« Apporter davantage de lisibilité à la Fête du Livre »

Interview / A son poste depuis 6 mois, Axelle Redon s’apprête à vivre sa première Fête du Livre en tant que sa commissaire principale. Rencontre, à quelques semaines de l’événement.

Axelle vous êtes commissaire de l’événement de Saint-Etienne depuis 6 mois, qu’est-ce qui vous a conduite jusqu’à ce poste ?

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Je suis née à Roanne, et après des études et des premiers projets professionnels menés à Lyon, j’ai intégré la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles, ndlr) et j’ai décidé de passer le concours de conservateur de bibliothèque, que j’ai réussi. J’ai d’abord eu un poste à Privas, en Ardèche, puis je suis revenue dans la Loire, d’abord au sein du réseau des médiathèques Loire Forez, et ensuite à la direction culturelle de l’agglomération. Il y a trois ans, j’ai été recrutée comme directrice de la bibliothèque municipale classée de Saint-Etienne et de la cinémathèque, et du même coup, du réseau. A ce moment-là, je crois que j’avais envie de retrouver l’opérationnel, et également de me confronter à une problématique culturelle urbaine : l’approche n’est pas du tout la même qu’en agglomération plus rurale.

Vous avez conservé votre poste de directrice des médiathèques de Saint-Etienne, votre fonction de commissaire de la Fête du Livre est devenue pour vous une mission supplémentaire. Qu’est-ce qui vous anime dans ce nouveau challenge et… Comment faîtes-vous pour tenir le rythme, vous devez avoir des semaines bien pleines ?

L’idée d’une continuité me plaisait. La question du chemin à construire, pour faire venir le public aux livres est une question que je trouve extrêmement stimulante, et qui m’anime au quotidien : les deux missions me semblent donc aller de pair. Pour ce qui est du rythme… Les fiches de postes ont changé au sein même de l’équipe organisatrice de la Fête du Livre, et nous travaillons aujourd’hui avec un conseiller littéraire, qui s’appelle Guénaël Boutouillet, dont l’aide est précieuse. Attention, j’insiste : il ne s’agit pas d’un prestataire qui fabrique une programmation, mais bien de quelqu’un qui nous conseille. La programmation reste de notre ressort.

Cette question d’amener les publics à la lecture part du constat que bien des gens aujourd’hui ne lisent pas ou plus, et se sentent éloignés du livre. Et pourtant… La Fête du Livre de Saint-Etienne accueille chaque année des dizaines de milliers de visiteurs. On peut donc supposer que le travail est déjà bien entamé ?

La véritable richesse de cet événement je crois, c’est qu’il est repéré, identifié, et qu'il constitue un temps fort de l’année dans notre ville. Je me souviens d’ailleurs avoir été assez marquée par ça, à mon arrivée à Saint-Etienne. C’est un événement historique, et un vrai moment de fête, ce qui explique pour beaucoup son succès... On souhaite d’ailleurs conserver cet aspect-là. Ce qui est intéressant à travailler pour nous néanmoins, c’est la manière dont l’auteur et le lecteur pourraient arriver à se rencontrer vraiment. Le grand chapiteau permet ça. Les Mots en scène permettent ça. On souhaite aujourd’hui développer davantage ces échanges avec des formats de rencontres renouvelés, conçus justement pour faciliter la disussion.

Dans cet accès à la lecture, on parle aujourd’hui de publics empêchés : beaucoup ont cherché à rétablir les ponts, il s’agit là d’une mission très complexe. Comment allez-vous tenter de répondre à cette problématique, sur la Fête ?

J’ai découvert à mon arrivée que cette Fête était nourrie par de très nombreux partenariats. C’est quelque chose de très important. En nous appuyant sur d’autres structures, qu’elles aient pour objet les métiers du livre, le champ culturel, le champ socio-culturel ou le champ social, nous pourrons aller chercher d’autres publics. C’est par exemple comme cela que nous avons conçu les off de la Fête cette année, organisés comme des rebonds dans différents lieux de la ville.

Dans ce qui va évoluer, vous avez parlé de nouveaux formats de rencontres entre auteurs et lecteurs. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Sous le chapiteau, l’Espace Débat accueillera tout le week-end des formats que nous avons appelés Polaroïd. Il s’agira de rencontres courtes, d’une durée de 30 minutes avec des auteurs qui font la rentrée littéraire et qui viennent présenter leur livre. 
A l’Hôtel-de-Ville, nous aurons les Grands Entretiens, sur la formule 1 heure avec un auteur. 
Le format Dialogue, où il s’agira, comme son nom l’indique, de créer un échange entre deux personnalités unies par une thématique ou un genre littéraire, sur ce qui relie ou distingue leurs livres. 
Et enfin, le format Lecture, d’une durée de 15 minutes, durant lesquelles l’auteur lit quelques passages de son ouvrage avant un petit échange libre avec le public.

On le sent dans ce que vous expliquez : votre mission est finalement aujourd’hui de faire évoluer la Fête tout en conservant ses précieux atouts. Quel a été votre principal axe de travail pour cette première année de mise en œuvre ?

Amener davantage de cohérence dans cette fête généraliste, en rendant les choses peut-être un peu plus lisibles. C’est une année pour poser les bases, en quelque sorte. L’idée est de se saisir de l’événement, et de reconnaître ce qui fonctionne dans l’existant. Saint-Etienne est à mi-chemin entre un festival du livre, et un salon littéraire. Ce que l’on souhaite, c’est renforcer ce juste-milieu, en travaillant la programmation très sérieusement.



Le mot de l’adjoint en charge de la Culture à la Ville de Saint-Etienne, Marc Chassaubéné

« Cette Fête du Livre de Saint-Etienne a ceci de particulier que les gens ont pour elle énormément d’affect. On ne s’en sent jamais exclu. La volonté de la Ville la concernant ne se traduit pas du tout par un objectif chiffré, mais bien par l’envie d’y faire venir des publics qui en sont encore très éloignés. Axelle, de par son travail tout au long de l’année au sein du réseau des médiathèques, est très au fait de ces questions. La Fête est finalement pour elle le prolongement de son travail quotidien. Elle nous a d’ailleurs démontré son savoir-faire en direction des publics empêchés, et en matière d’accessibilité. C’est quelqu’un qui est capable d’avancer en fédérant autour d’elle. Je suis donc persuadé que toutes ces qualités lui permettront de mener à bien la mission que nous lui avons confiée. »

 

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