Thor, La Nuit du 12... les sorties ciné du mercredi 13 juillet 2022

À voir

★★★☆☆ La Nuit du 12 

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La nuit du 12, la jeune Clara est brûlée vive par un inconnu. Chargée de l’enquête, la PJ de Grenoble dissèque la vie privée de la victime, révélant au fil des investigations et des interrogatoires une longue liste de suspects. Mais pas, hélas, le coupable. Ce crime impuni va hanter l’équipe, notamment Yohan, son chef.

Les choses sont clairement posées dès les premières secondes : La Nuit du 12 va raconter une affaire non élucidée, de sa commission à son classement. Et cependant, la mécanique du polar laissera croire à plusieurs reprises à l’interpellation du responsable des faits. L’affaire est d’une telle barbarie et d’un tel sordide qu’il serait obscène de la réduire à un “prétexte“; elle joue néanmoins ici un rôle de déclencheur, de révélateur pour les policiers (et donc, pour les spectateurs) sur la violence systémique exercée par une société majoritairement masculine à l’encontre des femmes. Ainsi, si l’examen de routine de la vie privée de Claire met au jour ses mœurs libres, son entourage y voit une enquête à charge lui attribuant une part de responsabilité dans son assassinat ; elle révèle surtout l’épouvantable manque d’empathie du groupe dans lequel elle évolue. Tout le contraire des flics obsédés pour certains jusqu’à la folie : le personnage de Bouli Lanners, à la limite de virer vengeur symbolique ; celui de Bastien Bouillon prisonnier d’une enquête se bouclant sur elle-même à l’infini, faisant du vélo de piste à ses heures perdues et ne pouvant s’échapper de la cuvette grenobloise — triple cercle vicieux. Avec ses lumières froides d’automne, son ascétisme et sa galerie de monstres ordinaire, La Nuit du 12 fraye plus d’une fois avec les codes du fantastique. Mais il est bien, malheureusement, de la pire essence réaliste.

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de Dominik Moll (Fr., 1h54) avec Bastien Bouillon, Bouli Lanners, Théo Cholbi…


★★★☆☆ Thor: Love And Thunder

Après avoir essuyé l’attaque de Gorr, l’exterminateur de dieux qui a enlevé les enfants de New Asgard, Thor part demander de l’aide à Zeus. Face à son refus, le fis d’Odin mène sa croisade contre Gorr avec Valkyrie, Korg ainsi que son ex Jane Foster qui a récupéré le marteau de Thor, Mjöllnir, et les pouvoirs associés…

La “touche Waititi” est la principale bonne raison de découvrir la cuvée été 2022 du MCU : l’assemblage de grands thèmes tragiques parsemés d’un léger second degré y fonctionne mieux dans ce registre que pour sa précédente comédie, Jojo Rabbit. Le drame originel ici ressemble à s’y méprendre à celui du Dracula de Coppola : la malédiction (et les pouvoirs de Gorr) reposent sur la perte d’un être cher ; perte à laquelle fait écho pour Thor la menace pesant sur Jane Foster, frappée par le cancer. Pour le reste, le décalage est de mise — et c’est tant mieux : il semble qu’on ait atteint un point de non retour dans la surenchère de baston. Thor apparaît de plus en plus comme un gentil benêt héroïque, autant préoccupé par son entreprise de récupération de marmaille asgardienne (confisquée par un Gorr en mode joueur de flûte de Hamelin intergalactique), que par l’envie de renouer avec Mjöllnir… suscitant au passage la jalousie de Jarnbjorn. Badinant entre le marteau et la hache, Hemsworth rappelle Katharine Hepburn minaudant de Cary Grant à James Stewart dans Indiscrétions (1940). 

Mais Waititi se montre encore plus déluré et délirant que dans cet emprunt à la romcom classique : il joue sur une imagerie arc-en-ciel flashy — troquant toutefois les licornes contre des chèvres géantes —, dénude le dieu nordique, sabre totalement les couleurs pour une séquence, et se paie même le luxe de distribuer Matt Damon, Sam Neill ou Luke Hemsworth dans les rôles de Loki, Odin et Thor pour une reconstitution de la saga façon kermesse de fin d’année. Quand on sait que l’autre frère, Liam, était initialement prévu pour interpréter Thor, cela ne manque pas de sel. Plaisamment marteau, donc.

de Taika Waititi (É.-U., 1h59) avec Chris Hemsworth, Natalie Portman, Christian Bale…


★★★☆☆ To Kill the Beast 

Une zone de jungle tropicale, à la limite entre l’Argentine et le Brésil. C’est là que la jeune Emilia arrive, en quête de son frère disparu. Logeant dans la pension de sa tante, elle se laisse gagner par l’envoûtement des lieux et la sensualité d’une locataire, alors que la légende d’une bête monstrueuse rodant dans les alentours  terrorise la population…

C’est un voyage semi-onirique que soumet Agustina San Martín à sa jeune héroïne, pas tout à fait adulte, errant entre ses souvenirs et ses fantasmes dans une zone habitée par une forte présence mystique (ainsi qu’un très fort mysticisme, à la limite de la superstition). À ce titre, le choix pour Emilia d’une comédienne par ailleurs danseuse, n’est pas anodin : Tamara Rocca est quasiment un “modèle”(au sens de Bresson), dont l’effarement juvénile, la grâce native ainsi que, sans doute, la myopie naturelle, sont bien pratiques pour donner davantage qu’un contour au personnage. Le reste repose sur le climat ambiant mystérieux, où le désir semble s’incarner à chaque coin de jungle, et les ressentiments familiaux se cristalliser. Entre violence larvée et passion, on pense aussi à Oncle Boonmee mais en moins abstrait.

De Agustina San Martín (Br.-Arg.-Chi., 1h20) avec Tamara Rocca, Ana Brun, João Miguel…


On s'en contente

★★☆☆☆ Menteur 

Directeur commercial pour un chantier de yachts niçois, Jérôme passe son temps à mentir, enjolivant le moindre aspect de son existence, au grand dam de ses proches. Une soudaine malédiction réalise tous les bobards qu’il a pu proférer dans son existence. Charge à lui de les assumer… et de réparer ses torts.

Stakhanoviste de la comédie française, Olivier Baroux se repose ici à demi en transposant une comédie québécoise homonyme à l’intrigue reposant sur la punition du menteur — ressort aussi vieux que le cinéma (voire la Bible), déjà bien défriché par Pinocchio ou Menteur, Menteur. Ce conte moral pour rire a pour lui des comédiens bien choisis (Artus jamais dans l’excès joue le frère ; Karim Belkhadra et Catherine Hosmalin des parents lunatiques ; Louise Codelfy la belle-sœur et Pauline Clément l’interprète français/russe) ; malheureusement, une distribution seule — fût-elle prestigieuse — ne suffit pas à muscler un film ressemblant à un assemblage de saynètes manquant de liaisons.

Passée l’exposition un tantinet longuette, l’histoire de Jérôme prend forme mais ne trouve rarement le rythme trépidant et l’accélération continue qui lui aurait convenu. Sans mentir, c’est un peu frustrant.

de Olivier Baroux (Fr., 1h35) avec Tarek Boudali, Artus, Pauline Clément…

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