Mohamed Naitl ‘Khadir : « Déployer plus d'actions en faveur de la création et du public »

Grand entretien / À 42 ans, Mohamed Naitl ‘Khadir est le responsable culture au Chambon-Feugerolles depuis 2013. Mais il s’implique plus largement dans la vie culturelle ligérienne avec notamment un poste de co-président de l’association Loire en Scène. Nous avons voulu prendre avec lui le pouls du secteur culturel alors que les spectacles et la vie culturelle en présence du public reprennent progressivement.

Quel est votre parcours ?

Je suis un pur produit du Chambon-Feugerolles, né là-bas. Concernant mes études, j’ai suivi un cursus de droit à la fac de Jean Monnet à Saint-Etienne. En parallèle de mes cours, je gravitais autour de l’école de musique, en participant à l’organisation d’événements musicaux. C’est là qu’est née ma vocation pour le secteur culturel. J’avais même créé avec quelques amis une structure de deejaying. En parallèle, je suis tombé sur une opportunité d’emploi-jeune au Chambon-Feugerolles en 2000. Je fais partie de cette génération qui a pu bénéficier de ce dispositif.

C’était déjà un poste dans le secteur culturel ?

Oui, mais j’avais auparavant postulé à un emploi-jeune afin de redynamiser la vie économique locale. Malgré un très bon entretien, je n’avais pas été retenu. Mais Stéphane Frécon, le directeur de la culture de l’époque au Chambon et qui faisait alors partie du jury, avait gardé mon CV. Six mois après, il m’a rappelé et m’a proposé un poste. J’ai tout de suite accepté. Stéphane m’a mis le pied à l’étrier et c’est là que tout a commencé pour moi. Deux ans après mon arrivée, j’ai ensuite été chargé de la coordination de la saison culturelle. Puis, dans les dossiers importants que j’ai suivis, il y a eu celui de la réhabilitation de la salle La Forge en 2006 puis de l’espace culturel Albert Camus en 2009. Désormais, un de nos objectifs est de faire labelliser ce dernier équipement en tant que scène conventionnée régionale. Je dépose chaque année le dossier, nous répondons à tous les critères, mais la crise sanitaire a rendu un peu floues les perspectives.

Depuis 2013, vous êtes responsable du service culturel du Chambon-Feugerolles. Quelle est votre mission exactement ?

C’est la mise en place d’une politique culturelle en lien avec les élus. Tout simplement.

Il faut trouver un équilibre entre les attentes des élus et les envies des techniciens.

Vous n’avez pas connu de grand changement d’équipes d’élus jusqu’à aujourd’hui. Si jamais cela arrivait un jour, qu’est ce que cela engendrerait pour votre poste ?

C’est une nouvelle relation à créer avec les nouveaux élus. Il y a un accompagnement. Il y a le politique d’un côté et le technique de l’autre dans une municipalité. Et c’est main dans la main que l’on construit une véritable politique culturelle. Il faut trouver un équilibre entre les attentes des élus et les envies des techniciens. J’essaie de faire le lien entre les deux.

Vous êtes aussi investi dans Loire en Scène. Mais qu’est-ce donc ?

C’est une association loi 1901 qui regroupe des responsables de lieux culturels, de lieux de création et de diffusion artistique. Nous avons une vraie préoccupation commune envers l’engagement culturel au sens large. Cela regroupe le soutien à la création, la notion des publics et le soutien aux compagnies ligériennes. Nous sommes un lieu ressource avec une veille sur l’évolution de nos métiers en échangeant par exemple sur la législation. Petit à petit, nous avons également monté des opérations depuis le moment où nous avons réactivé l’association il y a une dizaine d’années. Aujourd’hui, nous avons trois événements phares. Tout d’abord, la Saison des Matrus qui correspond à la mutualisation des dates jeunes publics des 17 structures* présentes dans Loire en Scène. Cela permet d’avoir une programmation jeune public pour tous et toute l’année. Ensuite, la journée pros dont la prochaine se déroulera le 11 octobre à La Ruelle à Saint-Etienne, et qui permet une présentation des projets de création. Le 11 octobre ce sera pour préparer la saison 2022/2023. Nous essayons de soutenir la création locale et régionale au début du processus. Enfin, nous avons la Saison des Créations où nous mettons en avant des spectacles que nous co-produisons.

Vous êtes arrivé à la tête de Loire en Scène en janvier 2020, deux mois à peine avant le premier confinement. Quel regard portez-vous sur toute la période que nous venons de vivre ?

Je crois que la culture a été le deuxième secteur le plus impacté par la crise. Nous nous sommes retrouvés à Loire en Scène, avec la nécessité d’échanger. D’où l’importance d’être un lieu ressource. Chacun a pu partager ses craintes, les manières dont il s’est adapté afin de continuer à travailler un peu, … C’est vrai que nous avons été plutôt importants par ce côté solidaire et pour que chacun ne se sente pas seul, même si nous avions tous d’autres connexions à des réseaux divers.

Nous réunissons, en temps normal, entre 130 000 et 150 000 spectateurs par an dans nos salles.

Concernant les reports de dates, le casse-tête que cela peut engendrer… comment Loire en Scène aide ?

Sur les créations, nous nous concertons pour savoir qui fait quoi et comment. Là où cela a été très intéressant, c’est sur la démarche de soutien auprès des compagnies en indemnisant, en ouvrant à la résidence, en réorientant… Sur une année, nous coproduisons entre 70 à 80 projets, avec un budget artistique de 3 à 4 millions d’euros, sans compter La Comédie de Saint-Etienne. Nous réunissons, en temps normal, entre 130 000 et 150 000 spectateurs par an dans nos salles.

Comment fait-on pour construire une nouvelle saison avec tous ces reports et problématiques soulevés par la crise ?

Avec les élus du Chambon et de l’intercommunalité, nous avons travaillé au semestre. Lorsque tout s’est arrêté en mars 2020, nous avons choisi de partir sur des demi-saisons en 20/21 car nous n’avions pas de visibilité. Nous avons travaillé différemment et nous continuons de cette manière pour 21/22.

Concernant les autres structures de Loire en Scène, où en est-on ?

On sent que ce sera complexe car il risque d’y avoir des embouteillages. Mais on sent aussi une envie de faire davantage. C’est d’ailleurs dans ce sens que va le plan de soutien solidaire que nous avons mis en place. Ce plan de relance est inédit et va nous permettre de déployer plus d’actions en faveur de la création et du public. La Comédie et son nouveau directeur Benoît Lambert ont beaucoup aidé pour monter ce dispositif. Aujourd’hui, on est sur un plan de relance entre 160 000 et 200 000 euros. L’objectif est d’apporter un soutien aux compagnies et ne pas laisser les plus petites sur le bas-côté.


*Les 17 structures adhérentes de Loire en Scène sont : Théâtre du Parc (Andrézieux-Bouthéon), la saison culturelle du Chambon-Feugerolles, la saison culturelle de Firminy, l’espace culture La Buire – L’Horme, la saison culturelle de Monistrol-sur-Loire, le Théâtre des Pénitents (Montbrison), le Centre culturel de la Ricamarie, le Chok Théâtre, le théâtre Le Verso, La Comédie de Saint-Etienne, la saison culturelle de Saint-Genest-Lerpt, La Passerelle (Saint-Just Saint-Rambert), la saison intercommunale Sorbiers/Saint-Jean-Bonnefonds (L’Echappé et La Trame), la saison culturelle de la CoPLER, Le Sou (La Talaudière), le Théâtre de Roanne et la saison culturelle de Saint-Chamond,

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