Les films sortis en salles la semaine du 26 octobre 2022

À voir

★★★☆☆ Bowling Saturne 

Plutôt que de vendre le bowling hérité de son père, un flic en confie la gérance à son demi-frère en galère. Dans ces lieux hantés et fréquentés par des chasseurs, ce dernier va se découvrir une “vocation” de serial killer, semant des cadavres sur lesquels son frère va, ironiquement, devoir enquêter…

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À l’enseigne de Saturne (ou Cronos), ce bowling dévorant réellement ses enfants permet à Patricia Mazuy de prolonger son voyage dans le polar. Balançant entre l’écarlate — celui du décor, de la chasse aux gibiers — et le noir profond — de la nuit et des âmes tourmentées —, Bowling Saturne est une histoire retorse sous l’emprise de l’invisible et du fatum : ne manquent que des Moires (puisqu’on trouve déjà une sorte de Cerbère) pour parfaire son vénéneux visage de tragédie grecque. L’opposition entre les deux rejetons du patriarche défunt fonctionne d’autant mieux qu’ils sont, sans se ressembler, assez similaires dans leurs obsessions respectives. Il y a du Polanski dans leur demeure maudite et une crudité sans atours dans la représentation de la violence bestiale. Souligons pour finir le superbe boulot à l’image de Simon Beaufils sublimant les nuits blafardes baignées de lumières artificielles, mais aussi la présence d’une trouvaille insensée : l’artiste polyvalente Y-Lan Lucas, convoitée ici par les deux frères.

De Patricia Mazuy (Fr.,   int.-16ans, 1h54) avec Arieh Worthalter, Achille Reggiani, Y-Lan Lucas…


À la rigueur

★★☆☆☆ Mascarade 

La Côte d’Azur. Une star de cinéma sur le retour s’offre les services d’un jeune écrivaillon — moins pour sa plume que pour le plumard. Mais il la trompe avec la maîtresse d’un agent immobilier, experte dans l’art de dépouiller les gogos. Tout cela finira mal. D’ailleurs, l’histoire commence par la fin (et fort mal)…

Avec son intrigue à tiroirs faite de tromperies et de manigances mâtinées d’hystérie, Nicolas Bedos se place explicitement sous l’égide d’un cinéma aussi prestigieux que son décor azuréen, puissant générateur de cartes postales luxueuses. Campant l’ombre d’une immense vedette, Isabelle Adjani évoque ainsi la Gloria Swanson du Sunset Boulevard de Billy Wilder que viendrait percuter la Eve de Mankiewicz dans une frénésie contemporaine plus proche de l’univers d’Almodóvar. À la distribution magnifiquement composée, on opposera quelques bémols : le regret que la critique de cette classe aisée hors sol ne soit pas davantage corrosive, et puis une longueur présentant le risque que l’on se perde un peu trop dans des ramifications superfétatoires. Trop de tiroirs nuisent parfois aux tiroirs.

De Nicolas Bedos (Fr. 2h14) avec Pierre Niney, Isabelle Adjani, François Cluzet…


★★☆☆☆ Close 

Amis et voisins, Léo et Rémi sont deux ados quasi frères, passant tout leur temps ensemble et dormant volontiers l’un chez l’autre. Le passage au collège va provoquer une cassure dans leur relation fusionnelle, et causer un drame irréversible dont Léo va porter la culpabilité…

Si Girl avait tant frappé et séduit par son originalité, Close apparaît quelque peu éventé en suivant cette rupture d’une amitié particulière. D’une part parce que Lukas Dhont reste dans sa “zone de confort” en traitant du malaise d’adolescents affirmant une identité différente de celle de la majorité de leurs camarades (et de leurs difficultés subséquentes) ; de l’autre parce que l’école/la cour de récréation comme lieu d’arbitrage social et de trahison vient de servir de décor au magnifique Un monde signé par sa compatriote Laura Wandel. Et qu’une histoire de deuil voisine entre deux familles contiguës a été également abordée récemment dans Duelles du Belge Olivier Masset-Depasse. Restent ici de très belles images aux couleurs douces ainsi qu’une une caméra aérienne, tranchant avec le drame ambiant, dans l’attente de la délivrance.

De Lukas Dhont (Bel.- Fr.-P.-B.) avec Eden Dambrine,  Gustav De Waele,  Emilie Dequenne… 


On peut s’en passer

★☆☆☆☆ Les Repentis 

2000. Le politicien Juan Maria Jauregui est assassiné par un commando de l’ETA. Une dizaine d’années plus tard, l’un des membres du funeste escadron, qui a rompu ses liens avec le groupe terroriste, demande à rencontrer Maixabel Lama, veuve de Jauregui et figure de la réconciliation nationale…

Exemple typique de cinéma politico-historique à usage interne, Les Repentis ne s’embarrasse pas trop de détails contextualisant les “forces” en présence (révisez auparavant le chapitre sur l’ETA et le GAL pour ne pas être perdu), préférant sculpter la statue de Maixabel — c’est d’ailleurs le titre original du film — avec une bienveillante dévotion, au nom de la réconciliation, de la concorde, de la résilience etc. Après le biopic Yuli  (son avant-dernier fil), Icíar Bollaín semble apprécier le registre du cinéma pompier plein de grands sentiments. Mouais. Pour éprouver de manière plus tangible la réalité crue du terrorisme espagnol de cette époque (c’est-à-dire sans enrobage émollient ni formatage de téléfilm) on reverra plutôt avec profit les œuvres de Jaime Rosales La Soledad (2007) et Un tir dans la tête (2008).

De Icíar Bollaín (Esp., 1h56) avec Blanca Portillo, Luis Tosar, Urko Olazabal…

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