Ce mois-ci sur vos écrans

À voir

★★★☆☆ Aristocrats

Issue de la haute bourgeoisie tokyoïte, Hanako n’a pas encore convolé à 30 ans. Elle consent au principe d’un mariage arrangé et tombe sur un homme en apparence parfait. Mais elle va découvrir qu’il entretient une relation de longue date avec une autre, qu’elle va rencontrer…

Débutant comme conte de fées dans les cercles les plus intimes du beau monde nippon — mélange entre le gotha européen et les richissimes familles gravitant autour de Central Park peuplant les films de Woody Allen — cette histoire chapitrée oblique pour montrer le fossé entre un ghetto aristocratique vitrifié dans ses traditions (et ses hypocrisies) et les nouvelles générations plus perméables au monde mais aussi concurrencées par l’émergence d’une nouvelle classe intermédiaire-supérieure venue de province qui “s’est faite toute seule“ et se moque de la sujétion passée : l’héroïne du début n’est pas la même que celle de la fin. Tout cela est traité avec beaucoup d’élégance feutrée, drapé dans une double histoire sentimentale, avec un flash-back qui va bien et surtout des comédiennes remarquables chacune dans leur emploi. Un édifiant guide sociologique du Japon contemporain.

Un film de Yukiko Sode (Jap., 2h05) avec Mugi Kadowaki, Kiko Mizuhara… (sortie le 30 mars)


★★★☆☆ Retour à Reims (Fragments)

De l’après-guerre à nos jours, l’évolution des classes populaires sur tous les plans (domestique, politique, professionnel, éducatif etc.) à travers l’exemple de Reims observé par un sociologue ex-enfant du pays.

Très efficace mash up rappelant l’hallucinant Ne croyez surtout pas que je hurle de Frank Beauvais, Retour à Reims (Fragments) illustre — sans surprise — le texte d’Eribon. Un texte qui a déjà connu une postérité théâtrale mais qui ici, grâce une foultitude d’images d’archives, trouve une vie, une profondeur, une présence nouvelles que n’entame pas le commentaire lui par Adèle Haenel sur ton neutre, quasi durassien. L’objet produit échappe à la catégorisation : ni adaptation, ni tout à fait relecture, il offre dans sa singularité de patchwork une très judicieuse vision générale d’une histoire collective. Davantage qu’une illustration, ce fragment est en fait une extension : comme une figure fractale portant dans une partie l’image de sa totalité.

Un documentaire Jean-Gabriel Périot (Fr., 1h23) avec Adèle Haenel… (sortie le 30 mars)


À la rigueur

★★☆☆☆ Funambules

Ils sont quelques-uns à vivre dans un monde décalé par rapport à la “norme“, un monde où ils ont trouvé une forme d’équilibre qui ne les fait pas trop souffrir mais qui inquiète tout de même leur entourage. Ilan Klipper les filme dans leur quotidien, leurs rituels, en adoptant pour chacune et chacun une écriture ou une esthétique visuelle idoine. L’effet kaléidoscopique est certes opérant, mais le manque de contextualisation peut égarer franchement un spectateur peu familier des questions de handicap — or tout le problème est de permettre une meilleure perméabilité entre des mondes disjoints.

À noter en complément de programme un court métrage du même Klipper interprété par feu le chanteur Christophe dans le rôle d’un vieux musicien solitaire plus ou moins sous curatelle, borborygmant des syllabes décousues pour manifester son refus d’avoir affaire avec le personnel hospitalier. Il forme comme un sas entre Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête (son long précédent) et Funambule, dessinant un portait global de la perte de phase avec la réalité, allant de la fiction métaphorique au documentaire de création.

Un documentaire Ilan Klipper (Fr., 1h15) avec Aube Martin, Marcus, Camille Chamoux… (sortie le 16 mars)


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