Au cinéma le 30 mars

À voir

★★★☆☆ En corps

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À 26 ans, Élise est au sommet de son talent de danseuse classique. Mais une blessure vient remettre en question ses projets voire sa carrière. Forcée de se ménager, elle part aider un couple d’amis cuisinant dans une résidence d’artistes, laquelle va accueillir une troupe contemporaine…

Après Deux moi qui, en racontant des coexistences parallèles, métaphorisait le confinement par une espèce d’insolite prescience, En corps évoque une reconstruction post-traumatique via un nouveau départ fructueux. Il suit en cela le précepte positiviste de Elbert Green Hubbard : « quand la vie vous donne des citrons, faites-en de la citronnade ». Cette quête d’un rebond (la moindre des choses pour une danseuse), est aussi une invitation à contempler et savourer la diversités des émotions suscitées par le beau — qu’il s’agisse d’esthétique, de gastronomie, de vie amoureuse. Transparent jusque dans l’homophonie de son titre, En corps applique son éloge du recommencement et de la seconde chance à ce qui constitue l’un des morceaux de bravoure du cinéma klapischien : son générique inaugural, toujours particulièrement ouvragé. Ici, quelques cartons sobres font office de faux-départ avant que les “vrais“ titres marquent l’ouverture du film de manière audio-visuellement spectaculaire, entre générique de James Bond et synthèse des thématiques fétiches traversant l’œuvre (et donc celle-ci) du cinéaste. De l’élégance dans la cohérence.

Un film de Cédric Klapisch (Fr., 1h58) avec Marion Barbeau, Hofesh Shechter, Denis Podalydès…


★★★☆☆ Aristocrats

Issue de la haute bourgeoisie tokyoïte, Hanako n’a pas encore convolé à 30 ans. Elle consent au principe d’un mariage arrangé et tombe sur un homme en apparence parfait. Mais elle va découvrir qu’il entretient une relation de longue date avec une autre, qu’elle va rencontrer…

Débutant comme conte de fées dans les cercles les plus intimes du beau monde nippon — mélange entre le gotha européen et les richissimes familles gravitant autour de Central Park peuplant les films de Woody Allen — cette histoire chapitrée oblique pour montrer le fossé entre un ghetto aristocratique vitrifié dans ses traditions (et ses hypocrisies) et les nouvelles générations plus perméables au monde mais aussi concurrencées par l’émergence d’une nouvelle classe intermédiaire-supérieure venue de province qui “s’est faite toute seule“ et se moque de la sujétion passée : l’héroïne du début n’est pas la même que celle de la fin. Tout cela est traité avec beaucoup d’élégance feutrée, drapé dans une double histoire sentimentale, avec un flash-back qui va bien et surtout des comédiennes remarquables chacune dans leur emploi. Un édifiant guide sociologique du Japon contemporain.

Un film de Yukiko Sode (Jap., 2h05) avec Mugi Kadowaki, Kiko Mizuhara… (sortie le 30 mars)


★★★☆☆ Retour à Reims (Fragments)

De l’après-guerre à nos jours, l’évolution des classes populaires sur tous les plans (domestique, politique, professionnel, éducatif etc.) à travers l’exemple de Reims observé par un sociologue ex-enfant du pays.

Très efficace mash up rappelant l’hallucinant Ne croyez surtout pas que je hurle de Frank Beauvais, Retour à Reims (Fragments) illustre — sans surprise — le texte d’Eribon. Un texte qui a déjà connu une postérité théâtrale mais qui ici, grâce une foultitude d’images d’archives, trouve une vie, une profondeur, une présence nouvelles que n’entame pas le commentaire lui par Adèle Haenel sur ton neutre, quasi durassien. L’objet produit échappe à la catégorisation : ni adaptation, ni relecture tout à fait, il offre dans sa singularité de patchwork une très judicieuse vision générale d’une histoire collective. Davantage qu’une illustration, ce fragment est en fait une extension : comme une figure fractale portant dans une partie l’image de sa totalité.

Un documentaire Jean-Gabriel Périot (Fr., 1h23) avec Adèle Haenel… (sortie le 30 mars)


À la rigueur

★★☆☆☆ Sonic 2 le film

Adopté par Tom et Maddie, Sonic coule des jours heureux à Green Hills et ambitionne de devenir un héros ; le retour de son ennemi juré Robotnik, secondé par l’échidné Knuckles en quête d’une émeraude magique, lui en donne l’occasion. Pour ce faire, Sonic « le seigneur des anneaux » dispose lui aussi d’un partenaire : le renard Tails.

Toutes proportions gardées, Sonic le film était à Sega ce que Iron Man fut au MCU : une sorte de vaisseau éclaireur, distillant ses atouts (héros emblématique + prises de vues réelles + Jim Carrey) et dessinant les contours d’une franchise (quête + séquence post-génériques explicite appelant une prolongation). Sonic 2 le film le confirme en jouant à la fois l’habituelle carte de la surenchère (ici, davantage de personnages issus de la galaxie vidéoludique, plus de spectaculaire à l’écran) tout en ciblant davantage un public familial avec une suite aussi récréative que bariolée idéale pour les vacances — même si elle ne casse pas six pattes à un hérisson question originalité des arcs dramatiques ou des gags. Plus que le personnage de Sonic, c’est surtout celui de l’antagoniste Robotnik qui bénéficie de cette suite/poursuite, offrant à Jim Carrey de quoi consolider sa sortie de purgatoire en capitalisant sur la nostalgie parentale. Reste une question cruciale : est-ce que Shinobi sortira avant Sonic 3 ?

Un film de Jeff Fowler (É.-U., 2h02) avec Jim Carrey et les voix (V.F.) de Malik Bentalha, Marie-Eugénie Maréchal, Emmanuel Curtil


On peut s’en passer

★☆☆☆☆Vedette

Reine du troupeau et de l’alpage, Vedette la vache a glané tous les prix. Mais voilà que l’âge arrive et pour lui éviter l’humiliation d’être décornée par une ruminante plus gaillarde, la bête est laissée en pension dans le pré jouxtant la maison de vacances des réalisateurs. Chronique d’un voisinage…

Le côté cinéastes de la ville qui s’émeuvent de la rude authenticité de la campagne — check. L’anthropomorphisme à tout crin de l’animal auquel l’on cause philo à l’étable — check. L’image un peu maladroite, sombre, mais bon en même temps, on a dit que c’était authentique et dans la bouse — check. Peut meuh faire !

Un documentaire de Claudine Bories & Patrice Chagnard (Fr., 1h40) (sortie le 30 mars)

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