Octobre : Dans le dur

Un mois de cinéma / Ça va passer ou casser dans les salles en octobre ! Entre la reprise de la fréquentation et celle de l’épidémie, parions sur une victoire du cinéma : la quantité et (surtout) la qualité des films mérite qu’on aille les voir. Et ce, même si la violence est souvent au rendez-vous. Petite sélection.

C’est la saison où se bousculent sur les écrans les lauréats de tous les festivals… et les oubliés des palmarès. Ce n’est pas le cas des Dardenne, rarement absents des honneurs. Tori et Lokita (le 5) les ramène au premier plan avec un drame consacré aux MNA (mineurs non accompagnés) exploités par des passeurs et des trafiquants de drogue. Spoiler : ça se termine plus que mal. Mais la situation politique et sociale est-elle si encline à l’optimisme ? Boudé par le jury cannois, R.M.N. (le 12) de Cristian Mungiu traite lui aussi d’étrangers discriminés : ici, de la main-d’œuvre srilankaise ostracisée par une petite communauté de Transylvanie. Quand l’Homme s’acharne sur plus misérable que lui, et crée des meutes de bourrins xénophobes prêts à soulager leur misère ordinaire en se défoulant sur des étrangers.

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Pas d’étrangers, mais des femmes, victime d’un gérant de bowling se découvrant une “vocation” de serial killer dans le nouveau Patricia Mazuy, Bowling Saturne (le 26). Un polar balançant entre l’écarlate et le noir profond, où il est question de chasse et de gibier, d’autant plus retors que le pervers est traqué (sans qu’aucun des deux ne le sache) par son propre demi-frère, flic et… propriétaire du bowling.

Restons en famille avec Une femme de notre temps (le 5) polar étonnamment chabrolien signé par Jean-Paul Civeyrac, dans lequel une commissaire de police partie surprendre les ébats de son mari adultère se retrouve embringuée dans un meurtre autant qu’elle est piégée par son passé. Un thriller inquiétant, et onirique, dominé par une Sophie Marceau forte de toutes ses faiblesses. Encore une petite dose de tromperies et de manigances (mais matinées d’hystéries) avec Mascarade (le 26) intrigue à tiroirs sur la Riviera dans l’esprit Wilder-Mankiewicz, saupoudrée par Adjani et dirigée Nicolas Bedos, avant de conclure par deux longs métrages à dominante dramatique “inspirés de faits réels“.

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Novembre (le 5) suit sous forme de chronique l’immédiat après “attentats du 13 novembre 2015“ au sein de la DGSE. Cédric Jimenez déploie une maîtrise de l’espace et du temps peu communes dans le cinéma hexagonal et fait de ce sujet brûlant un authentique thriller, sans sensationnalisme ni obscénité. Même pudeur respectueuse chez Olivier Dahan pour Simone, le voyage du siècle (le 12) portrait-biopic de Simone Veil, dans lequel Rebecca Marder, qui interprète la femme politique jeune, emporte tous les suffrages.

De l’espoir, quand même…

Il y a aussi de quoi conserver un peu de soleil à l’âme malgré tout. Même dans Un beau matin (le 5) de Mia Hansen-Løve, narrant notamment la déchéance physique du père de l’héroïne. Mais il s’agit par ailleurs de la reconstruction amoureuse de cette trentenaire, s’achevant sur un horizon dégagé et lumineux — une fois n’est pas coutume. Donnant également foi aux lendemains (qui chantent), Reprise en main (le 19) montre comment une troupe d’ouvriers fauchés mais décidés parvient à reprendre son usine en faisant la nique à un fonds vautour. La première fiction de Gilles Perret est idéaliste, mais on a envie d’y croire.

[Rêve de gosse ayant grandi sans rien lâcher de ses souvenirs de spectateur, Jack Mimoun et les secrets de Val Verde (le 12) est la bonne surprise de et avec Malik Bentalha, une comédie d’aventures réussie farcie d’humour et bien fréquentée (téma le générique !). Et parce qu’il en faut aussi pour le jeune public, terminons sur le nouveau Michel Ocelot, une collection de trois contes animés sobrement baptisée Le Pharaon, le Sauvage et la princesse (le 26) renouant avec ce qui a toujours fait l’originalité et la beauté de son travail.]

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