Fast food nation

Fête du Livre

Centre-ville de Saint-Étienne

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Premier roman / C'est Claire Baglin qui remporte en cette rentrée le traditionnel titre de primo-romancière la plus courue des critiques. Son En Salle, qui décrit les mésaventures d'une jeune "équipière" dans l'enfer du fast-food est effectivement goûtu, mais un peu froid, Et parfois un peu indigeste dans sa gestion d'un récit familial alterné.

Il est des gens, des enfants, pour qui aller au fast-food est un réconfort, un luxe, une fête. Et le fast-food en question un monde merveilleux et fascinant. Jusqu'à ce qu'ils soient amenés à y travailler. Alors les Disneyland du burger se muent en enfer de la malbouffe, du mal-travail et en dernier lieu de la mal-vie.

à lire aussi : « Apporter davantage de lisibilité à la Fête du Livre »

C'est le cas pour l'héroïne d'En Salle qui, ayant postulé dans une célèbre enseigne, traverse tous les cercles de cet enfer, bien définis et hiérarchisés : la salle, les commandes, la terrasse, les frites, le drive sous l'autorité plus ou moins investies des manas, ces démons, et entre deux aboiements d'un cerbère nommé « pointeuse», S'il en restait là, En Salle s'inscrirait dans la tradition des journaux ouvriers écrits à même l'établi, sur un coin de ligne de production, pour disséquer l'aliénation (moyennement) cachée derrière chaque tâche répétitive, et soupeser la notion de pénibilité au carré. 

McJob

Mais En Salle comporte une deuxième couche de récit, en alternance frénétique de la première, faite de retours sur l'enfance de la narratrice dans un milieu populaire, du genre de ceux pour lesquels le Président Macron a crû bon un jour d'inventer l'expression « les gens qui ne sont rien », ou pas grand-chose : père ouvrier, vacances sous une toile de tente et restauration rapide en guise de climax événementiel familial.

à lire aussi : Mangamania

C'est cette alternance de récits qui fait tout le sel d'En Salle, qui dresse le parallèle entre la condition ouvrière du père et le McJob – l'expression a été popularisée par l'écrivain canadien Douglas Coupland dans Generation X – de la fille. Manière de montrer que l'aliénation se nourrit aussi de reproduction. Le roman retranscrit ainsi à merveille, si l'on peut dire, et c'est déjà une force, la déshumanisation au travail dans les McJob dont le managériat absurde et robotique a fini par contaminer l'ensemble de la société. 

En dédicaces vendredi après midi et samedi matin sur le stand H4 de la fête du Livre (Chapiteau de l'Hôtel-de-Ville). Retrouvez l'interview de Claire Baglin par Le Petit Bulletin vendredi 14 octobre à 14h à l'espace débat du chapiteau de l'Hôtel-de-Ville et en Facebook live, sur la page du Petit Bulletin.

 

 

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Lundi 5 décembre 2022 Le premier fils, Dimitri, impétueux, sanguin et violent, est le rival de son père, entiché de la même femme que lui. Le second, Ivan, cynique intellectuel athée (...)
Mardi 26 avril 2022 De confinements en couvre-feux, la pandémie aurait presque fait oublier qu’un festival de musiques est avant tout un temps de convivialité partagée, entre amis, dans une foule de mélomanes raisonnablement...
Mardi 26 avril 2022 D’un point d’ancrage à un autre, l’artiste stéphanois porte en lui l’errance joyeuse de ceux qui savent accueillir la vie. Des sens en éveil, une gamberge qui va loin quitte à prendre son temps : portrait d’un poète en quête d’infini.  
Mardi 26 avril 2022 Comme chaque mois, le Méliès Saint-François vous convie à sa grande soirée Quiz, dédiée cette fois-ci (...)
Mardi 26 avril 2022 Voici une belle promesse que nous fait l'Opéra de Saint-Etienne. Tout le monde connaît l'histoire de Lancelot, chevalier de la Table (...)
Mardi 26 avril 2022 Fatigue passagère et moral dans les chaussettes ? La rédaction du Petit Bulletin est là pour prendre soin de ses lecteurs, avec un traitement imparable : les concerts. Et quoi de mieux que le Paroles & Musiques pour se...
Mardi 26 avril 2022 Plus on progresse, plus on se fait du mal et plus on se tue, à petit feu. Avec Bienvenue dans l’espèce humaine, Benoît (...)
Mardi 26 avril 2022 Gerard Watkins revisite le chef-d’œuvre shakespearien à travers le prisme des sixties : pantalons pattes (...)
Mardi 26 avril 2022 Hugo, 23 ans, étudiant en sciences humaines, oscille entre ses origines algériennes et françaises. Lorsque sa mère le (...)
Mercredi 13 avril 2022 Direction le restaurant de la Cité du Design pour un menu du jour digne d’une bonne brasserie avec une vue sur un jardin d’hiver étonnant.
Mercredi 6 avril 2022 Le thème : Bifurcations. La promesse : quatre mois de grande fête autour du design, à laquelle tous les Stéphanois pourraient prendre part. Les questions : la biennale Design sera-t-elle accessible à tous les publics, suffisamment...
Mercredi 6 avril 2022 Troupe amateure mais aussi qualitative que les pros, la LISA organise dès dimanche sa semaine de l’impro, avec au menu, différentes formules… Et pas mal de rigolade.
Mercredi 6 avril 2022 Envie de bamboche, d’une ambiance festive, et de gros son ? Check la liste des soirées qui arrivent, et prépare ton agenda (et ta tenue de gala) : ça sent la grosse bringue.
Mardi 29 mars 2022 Par Sibylle Brunel. Quand les petites bêtises entrainent les grosses, il est difficile de prouver que l’on peut encore répondre à la norme. A-t-on seulement (...)
Mardi 29 mars 2022 Des dernières Biennales Design stéphanoises aux salons du Conseil de l’Union Européenne à Bruxelles, la créatrice textile Jeanne Goutelle marque peu à peu de son empreinte colorée et responsable une œuvre où le réemploi de tissus industriels permet...
Mardi 29 mars 2022 Durant les quatre mois qui vont suivre, la Biennale Design de Saint-Étienne nous invite à « bifurquer ». Envisager la société telle qu’elle est, l’envisager ensuite telle que l’on aimerait qu’elle soit… Puis envisager les chemins possibles...
Mardi 29 mars 2022 Notre civilisation s’effondre, tous les scientifiques le disent. Oui mais alors… Que faire ? Vaste sujet, pourvu que l’on (...)
Mardi 29 mars 2022 Et si la décolonisation n’avait été qu’une succession d’échecs dont on voit et paie encore les pots (...)

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X