La nostalgie n'est plus ce qu'elle était ? Pas si sûr si l'on observe deux premiers longs métrages très dissemblables en apparence, mais qui singulièrement ressuscitent la même époque cinématographique : celle des années quatre-vingt, fécondes en formalistes et esthètes de tous poils. Prenons le charmant Playlist de Nine Antico, pérégrinations amoureuses et professionnelles d'une apprentie dessinatrice, au rythme de vinyles soigneusement choisis. Avec son noir et blanc léché, ses appartements-terriers-chambres, son regard sarcastique sur le monde de l'édition, la peur de ses personnages de basculer d'adulescents à adultes (Sara Forestier, à sa place dans le rôle principal) et leur indolence attachante, Playlist révèle d'étonnantes similitudes avec la jeunesse d'antan.
Tout autre registre que celui du Dernier Voyage de Romain Quirot, fable d'anticipation fantastico-dystopique — genre peu fréquenté par les cinéastes français, sans doute parce qu'il réclame une vision et des moyens à l'avenant pour être un minimum crédible. D'essence rétro-futuriste (c'est-à-dire biberonné au post-apocalyptique millerien et au space opera lucasso-bessonnien), rehaussé d'une distribution solide (Hugo Becker, Jean Reno poussif, Paul Hamy inquiétant en néo Pascal Gregory et la jeune Lya Oussadit-Lessert en garçonne de service), d'un argument écolo-new age qui pourrait lui aussi venir de l'aube des eighties, cette version longue d'un court métrage fait habilement le job. Quirot devrait logiquement refaire parler de lui à l'avenir...