A voir en salles le 4 janvier 2023

À voir

★★★☆☆ Nostalgia

Quarante ans après avoir quitté Naples afin d’éviter les conséquences d’une grosse bêtise, Felice y revient dans l’espoir de faire la paix avec son passé. Pris dans un jeu de cache-cache entre mafieux (d’hier et d’aujourd’hui) et l’escadron du prêtre qui les combat, Felice cherche sa place. Mais y a-t-il un juste milieu ?

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Copyright 2022 Picomedia – Mad Entertainment – Medusa Film –Rosebud Entertainment Pictures

Depuis La Mort d’un mathématicien napolitain (1992), Mario Martone semble avoir voué sa carrière cinématographique à dépeindre toutes les faces et facettes de sa ville — sans complaisance ni angélisme — à travers les portraits de ceux qui lui donnent vie et âme. Comme son titre programmatique le laisse deviner, Nostalgia est l’un des plus émouvants, parce que ses longues déambulations d’homme mûr sur le point d’enterrer sa mère se mêlent aux flash-backs montrant ses “exploits“ de jeunesse dans la cité inchangée : les humains passent, mais les pierres demeurent. À l’image des rancunes, qui s’enveniment même avec le temps. En faisant durer ses errances, en montrant l’indécision d’un Felice croyant naïvement qu’il peut être absout de ses fautes et l’indicible et grandissant attachement ressenti pour sa ville, Martone parvient à capturer ce sentiment diffus et évanescent de nostalgie, dont l’expression se dispense de paroles. D’où l’importance de l’interprète, en l’occurrence le très physique Pierfrancesco Favino, capable comme Depardieu d’un jeu puissamment introspectif.

De Mario Martone (It., 1h57) avec Pierfrancesco Favino, Tommaso Ragno, Francesco Di Leva…


★★★☆☆Cet été-là 

Dune a 11 ans, une caméra qu’elle ne quitte jamais et roule en famille vers les Landes comme chaque été — sauf celui de l’an dernier. Sur place, l’ambiance est étrange : ses parents se chamaillent, les ados du coin l’intriguent, sa meilleure copine l’énerve. Dune a la vague impression que des secrets flottent en tout sens…

Traitant (notamment) de jeunes ados en vacances hantés par différentes craintes et découvertes, inspiré d’une BD canadienne mais se déroulant en France, Cet été-là  peut d’une certaine manière se voir comme le symétrique géographique du Falcon Lake de Charlotte Le Bon. Il rappelle aussi par moments L’Effrontée pour sa mise à la hauteur de l’héroïne au moment où celle-ci traverse un état de questionnement et d’inconfort. Tout semble d’ailleurs accroître le malaise sous-jacent, du ciel laiteux dont on devine la pesanteur au relations électriques entre les personnages : chez Dune, les hormones travaillent autant que les méninges. Car elle sait qu’il y a quelque part un secret enfoui dont elle possède la clef, dont la révélation lui permettra d’entrer pleinement dans le royaume des adultes. Très métaphorique, ce film cristallise tout autant le deuil que la naissance en évoquant avec beaucoup de tact une étape de la vie pas forcément facile à traverser pour les ados. Et une autre, plus tragique, pour les adultes.

De Eric Lartigau (Fr., 1h39) avec Rose Pou Pellicer, Juliette Havelange, Marina Foïs…


★★★☆☆Les Survivants 

Veuf et dépressif après la mort de son épouse dans un accident d’auto, Samuel se rend dans son chalet en Italie pour s’isoler. Durant la nuit, une réfugiée afghane frigorifiée fait irruption et lui demande de l’aide pour franchir la frontière. D’abord réticent, Samuel va l’aider au péril de sa vie : ils sont coursés par des identitaires…

Premier long d’un jeune cinéaste ayant fourbi ses armes dans une série (36 15 Monique), Les Survivants s’empare du sujet — hélas — guère original des traversées périlleuses de migrants auquel il impose une ambiance de western glacé (les chasseurs de primes sont ici remplacés par les fachos auto-proclamés garde-frontières). Certes, le couple Ménochet/Zar Amir Ebrahimi fonctionne mais on ne peut que déplorer l’issue prévisible et une collection d’invraissemblances qui rendent l’histoire peu crédible — la première étant que le massif Samuel, à peine remis de son accident qui l’a blessé au genou et laissé boiteux, puisse crapahuter sans peine dans 1m de neige. À mettre au crédit de Renusson, deux spectaculaires séquences magistralement réalisées, qui laissent entrevoir ce qu’il pourrait réserver dans le domaine du thriller. À suivre à la trace…

De Guillaume Renusson (Fr., 1h34) Avec Denis Ménochet, Zar Amir Ebrahimi, Victoire Du Bois…


★★★☆☆Tirailleurs 

1917. Berger africain, Bakary s’engage dans l’armée pour protéger son fils Thierno enrôlé de force dans un bataillon de tirailleurs sénégalais. Mais sur le front, le jeune homme prend du galon et l’ascendant sur son géniteur qui se démène (en vain) pour leur trouver des places plus sûres à l’arrière…

Attention, divulgâchage — mais tout le monde sait déjà qu’il s’agit du point de départ de la réflexion de Mathieu Vadepied — : et si le Soldat inconnu avait été un tirailleur, donc un homme à la peau noire ? Telle est l’image de fin de Tirailleurs, restait à inventer un parcours de combattant arraché à sa terre pour défendre la “Mère Patrie”. L’intérêt réside ici surtout dans la mise en lumière du sort de ces malheureux Français-chair-à-canon venus de différentes peuplades et ethnies africaines, ne parlant pas les mêmes langues ou dialectes et récréant au sein des bataillons leur micro-société avec ses règles propres. Il aura fallu un siècle pour que le cinéma de fiction s’intéresse réellement à eux, alors que leur image (après leur sang) a été ô combien récupérée par les publicitaires pour vendre du cacao en poudre. Tout le reste (le quotidien des tranchées, la hiérarchie timbrée etc.) a été vu par ailleurs.

De Mathieu Vadepied (Fr.-Sen., 1h40) avec Omar Sy, Alassane Diong, Jonas Bloquet…

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