famille, où le corps parle plus que les mots. Un conte chorégraphique profond, comme Cécile sait si bien les faire.

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